La guerre économique lancée par Trump, quel est l’impact pour l'Andalousie ?

Rédigé le 04/04/2025
Frederic André


Le couperet est tombé et ce qui avait été annoncé par le Président des États-Unis en matière d’économie ne s’est pas fait attendre . Dès le 9 avril 2025, les exportations européennes vers les États-Unis subiront une taxe de 20 %. Cette mesure drastique frappe donc directement l'Andalousie car la région a triplé ses exportations vers le marché américain les dix dernières années. Avec un chiffre d’affaires totalisant 3,138 milliards d’euros en 2024, les États-Unis constituent aujourd'hui le premier marché hors Union européenne pour l'Andalousie.


L'huile d’olive, la première victime de cette nouvelle règle fiscale

L’or jaune liquide, fleuron de l'économie andalouse, est en première ligne avec un milliard d’euros d’exportations vers les États-Unis l’année dernière. Les souvenirs douloureux des droits de douane de 25 % imposés entre 2019 et 2021 restent vifs car cette taxation n’est pas une première. Trump était déjà au pouvoir entre 2017 et 2021 et à l'époque, les ventes avaient connu une chute colossale de 80 %. Rafael Pico, directeur général d’Asoliva, redoute une nouvelle perte de compétitivité face à d’autres pays situé hors Europe comme le Maroc, la Turquie ou l'Argentine, qui dès le 9 avril, bénéficieront d’un tarif douanier bien plus avantageux, avec une taxation de 10 %.


Les olives, doublement taxées

Les olives noires espagnoles subissent déjà une taxe punitive de 31,5 % pour pratiques antidumping. La nouvelle mesure américaine ajouterait 20 % supplémentaires, poussant la taxe à un vertigineux 51,5 %. Antonio de Mora, directeur d'Asemesa, résume la situation amèrement : « Ce qu’il restait de ce marché risque d'être perdu ». Même les olives vertes, jusque-là épargnées, vont être impactées, fragilisant encore davantage les producteurs andalous.


La menace plane également sur le vin, le riz précuit et les produits de la mer

Le secteur viticole, bien que modeste en volume par rapport à d’autres voisins européens comme la France ou l’Italie (14 millions d’euros), ressentira aussi la secousse fiscale imposée par Trump. Soulignons que le Sherry est très prisé outre-Atlantique, les vins de la zone de Jerez de la Frontera sont très appréciés par les Américains. Les producteurs andalous de riz précuit (34 millions d’euros exportés), de poissons et crustacés (37 millions d’euros), et de légumes (28 millions d’euros) peuvent déjà craindre une baisse sensible de leur rentabilité.


La pierre naturelle et l’aéronautique également sous pression

Hors produits agroalimentaires, la pierre naturelle, dominée par le géant Cosentino, est placé dans une position vulnérable avec 315 millions d’euros d’exportations vers les États-Unis. L’industrie aéronautique (138 millions d’euros) et les matériels électriques (177 millions d’euros), très liés au boom des énergies renouvelables, ressentiront également le choc dans les prochaines semaines.

La réponse du gouvernement espagnol ne s’est pas fait attendre !

Face à cette menace commerciale majeure, le gouvernement espagnol a instantanément réagi en mobilisant 14,1 milliards d’euros pour protéger les secteurs touchés. Le président Pedro Sánchez entend agir rapidement en coordination avec l'Union européenne. Son objectif premier est d’amortir l’impact économique sur les entreprises espagnoles, préserver les emplois au sein de celles-ci et maintenir les parts de marché durement acquises sur le territoire américain même si le challenge s’annonce plus que compliqué.

Pour l'Andalousie, l'heure est à présent à la vigilance. À court terme, il faudra absorber les pertes. À moyen terme, c’est toute une stratégie d’adaptation à ce nouveau contexte international qui devra être repensée.