José Seguiri, artiste humble et talentueux

Rédigé le 03/01/2023
Frederic André


L’artiste originaire de Malaga est un talentueux peintre et sculpteur dont la reconnaissance internationale n’est plus à faire. Ses principales œuvres sont disséminées dans les ruelles et les musées de la ville. Depuis des décennies, à travers ses œuvres, il contribue à faire rayonner la cité portuaire à l’international et valorise le patrimoine et les traditions du sud de l’Espagne. Une délicate colombe hybride mi-oiseau, mi-main située près de la Calle Larios ou encore des sculptures mythologiques situées dans la vieille ville, on est admiratif devant le côté oniriques de ses sculptures qui nous transportent dans de véritables rêves.



Esprit Sud Magazine a fixé rendez-vous dans le centre historique de Malaga à l’artiste pour nous parler de sa passion pour l’art et pour évoquer ses œuvres disséminées dans la ville. Né dans la cité de lumière il y a 70 ans, il fait partie de ces grands artistes qui ne sont pas ceux qui engagent une horde d’agents de relations publiques pour glorifier leur image et leur statut. Avec humilité et modestie, l’enfant de la ville nous invite à le suivre dans sa cité.

C’est au pied de sa magnifique colombe que l’artiste nous a fixé rendez-vous. Dans la rue Bolsa, à quelques pas de la célèbre artère commerciale Calle Larios, nous attend l’oeuvre « Ave Quiromantica ». On découvre un être hybride, mi-colombe, mi-main en bronze qui s’est posé à mène le pavé. Pepe  s’enthousiasme… « C’est une œuvre réalisée au départ d’un dessin de mon ami le poète Rafael Pérez Estrada. Il aimait aussi prendre ses crayons parfois. Après son décès, il me fut demandé de lui rendre hommage à travers une création, une une sculpture en bronze de grand format. Je me suis plongé dans ses dessins pour donner vie à l’un d’entre eux. Cette œuvre est un hommage au grand poète que fut Rafael mais aussi l’occasion de passer un message à ceux qui découvre Malaga. Une main qui symbolise l’hospitalité de la cité et de ses habitants, une main tendue aussi à la création artistique ». Admiratif devant la créature de bronze, nous partons maintenant à la conquête du quartier historique et au détour de la rue San Agustin, en passant devant le Palais de Buenavista qui abrite le célèbre musée Picasso, l’artiste nous parle du maître du surréalisme. « Bien entendu, Picasso est présent dans mes influences. C’est un grand artiste prolifique. Si Malaga est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est avant-tout grâce au génie qu’il était. La ville lui doit sa position culturelle. J’apprécie ses racines méditerranéennes et partage aussi de nombreux thèmes avec lui comme la colombe par exemple. Je suis également influencé par de nombreux autres artistes du XIXème siècle. Ce siècle était passionnant. Les artistes espagnols, italiens ou français émergents à l’époque sont de véritables sources d’inspiration pour moi. La période napoléonienne me captive également ».



On continue notre promenade dans les artères de la cité et à l’approche d’une autre sculpture dont il est l’auteur, Pépé aborde un autre thème récurrent de son œuvre. « Je voue une passion sans fin pour la mythologie. Une de mes œuvres récentes représente Hypnos, dieu grec du sommeil. Fils de Nyx (dieu de la nuit) et père de Morphée (le dieu des rêves), Hypnos ou plutôt sa tête trône à l’entrée de la Faculté de Sciences Po de Grenoble ». La thématique mythologique est récurrente dans le travail de Pepe. L’artiste aime dessiner ou sculpter des personnages aux traits ronds, aux pommettes larges et aux grands yeux en amande. Ces caractéristiques, on les retrouve dans la statue qui se trouve face à nous, Place de Uncibay. « Il s’agit de Acteon et de deux chiens. Ces statues m’ont été commandées lors de la re-modélisation de la place fin des années 80. J’aime l’idée que des enfants jouent autour de mes sculptures, qu’ils les touchent. Cette statue est en lien avec l’autre statue que l’on aperçoit là-bas. Actéon est le héros d’une histoire tragique. Parti à la chasse avec ses chiens, il aperçut au détour d’une clairière, la superbe Artémis (Diane dans la mythologie romaine). Elle se baignait nue dans un ruisseau avec ses servantes. Chasseuse féroce et n’appréciant pas d’être surprise dans son intimité, elle fera tuer les chiens de l’imprudent et rendit aveugle celui-ci ».

L’artiste revient sur sa carrière alors que l’on approche du Musée des Beaux-Arts abrité dans le superbe bâtiment de l’ancienne Douane. « Ce sont avant tout des rencontres qui tracent le fil de la carrière des artistes, des opportunités et des propositions. Un pied à Madrid où j’ai étudié et un pied à Malaga, début des années 80, j’ai eu la chance de collaborer avec la célèbre galerie madrilène Seiquer. Puis il y a eu aussi le Collège d’Architecture de Malaga (ma rencontre avec Tecla Lumbreras), des rencontres qui m’ont conduit ensuite en France, à Paris, à Grenoble… ».

Lorsqu’il convient de qualifier les œuvres de Pepe Seguiri, ce sont les qualificatifs « ironiques, ambiguës et sensuelles » qui reviennent. L’artiste nous fixe rendez-vous prochainement dans son atelier situé à Rincón de la Victoria où il a installé un nouveau four géant pour permettre la fabrication de ses futures œuvres en céramique. « J’aime travailler la céramique et le grès. Avec ce nouveau four, je veux créer des sculptures de grands volumes ». C’est un artiste attachant et d’une grande simplicité que nous avons eu la chance de rencontrer et que nous avons le plaisir de vous présenter, chers lecteurs.


Du Seguiri en dehors de la capitale de la Costa del Sol…

En entrant par la porte nord du Parc la Paloma, où se situe la Bibliothèque d’Arroyo de la Miel à Benalmadena, on se trouve face aux trois immenses « Cabezas » ( têtes) de Seguiri.  La surprise vient du fait que malgré leur taille, il s’agisse de têtes d’enfants. A l’intérieur de ces sculptures de bronze, les animaux du parc trouvent refuge et les enfants se cachent lors de leurs jeux. 

Ces sculptures furent placées dans un premier temps face à l’hôpital Xanit avant d’être transférées au port de la station balnéaire. Finalement, elles trouveront, dans ce splendide parc, l’écrin parfait pour les mettre en valeur.