Villages blancs

Rédigé le 09/05/2022
Frederic André


Êtes vous prêts à embarquer ? Suivez votre guide Esprit Sud Magazine.

Après avoir déposé nos valises dans la sublime ville de Jerez de la Frontera pour découvrir tout ce que cette ville, fondée par les phéniciens, il y a plus de 3000 ans, avait à nous offrir, nous vous proposons aujourd’hui de partir à la découverte des villages blancs. 

Quittons donc cette vaste plaine à vignes et la superbe cité de Jerez où l’impressionnante Cathédrale du Saint Sauveur et le bel Alcazar veillent sur ses 214.000 habitants.

Direction l’intérieur des terres et empruntons la « ruta de los pueblos blancos » (la route des villages blancs). 

Ces petits villages où l’on retrouve ruelles étroites, toits en tuiles rouges et bâtisses d’architectures arabo-musulmanes sont devenus légendaires. S’y mêlent la tradition de blanchir les façades des maisons à la chaux et la coutume de les décorer avec toutes sortes de plantes et de pots de fleurs colorés. Ces villages immaculent le paysage de leur blancheur et rayonnent sur les hauts reliefs andalous qui ont fière allure.

 



A peine démarré et déjà un petit creux ? Pas d’inquiétude, Esprit Sud vous conseille une authentique auberge pour casser la croûte, la venta de la Blanca Paloma (de la blanche colombe). Elle est située aux portes de Jerez. 
Pensez-vous que les Don Quichotte et autres chevaliers roulaient tant sur l’or pour pouvoir s’arrêter dans de somptueux palais lors de leurs longues expéditions ? Le repos et le couvert, ils le trouvaient à l‘époque, plutôt dans ces fameuses « ventas ». Ce sont de petites auberges situées en pleine campagne, le long du « camino real » (ce qui équivaut aux voies romaines en France par exemple) mais aussi le lieu de contrebande ou le repaire parfait pour les « bandoleros ». Il en existe encore ici en Andalousie, comme c’est le cas de celle de Pépé et de son équipe, même si elles font de plus en plus partie de la tradition oubliée.

Le propriétaire du restaurant Rociero Bodegon de la Blanca Paloma vous attend! Voici ce que l’on appelle un restaurant typique !

Situé en dehors de la ville, en pleine campagne, au milieu des vignes, entouré d’une basse-cour haute en couleurs, l’établissement vous surprendra par l’accueil de ses serveurs, toujours aux petits soins de la clientèle. Si vous avez faim, que Dieu vous rassasie dit un célèbre proverbe sénégalais et c’est un peu l’expérience qui vous attend chez Pépé. On vous offrira un vin de Xérès en apéritif puis vous dégusterez un excellent potage local aux haricots blancs et au chorizo ou une délicieuse paella. Au moment du dessert (ils sont tous faits maison et plus délicieux les uns que les autres, avec mention « excellente » pour leur tocino de cielo), vous aurez peut-être droit à la performance du sympathique patron Pépé et à son chant de la vierge, au pied d’un petit autel dressé au centre de la salle principale. Cette mini chapelle est dédiée à la Vierge de la Blanca Paloma que l’on connaît mieux sous le nom de la Vierge du Rocio. Nous vous promettons du folklore et un dépaysement garanti! 
Carretera Trebujena km. 2.5, 11407 Jerez de la Frontera, España (609 11 72 70)



Arcos de la Frontera

Il s’agit de l’un des plus beaux villages d’Andalousie. Ce bijou culminant à 200 mètres d’altitude, arbore toutes les caractéristiques des villages blancs typiques: d’étroites ruelles pavées constituant un véritable labyrinthe, la situation au sommet d’une falaise ou encore les petites maisons dont les façades sont blanchies à la chaux et dont les fenêtres sont grillagées. Arcos se visite à pied. Dès lors, laissez votre véhicule dans le parking public situé Plaza de España et partez à la découverte de la vieille ville baignée de soleil, avec votre guide Esprit Sud !

  1. Juché sur un piton rocheux, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur le panorama exceptionnel qu’offre la sublime terrasse de l’Hôtel Parador, situé plaza del Cabildo. Devant vos yeux ébahis, le fleuve Guadalete serpente dans les plaines de la sierra de Cadiz. Le Parador dispose probablement de la plus belle terrasse de la ville, l’endroit idéal pour prendre un apéritif au soleil couchant. Si vous optez pour y séjourner, goûtez la confiture d’avocat avec les succulents fromages locaux lors de votre petit déjeuner. Cet hôtel, qui allie tant l’ancien et le moderne dans sa décoration, propose également lors du goûter, une série de pâtisseries délicieuses.
  2. La place du Cabildo, place en partie détruite après le passage de Napoléon en 1812, regorge d’intérêts. Admirez-y par exemple le superbe château de los Duques, un édifice ou alcazar datant du XIe siècle situé face à l’hôtel Parador. Entre les deux bâtisses, ne manquez pas le Balcon de la Nueva Peña, qui en plus d’offrir une vue imprenable sur les campagnes, vous permettra de découvrir et d’approcher les rapaces de la région, que vous présente la famille Mulero, de véritables passionnés de ces volatiles. Nous reviendrons dans un prochain numéro d’Esprit Sud sur la fascinante histoire d’amour née entre Juan Luis et les rapaces de la région (utilisés notamment pour la chasse) et qui a conquis les générations suivantes.
  3. Avant de quitter cet épicentre de la vieille ville, une visite de la superbe basilique mineure de Sainte Marie de l’Ascension s’impose. Cet édifice à trois nefs, dont les premières pierres dates du XIIIème siècle, fut bâti comme le voulait la tradition de l’époque sur les vestiges d’une mosquée désacralisée. Elle vous offrira un habile mélange de styles, passant du baroque au gothique, du mudéjar au style renaissance. Son imposante façade est un très bel exemple de style gothique plateresque. Ce type architectural peut-être qualifié de mouvement de transition entre l’art gothique et la Renaissance. Il s’est tout particulièrement développé dès la fin du XVème siècle ici en Espagne. On y retrouve l’influence de la tradition castillane dans les rappels de l’art mudéjar, avec notamment des ornements, d’origine islamique, et de l’art gothique flamand, particulièrement dans ses aspects les plus flamboyants.                 
  4. Après avoir parcouru plusieurs ruelles pentues et baignées de soleil où vous croiserez d’authentiques artisans locaux et leurs jolies échoppes colorées, nous arrivons aux portes de la mystérieuse église de San Pedro. Un arrêt indispensable pour les amoureux de lieux de cultes mais pas seulement. Cette magnifique église dont la façade s’orne d’un imposant clocher néoclassique ne vous fera pas regretter d’avoir fait l’effort physique pour y accéder. Cette église dont la construction fut initiée au XVIème siècle renferme le plus ancien retable de la province.
  5. Les amoureux affectionneront le passage par le mirador de Abades. Ils passeront sous une arche fleurie et la tradition veut que l’on s’y embrasse. Ce balcon ouvert sur l’horizon nous permet d’admirer les jolies maisons blanches lavées par le soleil de plomb, bâtisses qui côtoient demeures et autres palais de style gothique ou mudéjar. Au loin, vous apparait aussi la Sierra de Grazalema, l’une de nos prochaines étapes.

Si vous planifiez de passer quelques jours à Arcos de la Frontera pendant la saison estivale, votre guide Esprit Sud vous conseille de déposer vos valises à l’Hôtel Meson La Molinera. Aux pieds de la ville, bordant le lac ( simplement baptisé « embalse de Arcos de la Frontera »), cet authentique auberge au charme fou a plus d’un atout pour vous séduire : une immense piscine pour toute la famille, une cuisine délicieuse (viandes et légumes « à la parrillada»), un petit dejeuner servi sur la terrasse ensoleillée avec vue sur le lac ou un petit club nautique avec kayaks ou autres possibilités de pêche. Le tout, dans un cadre bucolique et verdoyant, à un prix extrêmement raisonnable, c’est une petite pépite.

Esprit Sud vous conseille alors de visiter ce beau village blanc pendant ces deux événements où Arcos est en ébullition : lors des fêtes religieuses de Las Cruces de Mayo (les croix de mai) ou lors de la féria de San Miguel qui a lieu généralement en fin du mois de septembre.

Quittons maintenant les bords du lac du village d’Arcos de la Frontera pour poursuivre nos découvertes et suivi la A-372. 

 



Les Salines d’Iptuci. 

Rapidement, un arrêt éducatif s’impose. Que diriez-vous de visiter l’une des dernières salines de l’arrière-pays andalou toujours en activité et d’origine romaine? Jose Antonio fait perdurer cette tradition d’extraction et de purification artisanales de la fleur de sel. Des techniques ancestrales appliquées à une eau de source ferrugineuse dont la salinité est pratiquement trois fois supérieure à celle de la mer. L’Andalousie réserve tant de surprises et ces anciens bassins d’origine romaine en font partie. Attention, la visite du site se fait uniquement sur rendez-vous ! 

Parque Natural de Los Alcornocales, Ctra. Arcos-El Bosque, km. 24,7, 11660 Prado del Rey, Cádiz 
tel. 639 46 75 12.
 
 



El Bosque

Une fois la visite de ces « salinas » terminée, il est temps de prendre la direction du petit village de El Bosque. Situé à 30 km à l’est d’Arcos de La Frontera, cette localité méconnue, porte du parc naturel de la Sierra de Grazalema, dispose dans sa partie haute d’un magnifique jardin botanique. Incontestablement, il mérite le détour. Explorez par exemple le moulin à farine, « El Molino de Abajo » où l’on fabrique un petit pain délicieux, le « mollete de la Sierra de Cádiz ».
Un petit creux ? Votre guide Esprit Sud vous conseille l’auberge-restaurant « El Tabanco », situé Calle Huelva n°3. Une cuisine locale, des produits du terroir et un accueil chaleureux. Il vous est aussi possible d’y passer la nuit, une formule « lit et couvert » est proposée à un prix dérisoire! 

Toujours à El Bosque, régalez-vous des délicieux fromages à base de lait de chèvre et de brebis de la fabrique El Bosqueño, situé Polígono ind. Huerto Blanquillo. Dans cette superbe région montagneuse, une race locale de chèvres, les Payoyas et les brebis Merino Grazalemena, donnent un lait unique. 

 



Zahara de la Sierra

C’est justement le moment de pénétrer dans cette magnifique réserve naturelle de la chaîne de montagne de Grazalema. Nous découvrons un parc naturel de toute beauté au travers duquel nous poursuivons notre découverte dans l’arrière-pays andalou et de ses villages blancs. C’est un véritable écrin de verdure de près de 52.000 hectares d’épaisses forêts de pins andalous, le « pinsapo », poussant en haute altitude. Chaussez vos meilleures chaussures de marche car au travers de cette réserve naturelle, serpentent des centaines de sentiers de randonnée. Dans cette Réserve de la Biosphère (titre attribué par l’UNESCO en 1977), ne soyez pas surpris de croiser aux détours des sentiers, nombreux rapaces, troupeaux de brebis, groupes de porcs noirs ou chevaux sauvages. Et au milieu de ce véritable paradis pour les randonneurs, se dresse fièrement notre prochaine destination, le magnifique village blanc de Zahara de la Sierra. Il surplombe le lac aux eaux turquoises alimenté par la rivière Guadalete. Ce réservoir est appelé « El Gastor » et contribue à faire de ce village blanc, une destination enchanteresse. 

Notons les contrastes parfaits entre la blancheur des bâtisses et la couleur des roches ou de la végétation tout autour. 

Il n’est certes pas le plus connu des villages blancs mais vaut certainement le détour. Surmonté d’une tour impressionnante, vestige d’un château datant du XIIIème siècle (la ville était un avant-poste mauresque dominant la vallée), il fait bon s’y perdre dans le labyrinthe des ruelles vous conduisant tantôt à une ancienne porte d’entrée de ce village médiéval fortifié ou tantôt au point de vue où les vergers de citronniers et d’orangers s’étendent à perte de vue. Outre les vestiges du château de la dynastie Nasride toujours debout et dont l’accès est un peu sportif, la rue principale (calle Ronda) vous conduira au cœur du village. Sur la place principale, se dresse la charmante église baroque de Santa Maria de la Mesa. Face à l’église, vous trouverez l’Office de Tourisme.

L'économie du village repose bien évidemment sur l'agriculture mais pas que. Le tourisme rural et sportif a le vent en poupe depuis quelques années. Ce village est devenu une destination appréciée pour les randonnées pédestres (ou à cheval), le kayak, l'escalade, la spéléologie, le cyclisme, ou les excursions en 4x4.
Le village blanc de Zahara de la Sierra s’appelait jusqu’aux années 70, Membrillo de la Sierra en raison de l’importante production fruitière de la zone. Le membrillo est cette délicieuse pâte de coing réalisée par la cuisson des fruits et du sucre. Une recette idéale et calorifique mais nécessaire aux durs travaux de labeur dans les champs. Accompagnés de membrillo, les fromages locaux de chèvre ou de brebis sont un véritable délice.

 



Ubrique 

Poursuivons notre route des villages blancs et attardons nous à Ubrique. On entend rarement parler de celui-ci pourtant, sa renommée est internationale. Logé au milieu des montagnes, traversé par la petite rivière du même nom qui sépare son centre-ville en deux, il cache précieusement une production d’articles en cuir qui inondent le marché international! Les plus grandes marques de luxe viennent s’approvisionner ici en cuir de haute qualité. Ce centre névralgique d’artisanat de maroquinerie doit beaucoup à ses habitants. Les artisans du village perpétuent en effet cette tradition du travail de la peau de génération en génération. Votre guide Esprit Sud vous invite à déambuler dans les petites ruelles du village afin d’y découvrir échoppes et petits ateliers où est valorisé ce métier artistique. Un enchantement…

L’Andalousie fut la terre des mille et une conquêtes et parmi les traces laissées par la civilisation romaine, un détour par l’ancienne cité romaine d’Ocuri s’impose. Elle est située à la sortie du village d’Ubrique.
A Salto de Mora, jouissant d’une position stratégique, s’était développée cette cité romaine ou cet oppidum (= ville fortifiée à l’époque romaine). Il est possible de visiter ce site archéologique où vestiges de murailles, d’habitations d’époque et système ingénieux de citernes et de réserve d’eau vous attendent. Le site est aussi connu pour son columbarium en état de parfaite conservation (espace funéraire où étaient nichées les urnes contenant les cendres des personnes défuntes).  

Pour plus d’informations : www.yacimientodeocuri.es

Bornos, ses thermes et ses marais. Grazalema et son balcon sur la Sierra del Piñar. Algodonales, véritable paradis pour les amateurs de parapente, réputé aussi pour ses ateliers de confection de guitares et pour son église paroissial de Santa Ana. Montecorto, sa nécropole et son théâtre romains. Alcala del Valle, son château et ses dolmens. Tous ces villages blancs méritent de s’y attarder et ont une identité propre. Chacun dispose de particularités qui le singularisent. Une même histoire les lie, mêlant les trois cultures et les traditions oubliées. Votre guide Esprit Sud vous propose de terminer cette route des villages blancs par la charmante cité d’Olvera.

 



Olvera
 
Olvera se visite à pied. Immédiatement, on est frappé par l’imposante église néoclassique et la forteresse qui dominent ce superbe village. On entame l’ascension de la colline pour déboucher sur la jolie place de l’église tout en admirant les échoppes de céramiques hautes en couleurs, une spécialité locale. Et là, deux colosses se dressent face à nous : à gauche, l’église de l’Incarnation et à droite, les fiers vestiges d’une forteresse nasride. A l’office du tourisme, achetez vos billets pour la visite du château, tombé en 1327 au cours de sanglants combats, dans les mains d’Alfonso XI et des catholiques. La découverte de cette forteresse triangulaire, épousant la forme du rocher sur lequel elle est construite, commence par la visite du donjon aménagé en petit musée. Dans la salle d’exposition est retracée la vie quotidienne au moyen-âge ainsi que les différentes conquêtes du village ayant mené à ses différents remodelages. La suite de la visite et l’assaut de la tour d’honneur permettent d’atteindre le plus haut point du village, à une hauteur de 623 mètres. Là, la vue exceptionnelle nous rapproche des aigles et autres rapaces, nombreux dans la région, tournoyant dans le ciel azuré.

Après la visite du château, place à la découverte du lieu de culte favori des 8100 habitants, la majestueuse église de Notre Dame de l’Incarnation (Nuestra Señora de la Encarnación). Sur le mirador jouxtant le parvis de l’église, le paysage offert est sublime. On reste ébahi face à l’immensité de la réserve naturelle du Peñón de Zaframagón, un véritable paradis pour les promeneurs et les ornithologues. 
Une fois franchie la porte de cet ancien temple gothique et mudéjar converti en église, on succombe au charme de son intérieur : des autels sublimes, des coupoles surdimensionnées ou encore des colonnes de marbres italiens de toute beauté.  

Non loin de ce village d’Olvera, trône sur une faille impressionnante un autre village blanc si particulier, Setenil de las Bodegas.

Votre guide Esprit Sud vous le répètera bien souvent : les beautés de ces terres andalouses sont inépuisables. Il faut plus d’une vie pour découvrir tout ce qu’elles ont à nous offrir…