Naviguer à travers la solitude et l’isolement de l’expatrié. Vers une adaptation réussie !

Rédigé le 09/04/2024
Audrey Thomas


L’expatriation est une aventure riche en découvertes et opportunités. Elle offre souvent à ceux qui la vivent l’occasion d’une incomparable croissance tant familiale que professionnelle. Quand elle s’opère au profit d’un meilleur salaire ou d’une terre aux paysages et climats plus favorables, c’est pour beaucoup la quête et la promesse d’une meilleure qualité de vie. Ce changement s’accompagne aussi d’une ouverture aux autres cultures, c’est aussi ouvrir son regard sur le monde. Partir vivre à l’étranger, c’est réaliser un rêve. Ceux qui franchissent le pas de l’expatriation sont les premiers à en vanter les mérites avec les changements profondément fructueux. Par contre, ce changement de vie peut aussi générer des inquiétudes ou des angoisses, des sentiments contradictoires, qui, s’ils sont mal gérés, peuvent ternir l'expérience.


Le blues de l’expatrié est une réalité qui demeure pourtant taboue.

Pourtant, s’éloigner de ses racines, de ses proches, de sa famille, de ses amis, quitter pour certains un enfant étudiant, abandonner son emploi, tout ceci conduit à une perte de ses repères. Ce sont autant de difficultés susceptibles de faire naître de la tristesse ou de la peur. Solitude et isolement sont parmi les défis majeurs de l’expatriation. Pour certains, faire face à l’ennui est un autre chalenge de taille. Ces montagnes russes émotionnelles, souvent passées sous silence, peuvent faire vivre plusieurs phases et états psychologiques entre euphorie et doutes. 

L’expatriation peut entraîner une remise en question de soi et de ses choix de vie, surtout lorsqu'elle est associée à des défis professionnels ou personnels imprévus. La gestion de ces sentiments requiert une résilience émotionnelle et une capacité à chercher activement des solutions pour construire de nouvelles relations et s'adapter à l'environnement.

De nombreuses études montrent que ce sont souvent les conjoints « sans activité » qui sont les plus exposés aux risques psychologiques. Dans le cas d’une expatriation liée à une mutation ou opportunité professionnelle, il est fréquent que l’un des deux ait dû renoncer à son emploi. Il n’est pas simple de chercher et de trouver du travail dans un pays étranger avec la barrière de la langue et les codes culturels à apprendre. L’inactif du couple peut éprouver du découragement voire une baisse de confiance... En situation de dépendance et sans activité valorisante dans son pays d'accueil, il peut ressentir un sentiment d’ennui, de frustration, voire d’inutilité.

Certains se sentent confrontés à une forme de vide qui contraste parfois si radicalement avec leur rythme « d’avant », à tel point que ces personnes se sentent déstabilisées. Aline, expatriée depuis un an à Malaga, témoigne d’un sentiment de surprise. « Je ne m’attendais pas à vivre les choses avec tant de difficultés. Je rêvais de ce temps et finalement j’ai un sentiment de grand vide que je ne sais pas comment remplir ».

Les nouveaux expatriés doivent faire preuve d’une grande capacité d’adaptation. Ce n’est pas évident pour tout le monde et la réalité n’est pas toujours celle qu’on imaginait, ni surtout la manière dont on y fait face. Le changement peut bousculer.


Le confort dont on a rêvé peut se révéler « une prison dorée » et il peut être compliqué d’investir le temps. Dans les familles en particulier, quand les enfants grandissent et qu’ils ne demandent plus la même attention, les choses peuvent se compliquer. Quand ce n’est plus « la course » et qu’il n’y a plus d’urgence, on a beau avoir eu mille projets au départ, c’est un pari compliqué que de savoir comment se réinventer dans un contexte nouveau. C’est un peu le syndrome de la page blanche qui s’ajoute parfois à celui du nid vide. L’enjeu est d’apprivoiser cette liberté que l’on ne connaît pas !

Les expatriés doivent reconstruire leur identité sociale dans un contexte où les anciennes méthodes de socialisation ne s'appliquent plus. La perte de repères professionnels et sociaux, la distance avec la famille et les amis, ainsi que la nécessité de s'adapter à de nouvelles routines quotidiennes, peuvent accroître le sentiment d'isolement. Virginie, célibataire, expatriée depuis deux ans et demi à Séville : « J’ai un peu honte de le dire mais il m’arrive de me sentir déprimée. On me renvoie souvent que j’ai de la chance. Je n’ai pas envie qu’on pense que je me plains alors je préfère me taire, même si je sais que garder tout ça en moi renforce ce sentiment de solitude ». 

Le manque peut générer des vagues de tristesse ou d’anxiété et favoriser les ruminations qui empêchent d’avoir de l’élan pour s’investir dans ses nouveaux projets ou pour tisser des liens. Un mélange de sentiments ambigus entre fatigue diffuse et culpabilité peut fragiliser l’estime de soi et la mettre à mal. 



Le premier pas dans la lutte contre le «blues de l’exil» est la reconnaissance de son existence. Comprendre et accepter que l’on souffre du « mal du pays » est déjà un grand pas. Une fois cette étape passée, mettre en place des stratégies de gestion de l’ennui et de la solitude est important, pour vivre mieux la transition, pour passer d’un état à un autre dans l’expérience de l’expatriation.

Avoir du temps est une opportunité, un « luxe » de nos jours, alors pourquoi ne pas en profiter ? C’est peut-être l’occasion de tendre le plus possible vers la réalisation de soi et pourquoi pas de créer sa propre entreprise !

Sans activité professionnelle, il est essentiel de définir son propre cadre et de créer ses propres routines. Cela permet de retrouver des repères stables. En incluant des activités favorisant le bien-être personnel comme le sport, la lecture, l’art. L’apprentissage d’une nouvelle compétence ou débuter une formation complémentaire peuvent contribuer à structurer le quotidien pour sortir de l’ennui. 


Il ne faut pas hésiter à organiser son temps en découpant sciemment sa journée. Fixez-vous des heures de réveil, des objectifs, des temps d’activités selon vos centres d’intérêt. S’offrir un moment de promenade quotidienne est aussi l’occasion de méditer en pleine conscience pour apprendre à mieux gérer le stress et l’anxiété. La marche permet une pratique simple de la pleine conscience : observer, contempler, diriger son attention sur les sensations éprouvées dans l’instant présent et profiter pleinement du bel environnement qui vous est offert. Organisez des petits voyages dans votre région, le temps de quelques jours ou même de quelques heures, afin de vous nourrir de ce qui vous entoure.

L’immersion linguistique est également un véritable gain. Apprendre l’espagnol vous permettra de communiquer et de vous sentir intégré plus rapidement ! L’offre de formations est grande, vous n’avez qu’à choisir celles qui vous conviennent le mieux.

Usez voire abusez de la technologie ! Le téléphone, la vidéo, permettent de maintenir le contact avec ses proches. Instaurer des rendez-vous réguliers est un moyen de se connecter à des émotions de plaisir qui reboostent et laissent moins de place à la tristesse ou à l’angoisse.



La technologie, virtuelle, ne remplace pas les contacts réels. Explorer de nouvelles amitiés est aussi important. Trouver le bon équilibre pour ne pas se sentir isolé, pouvoir échanger, partager une expérience commune, apprendre des autres permet de se sentir soutenu et compris. Vous pourrez ensuite « puiser » dans cette ressource humaine !

Il est certes plus facile de se faire des connaissances quand on travaille ou si on a l’occasion de croiser des parents d’élèves devant la porte de l’école. Si ce n’est pas le cas, s’engager dans des associations locales, des clubs de loisirs ou des groupes d'expatriés, cela crée des opportunités de rencontres essentielles pour tisser un réseau de soutien. 


Parfois, il suffit d’une ou deux personnes pour retrouver l’énergie perdue et récupérer le moral. Il peut être parfois nécessaire de recourir à un soutien psychologique afin de traverser au mieux ces défis émotionnels. Consulter un professionnel aide à comprendre et gérer le sentiment de solitude et d’isolement et permet de développer des stratégies personnalisées pour une meilleure adaptation. L'expatriation est un bouleversement qui va bien entendu au-delà du simple changement géographique. Ses défis sont externes (liés à l'environnement, à la culture, …) et internes (gestion de ses propres émotions, reconstruction de son identité dans un nouveau contexte, …).

La gestion proactive de la solitude et de l'isolement est cruciale pour faire de l'expatriation une expérience réussie. En adoptant des stratégies adaptées, en s'ouvrant aux autres et à la communauté d'accueil, les expatriés peuvent surmonter les défis et favoriser leur épanouissement dans un nouveau pays.


Audrey Thomas vous reçoit au 41 Calle Flamencos à Malaga.

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