Museo Ralli Marbella
km.176 N-340 Marbella
Cap sur l’Argentine avec deux artistes féminines avant-gardistes, Borges et Chale
Norah Borges et Gertrudis Chale sont mises à l’honneur dans la nouvelle exposition temporaire du Musée Ralli. Ces figures emblématiques de l’art avant-gardiste en Argentine du milieu du XXème siècle ont laissé leurs traces dans de nombreux pays. Norah Borges, peintre de l’ultraïsme, a répandu beauté et modernité des deux côtés de l’Atlantique.
Gertrudis Chale, d’origine autrichienne, a été accueillie dans le mouvement avec une œuvre validée aussi par la société indigène argentine. Il existe certes des différences évidentes en ce qui concerne la plastique et les thèmes développés par ces deux artistes, mais de nombreux axes les unissent. En effet, au-delà de leur influence et de leur importance dans l’art de l’avant-garde argentin, elles se sont inspirées de séjours dans les Baléares, les paysages représentés sont fabuleux, les multiples voyages sont inspirants, on décèle aussi un lien évident avec la littérature, un langage synthétique et une soif commune de connaissances.
L’exposition se compose de 23 œuvres et représente un voyage dans le monde particulier de ces deux artistes. Cette rétrospective est aussi un hommage rendu à ces deux génies et la place qu’elles ont occupée dans l’art contemporain latino-américain et international.
Norah Borges (Buenos Aires, Argentine, 1901-1998)
Ses débuts sont liés à l’expressionnisme allemand et au cubisme. Elle développe un art influencé par ces deux courants artistiques donnant lieu à un langage caractérisé par la stylisation des formes et des figures humaines à partir de compositions rhomboïdales, telle une véritable décomposition des objets et des surfaces, ce qui créée une illusion fragmentée du plat. Cette esthétique est liée à l’ultraïsme plastique.
On passe des couleurs monochromes et froides, propres aux techniques de la gravure de ses débuts aux couleurs chaudes et pures de ses derniers travaux. L’exposition offre une grande variété chromatique, avec une domination des tons verts, bleus et jaunes et la couleur terre. A côté de la robustesse des bras, des torses et des mains dans les différentes représentations de l’artiste, on décèle aussi des anges candides et des figures féminines traduisant ses inspirations pré-raphaéliques et flamandes.
Gertrudis Chale (Vienne, Autriche, 1898 - La Rioja, Argentine, 1954)
Prise dans les filets du cubisme au début de sa carrière (elle en conserva d’ailleurs le schématisme et l’élimination de tout élément anecdotique), cette artiste joue des perspectives et intègre dans ses œuvres des éléments expressionnistes et surréalistes. À travers les paysages et les personnages qu’elle peint (dont de nombreuses figures féminines), Gertrudis Chale attire notre attention sur la dureté de la vie des communautés autochtones et des populations rurales. Ayant côtoyé ces ethnies, elle « évoque sans raconter », par le biais de sensations ressenties, le caractère et l’identité propre de ces villages qu’elle connaît parfaitement bien. On retrouve des peintures de sa première période, très colorées alors que celles de sa seconde période correspondant à sa vie au cœur de ces villages, sont plus monochromes. Ce choix de l’artiste contribue aussi à une atmosphère surréaliste et intemporelle, caractérisant sa peinture.
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