Malaga se branche à l’hydrogène vert : Antequera en première ligne de la transition énergétique

Rédigé le 24/03/2025
Frederic André


Une révolution silencieuse est en marche dans l’arrière-pays malaguène. À Antequera, deux projets pionniers de production d’hydrogène vert voient le jour, plaçant la province de Malaga sur la carte des territoires moteurs dans la transition énergétique. Une avancée stratégique qui pourrait transformer le paysage industriel andalou dans les années à venir.

L’hydrogène vert, késako ? Il s’agit d’un vecteur énergétique, produit par électrolyse de l’eau, alimentée par des sources renouvelables. Contrairement à l’hydrogène dit “gris” ou “bleu”, il n’émet aucun gaz à effet de serre. En somme, une solution propre, prometteuse, et surtout indispensable à la décarbonisation de nos sociétés.

Et c’est à Antequera que les premiers pas concrets de cette révolution énergétique prennent forme, avec deux projets de taille très différente mais à la portée stratégique évidente.

Porté par l’entreprise Telmo Solar, le projet baptisé “Salesianos” est le plus ambitieux du territoire. Actuellement en phase d’information publique, il prévoit la construction d’une usine d’électrolyse d’une puissance de 30 MW, capable de produire jusqu’à 540 kg d’hydrogène par heure – soit plus de 4.500 tonnes par an. Le tout grâce à l’eau désionisée et à l’énergie captée par un parc solaire de 25 MW spécialement dédié.

L’installation sera auto-approvisionnée et dotée d’un système de purification pour garantir un hydrogène d’une pureté de 99,999 %, apte à alimenter des piles à combustible ou des usages industriels. Une zone de stockage de 8.000 m³ est également prévue, avec 26 tonnes d’hydrogène stockées à 40 bars de pression. Le projet s’étendra sur plus de 58 hectares et envisage aussi un raccordement futur au réseau gazier d’Enagás via un hydropipeline. Investissement estimé : plus de 77 millions d’euros.

Plus modeste, mais plus avancé : le second projet, porté par la société Fisterra (filiale du fonds d’investissement Blackstone), a d’ores et déjà obtenu son autorisation environnementale. Situé dans le parc industriel d’Antequera, il couvrira 10.900 m² et misera sur une technologie différente : l’électrolyse à membrane échangeuse de protons (PEM). Sa capacité de production sera de 1.806 kg par jour, avec une réserve de stockage limitée, mais suffisante pour répondre à la demande locale ou permettre un approvisionnement via camions. Ce projet s’intègre dans une logique plus agile, avec un démarrage plus rapide.

Et ce n’est pas tout. La société Hygreen Energy, leader mondial dans la fabrication d’électrolyseurs, a annoncé cet été l’installation d’une usine à Humilladero – à deux pas d’Antequera – avec à la clé, un millier d’emplois potentiels. Autrement dit, la région ne se contente pas de produire de l’hydrogène : elle ambitionne de devenir un acteur-clé de toute la chaîne de valeur.

L’enjeu dépasse les frontières andalouses. L’Union européenne table sur une consommation de 20 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, dont la moitié importée. Pour accompagner cette mutation, elle a déjà mobilisé plus de 25 milliards d’euros via différents fonds de soutien. Pour l’heure, l’hydrogène vert ne représente qu’une infime part de la production mondiale, encore largement dominée par les énergies fossiles. Mais les investissements se multiplient, les technologies progressent, et les premiers chantiers s’ouvrent. À Antequera, les fondations sont posées. Et si la route est encore longue, l’Andalousie vient d’allumer un signal fort : elle est prête à jouer sa partition dans le concert des énergies propres.