Les files interminables devant les monuments, le surpeuplement des centres historiques, l'impact environnemental croissant et avec cette évolution, un nombre impressionnant de pickpockets... A travers le monde, le tourisme de masse montre clairement ses limites en 2025, poussant certaines destinations emblématiques telles que Venise, Barcelone ou Amsterdam à crier au secours. Face à ce constat, une solution technologique émerge petit à petit, le tourisme intelligent.
Lors de l'événement « Next Espagne », récemment célébré à Malaga, ville pionnière en matière de tourisme durable et innovant, la gestion intelligente des données en temps réel s'est imposée comme une alternative crédible au tourisme traditionnel. L'objectif est avant tout de mieux répartir les flux touristiques afin d’améliorer simultanément la qualité de vie des résidents et l'expérience des visiteurs.
La ville de Malaga prévoit ainsi d'investir 4,7 millions d’euros, issus des fonds européens « Next Generation », afin de mettre en place une plateforme numérique capable de surveiller en temps réel l’afflux de visiteurs vers ses sites emblématiques comme l’Alcazaba ou le musée Picasso. Cette technologie permettra d'anticiper les pics de fréquentation jusqu’à 72 heures à l’avance et proposera aux touristes des itinéraires alternatifs pour fluidifier leur visite.
Plus largement, ce système innovant optimisera les transports publics en fonction des flux touristiques, évaluera la capacité de charge des monuments pour préserver leur patrimoine et fournira aux commerces des données essentielles pour mieux gérer leurs équipes et ressources.
Malaga n'est pas seule dans cette révolution touristique : 130 municipalités espagnoles ont déjà rejoint le réseau national des Destinations Touristiques Intelligentes (DTI), inspirées par des succès internationaux remarquables.
À Singapour, par exemple, le concept de « jumeau numérique », une réplique virtuelle de la ville capable de traiter jusqu’à 500 millions de données quotidiennes, a permis lors du Grand Prix de Formule 1 de 2024 à plus de 250 000 spectateurs de circuler de manière fluide grâce à des ajustements précis des feux et des itinéraires de transport en temps réel.
L’île espagnole de Lanzarote mise quant à elle sur une approche ludique et engageante. Par exemple, des capteurs dans le splendide parc national de Timanfaya avertissent lorsque la capacité maximale est atteinte, tandis qu’une application récompense les visiteurs consommant localement par des points échangeables contre des expériences culturelles. Les résultats de ces mesures ne se sont pas faits attendre. On constate une réduction notable de 18 % de l'empreinte carbone et une hausse de 27 % dans la consommation de produits locaux.
Quant à la ville de Helsinki, elle propose une mobilité écologique et économique via une application intégrant tram, vélo et ferry. De plus, elle récompense les touristes pour leurs choix durables. Cette solution a séduit près de 70% des habitants et permet de réduire l’empreinte carbone annuelle de la ville de 12.000 tonnes. À cela s'ajoute l'expérimentation de bus autonomes et même un "Uber aquatique" pour les déplacements sur les canaux de la ville.
Ces initiatives prouvent que technologie, tourisme et environnement peuvent aller de pair. Le tourisme intelligent n’est plus une option mais véritablement une nécessité afin de préserver les destinations, leur patrimoine mais aussi d’offrir une expérience enrichie et responsable aux visiteurs du monde entier. Esprit Sud Magazine ne manquera pas de relayer les nouvelles initiatives allant dans ce sens vers un tourisme plus durable !