Du XIXe au XXe siècle, la province d’Almeria connaît la prospérité grâce à l’exploitation des mines de fer, d’or et de plomb. Ce filon est une telle réussite qu’avant la Première Guerre mondiale, on comptera près de quinze mille habitants dans la seule zone de Cabo de Gata. Sont construits voies de chemin de fer et infrastructures pour acheminer les minerais au départ de cette partie de la province vers tout le pays. Cette période de prospérité s’achève avec le début de la guerre civile. De nombreux vestiges de ce passé glorieux, tels que d’anciens embarcadères de wagons, peuvent être croisés lors de vos découvertes de cette province riche en minerais.
Dans cette région au climat semi-désertique, le sous-sol est constitué de formations volcaniques et de nombreuses caldeiras, des dépressions volcaniques affaissées prenant la forme de marmites. La roche est riche en alun, argent, or et plomb. Si la période romaine a vu débuter les exploitations de ces minerais, il faut attendre 1864 pour qu’éclate une véritable fièvre de l’or dans la région. La localité de Rodalquilar verra sa réputation se répandre comme une traînée de poudre. Ce ne sont pas des pépites d’or que l’on extrait de l’antre de la terre dans la zone mais bien un or contenu dans le quartz des gîtes magmatiques. Le métal précieux est lié à d’autres métaux. Découvrir les vestiges de cette impressionnante mine, cher lecteur, vous plonge dans un véritable roman d’aventure.
L’extraction du quartz est loin d’être simple. Les techniques et les outils ont évolué lors de ces décennies de gloire, avec des volumes de minerais déblayés de plus en plus importants. La roche doit d’abord être broyée et réduite en une poudre qui subit ensuite l’action de produits chimiques, dont l’ajout de mercure, pour finalement extraire l’or. Une ultime étape d’affinage est nécessaire pour libérer le métal jaune du plomb encore présent. Il faut en moyenne 50 tonnes de minerai pour produire un seul kilogramme d’or.
En 1925, c’est l’entreprise Rodalquilar Gold Company Mines qui y installe une véritable usine d’amalgamation. Elle met la clé sous le paillasson en 1929 et le site est repris par une société allemande qui ne connaîtra pas le succès. C’est une entreprise anglo-espagnole qui prendra enfin le relais en 1930 et, avec celle-ci, perceuses à air comprimé, un nouveau procédé d’extraction de l’or à l’aide de cyanure et surtout l’électricité améliorent massivement les conditions d’extraction. Après la guerre civile et la saisie de la mine par le gouvernement franquiste, l’ampleur de l’exploitation, qui comptera mille travailleurs au quotidien, épuise les gisements et l’année 1966 sonne le glas pour le site. En 1989, il est question de relancer les activités sur le site, mais finalement les infrastructures sont toujours à l’arrêt à ce jour…
Nichés au cœur d’un terrain de roches rouges aux allures de la planète Mars, les vestiges des mines de Rodalquilar situés au sommet du village ont la réputation d’avoir permis l’extraction de deux tonnes d’or. Déambulez entre les anciennes tours de concassage et aux abords des cuves de décantation. Attention, la zone n’est pas un site touristique aménagé mais bien une ancienne zone industrielle laissée à l’abandon, donc restez prudent lors de votre promenade.
Dans le village, la Casa de los Volcanes abrite un petit musée consacré à la géologie de la région et aux exploitations minières. Esprit Sud Magazine vous invite également à découvrir le petit chemin de randonnée appelé Sendero Cerro del Cinto débutant aux abords du site. Cette promenade de onze kilomètres traverse un ensemble de paysages post-industriels saisissants.
Pour en savoir plus sur l'histoire minière de la région, arrêtez-vous d'abord à la Casa de los Volcanes, un petit musée présentant des expositions en espagnol (dont certaines sont traduites en anglais) sur les mines et la géologie de Cabo de Gata.
Au-delà des mines, un chemin de terre accidenté continue à travers les collines, parsemées de mines abandonnées et du hameau minier en ruine de San Diego. Plutôt que de tenter cette route en voiture, mieux vaut emprunter le Sendero Cerro del Cinto, un sentier pédestre de 11 km qui traverse le paysage post-industriel saisissant. La randonnée est agréable et propose plusieurs installations et sites miniers abandonnés. Les minéraux contenus dans les roches croisées lors de la promenade parsèment de couleurs magnifiques le chemin de terre.
Au détour des sentiers, de belles vues sur la mer sont aussi rencontrées. Ensuite, un petit passage par l’une des plus jolies plages de la province s’impose avec son doux sable blanc. Des dunes fossilisées¹ et les ruines d’un château vous y attendent. Cette étape des ruines de Rodalquilar est un véritable mélange d'ambiance apocalyptique inspirée de cette ruée vers l'or, un régal pour les amateurs de photographies…
¹ Des dunes fossilisées sont en fait des montagnes de sable formées lors du Quaternaire lorsque la zone était recouverte par la mer. Ce sable se compose de petites particules sphériques appelées oolithes formées par l’agrégation de carbonate de calcium en couches concentriques autour d’un noyau composé de grains de sable.