La Feria de Málaga s’en est allée ce week-end, après huit jours d’intenses lumières, de musique enivrantes et de joyeuses célébrations. Samedi soir, les 2,5 millions d’ampoules qui illuminaient le Cortijo de Torres se sont éteintes une à une, mettant fin à une édition qui a confirmé une tendance déjà perceptible lors des dernières éditions, à savoir que le Real s’impose comme le cœur battant de la fête, tandis que le centre historique et la feria du jour peinent à retrouver leur souffle.
Le phénomène du tardeo est cette habitude de sortir entre amis dès la fin de l’après-midi et de prolonger la fête jusqu’à la nuit et on peut dire, cher lecteur, qu’il a trouvé dans la Feria son terrain de jeu favori. Les casetas les plus en vue affichaient completas dès la fin de journée, au point de provoquer des files d’attente de parfois plus d’une heure pour y entrer. Candela, Siempre Así, El Patio de Antojo, Le Grand, Los Coloraos ou encore Señorío sont devenus les temples du tardeo, attirant une foule dense et enthousiaste. Même les casetas plus familiales ont connu une fréquentation soutenue, ce qui prouve bien que le Real séduit tous les publics.
En revanche, le centre-ville conclut cette édition avec une nouvelle baisse de fréquentation. Nos équipes y étaient le premier samedi où une foule incroyable y était réunie. Par contre, le mardi, le centre historique faisait pâle figure avec peu de monde dans les rues et ruelles de la ville. Autrefois véritable épicentre de la feria, il survit aujourd’hui grâce aux charangas, les groupes qui animent les places et aux traditionnels verdiales. Le charme du modèle “fiesta en la calle” continue d’attirer touristes et visiteurs, fascinés par cette manière si particulière de vivre la fête mais on dénombre moins de visiteurs cette année. Il faut dire que les restrictions horaires en lien avec la musique, qui doit être impérativement coupée à 18h, pèsent lourdement face à un Real qui vibre sans interruption de midi jusqu’à la madrugada.
Côté logistique, la mobilité reste une nouvelle fois le talon d’Achille de l’événement. Malgré un dispositif renforcé (plus de transport EMT mobilisés, innombrables taxis et VTC disponibles 24h/24, des horaires de métro prolongés), les soirs de forte affluence ont vu s’allonger les files d’attente pour rentrer ou repartir du Real. Ce sont au total 1.574.424 déplacements qui ont été enregistrés au cours de ces 8 jours, soit une augmentation de 2,6% en lien avec les chiffres de l’an dernier. Ceux qui misaient sur un VTC ont souvent dû y mettre le prix, avec des courses de 40 à 80 euros pour un simple trajet urbain en soirée, jusqu’à 130 euros pour rejoindre Alhaurín de la Torre à l’aube. Si le transfert du centre vers le Real coûte normalement 11 ou 12 euros, il fallait débourser parfois jusque 60 euros pour la même prestation. Une flambée tarifaire qui s’est ajoutée à la hausse généralisée des consommations (du verre de Cartojal aux rations de tapas), parfois plus chères la nuit que le jour selon les casetas.
Malgré ces quelques ombres au tableau, le bilan est plus que positif. L’Association des hôteliers de la Costa del Sol (Aehcos) annonce un taux d’occupation de plus de 93 % durant la feria, légèrement supérieur à celui de 2024. L’association Mahos, qui regroupe les restaurateurs, confirme une hausse de la facturation dans le centre et une stabilité au Real. Côté organisation, la municipalité a rappelé ses exigences et confirmé son intransigeance avec cinq casetas fermées temporairement pour non-respect de l’accès libre et gratuit, un principe fondateur de la Feria ou pour la consommation d’alcool par des mineurs d’âge. Nombreux d’entre vous ont pu noter la présence des affichettes de prévention contre la violence familiale ou contre les femmes (Málaga, libre de violencias machistas).
Le Cortijo de Torres s’est donc imposé comme la grande scène de cette belle fête. Le tardeo a changé les habitudes, il attire désormais un public jeune et plus familial et ce, dès l’après-midi. Ceci consolide le Real comme le véritable poumon de la Feria de Málaga. Même si le Centre conserve son charme traditionnel et attire encore de nombreux curieux, c’est bien au Real que s’écrit désormais l’avenir de la plus grande fête populaire de la Costa del Sol, cela ne fait pas l’ombre d’un doute…