Aujourd’hui, ce sont plus de 4.600 hectares de manguiers qui s’étendent dans la province de Málaga. La surface cultivée continue d’augmenter chaque année. Ce fruit tropical a trouvé sur la Costa del Sol un terroir unique qui lui permet de rivaliser avec les grandes zones de production mondiale.
La mangue est ce délicieux fruit originaire d’Asie du Sud. Il accompagne les hommes depuis plus de quatre mille ans. En Inde, par exemple, la juteuse mangue était déjà appréciée par les civilisations anciennes avant de voyager grâce aux routes maritimes portugaises vers l’Amérique, l’Afrique puis l’Europe. Introduite aux Canaries à la fin du XVIIIe siècle, elle ne commence à être cultivée de façon commerciale que dans les années soixante-dix. Son véritable essor arrive dans les années quatre-vingt lorsque le littoral subtropical andalou devient son nouvel espace d’accueil. Entre Málaga et Grenade, elle trouve des températures douces, des sols bien drainés et l’absence de gel qui en font un terrain parfait. C’est ainsi que depuis, l’Axarquía s’impose comme le verger tropical de l’Europe, pour notre plus grand plaisir…
Ce n’est pas la célèbre Costa Tropical appelée aussi Costa Granadina qui accueille la majeure partie de la production. C’est bien en province de Málaga, que se concentrent aujourd’hui les 90 pour cent de la production andalouse et pratiquement tout le volume national. Pour la campagne de 2025, la récolte devrait dépasser les 35.000 tonnes, un chiffre record rendu possible grâce aux pluies automnales et au repos végétatif des arbres. Autrefois destinée presque exclusivement à l’exportation, une grande partie de la production se consomme désormais en Espagne. Les consommateurs plébiscitent la proximité, la fraîcheur et le goût des fruits cueillis à maturité. La France, le Portugal et l’Allemagne restent cependant les principaux marchés extérieurs.
La campagne de la mangue s’étend d’août à décembre, avec une qualité optimale entre septembre et novembre. C’est la variété « Osteen » qui domine la production, les fruits sont reconnaissables à la peau violette et verte avec un équilibre entre douceur et parfum. La « Kent » séduit par sa pulpe juteuse et sans fibres, la « Keitt » par sa maturité plus tardive et son acidité légère. « La Palmer », allongée et ferme, combine douceur et petite note acidulée, tandis que l’ « Irwin », plus petite et très aromatique, attire l’œil avec sa peau rouge et jaune. Cette diversité permet d’étaler la récolte et d’assurer la présence de la mangue malagueña sur les marchés européens pendant plusieurs mois.
Pour la déguster, rien de plus simple. Il suffit de couper les deux faces en évitant le noyau plat, puis de tracer une grille dans la pulpe avant de retourner la peau. On obtient alors un hérisson de cubes dorés qui se savourent immédiatement.
Au-delà de son goût tropical, cher lecteur, la mangue est un véritable trésor nutritionnel. Elle apporte des vitamines A, C et E renforçant l’immunité et préservant la peau. Ses fibres facilitent la digestion et procurent une agréable sensation de satiété. Le potassium et le manganèse participent à l’équilibre du corps et à la santé des os. Ses antioxydants naturels intéressent la recherche pour leurs possibles effets protecteurs contre le stress oxydatif.
Ce fruit gourmand se marie aussi bien avec des salades estivales qu’avec des smoothies énergétiques, des sauces pour relever les viandes et les poissons ou des desserts légers. Le succès de la mangue a transformé le paysage de l’Axarquía et a dynamisé l’économie locale. Cette culture a rapproché de l’Europe cette saveur qui semblait autrefois lointaine et exotique. La mangue est devenue un fruit que les consommateurs ont l’habitude de retrouver dans leurs supermarchés, dans leurs assiettes… La mangue de Málaga n’est plus seulement un fruit tropical. Elle est devenue un produit de terroir, un moteur agricole majeur et un ambassadeur de notre belle et généreuse gastronomie andalouse, cela ne fait plus l’ombre d’un doute.