De manière générale, les relations sociales jouent un rôle essentiel dans la vie. Nous sommes naturellement des êtres sociaux et pour nourrir notre esprit afin de nous « connecter », nous avons besoin d’interactions humaines. Au sein de notre famille, avec nos amis, nos collègues ou même avec des inconnus, le développement des relations sociales saines et le maintien de celles-ci, sont importants pour notre bien-être, notre épanouissement et notre équilibre tant mental qu’émotionnel. Quand nous tissons des liens avec les autres, nous partageons des expériences, des émotions qui nous permettent de nous sentir intégrés, soutenus et appréciés. Nous nous sentons exister et renforçons notre estime de nous-même. Expatriés, nos amitiés contribuent à nous créer une identité dans un nouveau cadre et favorisent notre sentiment d’appartenance à une « communauté nouvelle».
En tant que psychothérapeute installée en Andalousie, je constate combien ces relations sont primordiales dans la vie des expatriés. Lorsque l’on déménage dans un nouveau pays, on fait face à de nombreux défis. Le sentiment de déracinement, accentué par la perte des repères familiers, peut engendrer une profonde solitude. La complexité de certaines démarches administratives, la barrière de la langue, les différences culturelles et surtout l’éloignement des proches peuvent conduire à une certaine forme d’insécurité. Dans ce contexte, l’amitié devient une véritable bouée de sauvetage, une ancre dans la tempête.
Dans tous les pays du monde, existe une communauté d’expatriés qui joue un rôle capital dans la capacité d’adaptation de chacun, les liens s’y tissent souvent spontanément, facilement. On se retrouve la plupart du temps selon notre langue d’origine, nos habitudes et notre culture. Pour beaucoup, ces regroupements répondent tout d’abord à un besoin de conseils pratiques et de soutien mutuel. Ensuite, ils apportent de la sécurité affective. Les points communs permettent de nouer des amitiés non seulement assez rapidement mais aussi de manière souvent intense car chacun cherche à recréer un réseau sensiblement similaire à celui qu’il a laissé derrière lui. Cet aspect fusionnel des liens implique parfois de grosses déceptions et l’expatriation, bien que propice aux rencontres, peut être ponctuée de difficultés.
Avec le temps on prend pleinement conscience d’une chose concernant l’amitié. En effet, on ne se rencontre pas de la même manière aux différents âges de la vie. Si l’expatriation offre de belles opportunités de rencontres, force est de constater que l’on n’investit pas tous les relations avec la même énergie, le même entrain. Les attentes ne sont pas les mêmes selon notre composition familiale, que nous arrivions enfants, ados, en couple ou pas, parents ou non... Il existe diverses formes d'amitié qui se distinguent les unes des autres par leurs enjeux et par leurs rites, par la façon dont elles se forgent à un instant T de notre existence.
S’intégrer socialement ou amicalement dans un nouvel environnement ne va donc pas toujours de soi. Selon de nombreux témoignages, l’amitié en expatriation a cela de particulier qu’elle est connotée d’une forme d’impermanence qui engendre bon nombre de questionnements. Il arrive que ces interrogations brident l’élan nécessaire à l’ouverture aux autres. Certaines familles sans cesse en déplacement voient leurs liens comme des connexions « à durée déterminée » inévitablement. Elles montrent alors de la retenue à s’engager pleinement dans ces relations qu’elles pensent éphémères. Jeunes travailleurs, « digital nomades », ceux enclins aux mouvements géographiques réguliers ont parfois également cette tendance à vouloir se protéger de l’impact des ruptures se sachant toujours « de passage ». On constate aussi ces modes de fonctionnement chez certains adolescents pour lesquels l’adaptation à cette période de la vie peut être compliquée et qu’il sera crucial d’éclairer sur la richesse de l’expérience humaine et de l’ouverture au monde.
En Espagne et en particulier en Andalousie, célibataires et jeunes couples semblent accéder très naturellement à des lieux de rassemblement, autour de la fête ou autour du sport... Ils vivent la plupart du temps dans les hypercentres et bénéficient de la proximité de tous les lieux de convivialité. Personnalités extraverties ou au contraire plus réservées trouveront comment palier à la solitude des débuts ! Ils peuvent notamment se connecter sur les réseaux sociaux où les groupes d’expatriés facilitent beaucoup les échanges et où sont proposés des rendezvous réguliers ou ponctuels. On a remarqué aussi que les conjoints d’expatriés « non actifs professionnellement », peuvent se retrouver confrontés à un certain isolement et à un manque de reconnaissance sociale. Contrairement à leurs partenaires souvent absorbés par leur travail, ils se sentent souvent plus seuls, n’étant pas intégrés à un réseau professionnel local et n’ayant pas de collègues à fréquenter. Leur bien-être dépend davantage de leurs relations amicales. L’amitié devient un vecteur essentiel d’intégration et de soutien. L’école est citée dans toutes les enquêtes comme le terrain de rencontres le plus fertile, le voisinage vient ensuite. Certains n’hésiteront pas à s’infiltrer spontanément dans les cercles des cafés du matin quand d’autres espèreront avec un peu d’anxiété qu’on les y invite. Un petit nombre se tiendra quant à lui bien à l’écart redoutant de s’y trouver sous le feu de projecteurs trop brûlants !
La communauté expatriée assure souvent le rôle d’un cocon protecteur, dont il n’est pas toujours facile de se détacher. Ce paramètre varie d’ailleurs selon le pays qui nous accueille et sa volonté de s’ouvrir aux étrangers. Se lier d’amitié en expatriation avec des « locaux », amenant un réel enrichissement, c’est un des facteurs les plus motivants pour les expatriés curieux et ouverts qui ont envie « d’embrasser le monde. » Cet élan est manifeste quand le besoin de s’éloigner ou de se démarquer de notre « groupe » se fait sentir, que les personnes qu’on y fréquente soient trop différentes de nous ou que l’on éprouve un certain malaise relatif au caractère confiné de l’expérience.
S’il est essentiel de s’ouvrir à la culture locale, de tisser des liens avec les habitants, ce n’est pas toujours une démarche facile. La barrière de la langue, les différences culturelles et le manque de repères peuvent rendre ces interactions intimidantes. Elles sont pourtant très riches et permettent une immersion plus profonde dans le pays, elles deviennent une réelle occasion de s’intégrer. Participer à des événements culturels ou encore s’inscrire à des cours de langue pour apprendre et maîtriser l’espagnol sont des moyens précieux de favoriser des liens authentiques avec la population locale. De nombreux cours particuliers ou collectifs sont proposés et les Andalous eux-mêmes sont souvent ravis d’aider les étrangers à améliorer leur niveau.
Ces relations demandent souvent plus de temps et d’efforts à se développer que celles avec d’autres expatriés. Mais une fois établies, elles renforcent le sentiment d’appartenance, la sensation d’être chez soi à l’étranger. Les habitants apprécient généralement la curiosité des expatriés et sont plus enclins à partager avec ceux qui montrent un intérêt sincère pour leur culture. Soyez ouvert, n’hésitez pas à engager la conversation, posez des questions ! Prendre des cours de cuisine, rejoindre des ateliers d’artisanat ou des groupes de randonnée peut également enrichir votre expérience personnelle et vous mettre en contact avec des personnes partageant les mêmes valeurs que les vôtres. S’investir dans des associations locales, participer à des activités de groupe ou intégrer un club de sport sont autant de manières de faire des connaissances. Que ce soit avec vos compatriotes ou avec les « locaux », les opportunités existent pour créer son réseau relationnel solide.
Enfin, bien que l’éloignement induise certaines ruptures, il est essentiel de ne pas négliger les amitiés laissées derrière soi. Les appels réguliers, les courriers ou échanges de messages permettent de maintenir les liens amicaux les plus forts. Ces relations restent une ressource considérable. Et lorsque vous accueillerez vos amis à la maison, vous vivrez des moments privilégiés et uniques. Car ce temps que vos amis consacrent à vous rendre visite est un temps de disponibilité et de présence plus long, où le partage du quotidien dans un autre contexte donne l’occasion d’échanges plus profonds et d’une intense sensibilité.
Entretenir les « relations à distance » favorise la confiance nécessaire à l’ouverture aux autres. Nouer des amitiés nouvelles, solides, cela prend du temps et demande parfois du courage, surtout dans un nouveau pays. Le courage d’oser sortir de sa zone de confort. Soyez patient et persistant si les premières tentatives ne sont pas concluantes. La persévérance finit toujours par payer!
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