Le village blanc le plus arty d’Andalousie
Riche de ses maisons blanchies à la chaux, précieuse de par ses ruelles escarpées dissimulant de nombreux trésors, cette perle immaculée, perchée sur la Costa del Sol, a tous les arguments pour convaincre. Ce village certifié «ensemble historique-artistique» depuis 1969 est devenu les dernières décennies l’une des destinations touristiques les plus en vogue. Avec ses églises et chapelles, ses patios typiques, ses vues panoramiques sur la mer et la montagne et ses nombreux sites historiques, Mijas Pueblo prend des allures d’immuables tableaux aux allures de mirage et aux couleurs éclatantes. Esprit Sud Magazine vous propose une multitude d’informations pour profiter de manière optimale de tous ses atouts.
Un jardin japonais avec des vues spectaculaires
Notre première étape est le Mirador del Compás. Il s’agit de l’un des lieux les plus emblématiques du village blanc. On y découvre un petit jardin japonais aménagé sur une petite place ombragée donnant accès à des vues extraordinaires sur la Mer Méditerranée et sur la ville de Fuengirola. Depuis 2013, plantes exotiques et fontaines créent l’écrin parfait à ce belvédère menant au petit Ermitage de la Vierge de la Peña. Celui-ci a été creusé dans la roche au début du XVIIème siècle par des moines carmélites. Les délicieux parfums du lys et de la rose embaument ce lieu de culte si particulier où l’on ne retrouve que 6 petits bancs dorés au charme désuet et un petit autel où trône la Sainte Patronne du village, la Vierge de la Peña. Elle est célébrée le 8 septembre lors des fêtes du village, les ferias. La dévotion à la Vierge du Rocher a pénétré profondément les âmes des villageois et leurs offrandes et témoignages d’admiration se retrouvent en nombre à l’entrée de la chapelle « troglodyte».
Les burros-taxis, une tradition qui remonte aux années 60
Depuis l’explosion du tourisme, ils sont devenus l’un des symboles du village blanc. Les premiers visiteurs étrangers découvrant le village ont observé les villageois se déplaçant à dos d’âne ou effectuant une multitude de tâches avec ces animaux. Ils prirent ces animaux et les locaux en photographie et l’idée d’en faire une attraction touristique a germé dans l’esprit des villageois. Ils sont devenus une véritable attraction locale et depuis le milieu des années soixante, prendre un burro-taxi pour découvrir le village est une tradition et une manière originale d’arpenter les rues et ruelles blanches de cette perle. Vous les trouverez face à l’office du tourisme et face à la Plaza Virgen de la Peña.
La roulotte de Max, un écrin renfermant de minuscules trésors
Quittons le lieu où se reposent et où vous attendent les ânes et le superbe point de vue du mirador et arpentons maintenant la rue qui grimpe vers le cœur névralgique du village blanc. On découvre tout d’abord un ancien moulin à farine mais aussi une roulotte jaune qui contraste avec la blancheur des maisons du village, peintes à la chaux.
Ce lieu étrange abrite un curieux musée qui vaut véritablement le détour. Une originale collection de miniatures est enfermée dans cet endroit hors du commun. Le Carromato de Max vient de fêter son demi-siècle. Franchissons la porte de ce petit musée qui séduit les petits comme les grands. Le responsable des lieux nous dévoile les secrets de cet endroit hors du commun et nous donne accès aux archives privées du musée. Nous nous plongeons dans le passé et découvrons de nombreuses anecdotes.
Le musée est l’un des plus curieux au monde. Il regroupe la collection du professeur Max. De son vrai nom Juan Elegido Millán, ce médecin, hypnotiseur, explorateur, prestidigitateur, journaliste (pour l’ancien quotidien “El Debate”), magicien (j’en passe et des meilleurs), a parcouru le monde entier. Il quitte son village de naissance de Brihuega (Guadalajara) pour parcourir le monde. Il a l’ingénieuse idée d’accumuler une collection invraisemblable d’objets provenant de plus de 50 pays qu’il transporte dans une seule et grande valise.
Des cure-dents sculptés, un grain de riz sur lequel est reproduit “La Dernière Cène” de Leonardo Da Vinci, une aiguille dont la tête est couverte du portrait d’Abraham Lincoln, c’est une collection riche de 360 pièces ô combien originales qui vous y attend. En réalité, ce sont plus de 30.000 pièces qu’il a amassées mais une sélection fut réalisée pour rendre le voyage au sein de la roulotte le plus magique et facile possible. On peut dire que le charme opère et on s’extasie devant ce petit cabinet de curiosités qui figure au Guinness Book des Records. Sachez également qu’une partie des recettes est versée à l’Association Afesol, venant en aide aux familles de personnes souffrant de maladies mentales (schizophrénie, bipolarité,...). Alors, n’hésitez pas lors de votre prochaine visite au village blanc de pousser les portes de ce musée si original.
Retrouvez plus de détails sur l’histoire de cet étonnant musée et sur le parcours de ce personnage farfelu qu’était Max sur notre article Musée des miniatures à Mijas Pueblo. D’un point de vue pratique, le musée est ouvert tous les jours de 10h00 à 20h00. Le prix général d’entrée est fixé à 3€ et à 1,50€ pour les groupes, enfants ou retraités. http://www.carromatodemijas.org
Face à la roulotte, découvrez également une statue rendant hommage aux « pastorales », ces groupes musicaux associés aux danses champêtres. Pour plus d’information sur ces traditionnels artistes musiciens, plongez-vous dans l’article suivant Connaissez-vous cette statue du village de Mijas Pueblo ?
Nous retrouvons aussi face au musée, l’arrêt des « Tuk Tuk Taxis ». Cette manière alternative et éco-friendly de découvrir le village en véhicule électrique existe depuis 2015. Une route de 8 kilomètres (soit un tour de 35 minutes) vous est proposée.
Suivre la muraille vers d’autres trésors
Prenons la direction de la Place de La Constitution. Nous accédons à la jolie place qui est située dans la partie basse de « La Muralla ». On remarque immédiatement la fontaine qui trône en son centre. Au-delà de sa beauté, elle évoque surtout un épisode tragique du village. Le 2 novembre 1884, des trompes d’eau tombèrent sur la montagne, conduisant à un torrent qui coûta la vie à de nombreux habitants (et animaux). Le courant déchaîné détruisit la quasi-totalité des habitations du village. La fontaine en marbre blanc fut taillée dans les roches traînées par cette crue et invite au souvenir. Au fond de la place fleurie, deux alternatives s’offrent à vous.
A droite tout d’abord, on découvre l’une des plus emblématiques rues de Mijas Pueblo, la Calle Muros. C’est le « spot » selfie le plus emblématique de la ville. Sur la droite de celle-ci, l’arche de « La Puente » apparaît dans la Calle Fuente del Agarrobo. Historiquement, il s’agit de l’une des premières portes d’entrée au village. On retrouve les premières traces de ce passage dans des écrits datant de 1780. Vous l’ignorez peut-être mais la célèbre pâte à tartiner a sélectionné ce lieu ravissant pour le faire figurer sur ses pots. Des bocaux à l’effigie de la Calle Muros inondent les supermarchés depuis près d’un an. Il s’agit d’une initiative de la marque visant à promouvoir des lieux touristiques de la péninsule ibérique.
A gauche enfin, nous rejoignons deux lieux symboliques du village, la place des taureaux et l’Église de l’Immaculée Conception. Les Arènes de Mijas, construites en 1900, n’ont pas amené avec leur construction la tauromachie dans le village. Des activités avec les taureaux avaient déjà lieu dans les rues et ruelles du village dès le XVIIIème siècle. Enclavée dans la roche et encerclée en partie par la muraille, cette enceinte surprend par sa petite taille mais aussi par sa forme ovale, ce qui la rend originale et unique. Miguel Camarita, Palomo Linares, El Niño de la Capea ou Paquirri, les plus grands toréadors ont foulé son sable albero. L’année 2019 a vu les dernières corridas du village s’y dérouler (s’y tenaient uniquement celles de « novillos », des taureaux âgés de deux à trois ans). C’était une place difficile de par sa petite taille, les toreros devaient redoubler de vigilance. Annexée aux arènes, une petite maison « mijeña » abrite un intéressant musée taurin où l’on retrouve des costumes de lumières (« trajes de luz », que l’on devrait plutôt traduire par costumes à paillettes ), des affiches, des photographies et d’autres objets en lien avec la tauromachie. Ce musée qui est ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30 vaut le détour. Il vous coûtera 3 euros pour y entrer.
A la sortie des arènes, nous apercevons le clocher fortifié de l’Église de l’Immaculée Conception. Francisco, le curé nous fait le plaisir de nous servir de guide au sein de sa paroisse appartenant au diocèse de Malaga où il officie depuis plus de 26 ans. Il nous révèle que les premières pierres de cette église furent posées bien après la chasse des musulmans et de la prise de possession du territoire par les catholiques. Le village est resté à l’abandon pendant quelques décennies. A la moitié du XVIème siècle, l’évêque Bernando Manrique fut à l’initiative de la construction de ce temple religieux au départ des ruines de l’ancienne mosquée et d’un ancien château fortifié. L’église fut finalement consacrée le 1er septembre 1631. Son massif clocher quadrangulaire impressionne. Il servait à l’époque de tour de guet et offrait refuge aux habitants du village lors des attaques de barbares et autres Ottomans. D’éminents chercheurs comme Carlos Gozálbes Cravioto réfutent qu’elle fut construite sur les ruines d’un ancien lieu sacré musulman mais plutôt qu’il s’agit d’une construction totalement nouvelle adossée à la tour de l’ancien alcazar. Début des années 2010, d’impressionnantes fouilles et recherches ont été effectuées dans les sous-sols du temple renfermant trois cryptes afin de confirmer cette thèse. A l’intérieur de l’église, composée de trois nefs, on apprécie les huit fresques de personnages sacrés datant de la période baroque du XVIIème siècle (notamment Saint-André, Saint-Pierre ou Saint-Jean). On y découvre aussi différentes chapelles dont une flamboyante vouée à la Vierge du Rosaire (« Virgen del Rosario »). Notre regard est aussi attiré par le très beau «Santisimo Cristo Resucitado» (Saint Christ Ressuscité), une figure qui sort du temple, lors d'une procession le dimanche de la Résurrection. Le curé Francisco nous rappelle la légende de la Vierge de la Tour et nous lui demandons d’accéder au beffroi fortifié, interdit au public. Il nous signale que cela fait très longtemps que personne n’y est monté mais il sort de sa poche la précieuse clé donnant accès à l’imposante et mystérieuse tour. Nous y grimpons et empruntons les étroits escaliers en colimaçon. Un premier niveau suivi d’un second nous offrent des vues imprenables sur les arènes et sur le village. Nous n’y croisons ni la Vierge, ni l’Enfant Jésus mais la lumière qui inonde l’intérieur du clocher a un éclat divin. Nous redescendons prudemment et remercions Francisco pour ses explications et pour nous avoir donné accès à ce lieu si symbolique du village.
Avant de quitter la partie supérieure de la muraille, nous nous promenons dans le petit parc aménagé sur un impressionnant mirador. Nous suivons cette petite « route botanique » qui longe la muraille de protection du village, tentons de reconnaître les plantes que nous croisons et profitons de la fraîcheur du lieu ombragé. Il est temps maintenant d’explorer d’autres trésors que renferme le cœur de Mijas Pueblo, d’ailleurs Alejandro Jaime Núñez, un enfant du village nous attend. Il va partager avec nous sa passion pour la photographie. Nous entrons dans la charmante rue de los Caños où de nombreux artisans ont élu domicile. Les céramiques et le cuir ont la cote à Mijas Pueblo. En plein cœur du village, à quelques mètres du charmant Ermitage de Saint Sébastien, nous rencontrons Alejandro. Il nous accueille dans sa très belle galerie « FOTO ART ». Nous sommes immédiatement subjugués par les multiples clichés qui inondent l’intérieur de son atelier-boutique. Dans la galerie, Alejandro nous invite au voyage et nous emmène en Tanzanie, en Birmanie ou en Inde. Un régal pour les yeux, nous sommes emportés par les sublimes clichés. Dans les traces de son père, le jeune photographe a trouvé sa voie. Retrouvez notre interview de l’artiste Alejandro Jaime Núñez dans notre article Un tour du monde dans la galerie « Foto Art » de Mijas Pueblo, il est en bas !
Pour les amateurs d’art, un musée exceptionnel !
Nous quittons la galerie d’Alejandro pour rejoindre Francisco Javier Fructuoso, le responsable du Musée CAC (Contempory Art Museum). Ce lieu culturel renferme en ses murs un véritable trésor, géré par la Fondation Remedios Medina. Il dispose d’une réserve de plus de 700 œuvres d’artistes renommés parmi lesquels deux des grands maîtres de la péninsule ibérique, à savoir l’enfant de Malaga, Pablo Ruiz Picasso et le roi du surréalisme, Salvador Dali. Nous entrons tout d’abord dans la salle située au rez-de-chaussée entièrement consacrée à Picasso. Cette exposition permanente regroupe une cinquantaine d’œuvres du génie. On y retrouve des céramiques (il s’agit de la seconde collection la plus importante de l’artiste au monde par le nombre de pièces et leur grande qualité nous rappelle Francisco Javier), des dessins, des peintures et d’autres magnifiques réalisations.
Nous passons ensuite au premier étage et découvrons la grande salle dédiée aux œuvres de plusieurs artistes. Cette exposition est temporaire et sert d’écrin aux travaux de nouveaux peintres et sculpteurs émergents qui côtoient les Braque et autres Miró.
Enfin, une troisième et dernière salle est consacrée au monstre du surréalisme, Salvador Dali. On y retrouve dessins, peintures et sculptures signés par l’artiste aux impressionnantes moustaches.
Le CAC de Mijas vous attend donc tous les jours de 10h30 à 14h00 sauf le dimanche.
Le prix de l’entrée est fixé à 3€ et pour les personnes à mobilité réduite, l’accès au premier étage est rendu possible grâce à un ascenseur. N’hésitez pas à vous arrêter au petit magasin situé à l’entrée du musée. On y découvre de jolies créations d’artistes locaux et de beaux objets en rapport avec l’art. retrouvez également notre article Le Centre d’Art Contemporain de Mijas Pueblo.
C.A.C. Museum, Calle Málaga, n°28 à Mijas. Téléphone: 0034 952 59 04 42 www. cacmijas.info
Nous quittons donc cet endroit culturel incontournable du village blanc dont la collection d’œuvres nous laisse sans voix. Il est l’heure de dire au revoir à Mijas Pueblo et à ses sympathiques habitants. Ce n’est pas un adieu, nous reviendrons très vite à Mijas pour y contempler ses nombreux trésors. Mais alors que l’on se prépare à prendre la route une musique de flamenco nous attire sur la place principale du village. En effet, tous les mercredis et les samedis, les visiteurs peuvent vivre une expérience «Flamenco » gratuite à Mijas. Nous découvrons avec joie l’impressionnante performance haute en couleur de José Lucena et de sa troupe composée de Lucia, Raquel et Nicolas. En osmose avec un public conquis, les artistes partagent avec les spectateurs leur passion pour cet art et les invitent à les rejoindre sur scène pour des danses endiablées pendant un spectacle de près d’une heure. Il est l’heure de partir avec un cœur rempli d’amour et la tête pleine de souvenirs…