La province de Malaga et la mobilité, le contre-exemple !

Rédigé le 30/10/2024
Frederic André

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La ville côtière, capitale de la Costa del Sol, est souvent comparée à la Californie pour son modèle de Silicon Valley avec le développement des pôles de technologie, mais les comparaisons ne s’arrêtent malheureusement pas là. Comme dans les grandes villes californiennes, circuler devient un véritable casse-tête chinois. L’échec de la mobilité semble amorcé et il est plus qu’urgent de trouver des solutions qui permettent de désengorger rapidement l’accès à la ville. Et le constat s’étend à toute la province…  

Les différents accès aux villes sont devenus des goulots d’étranglement entachant la circulation routière. Miser sur les transports publics est clairement une option, mais il en existe d’autres. Esprit Sud Magazine mène l’enquête sur les problèmes de circulation dans la province de Malaga ! 

S’il y a quelques années encore, circuler dans la province à la hauteur de Malaga, Marbella et Fuengirola était compliqué pendant la période estivale en lien avec l’afflux touristique, on peut constater que la saturation n’attend plus l’été pour paralyser les déplacements dans la belle province. Aujourd’hui, ce sont dix zones enregistrées comme étant des zones rouges d’embouteillages. Un manque d’anticipation et de planification des décideurs politiques les cinq dernières décennies ont conduit à un véritable chaos urbain et tout est à refaire. Les infrastructures routières ne sont pas adaptées à l’évolution démographique. Les prévisions sont les suivantes et peuvent inquiéter. On annonce une croissance de la population faisant passer celle-ci à plus de deux millions dans les trente prochaines années (selon les estimations de l’Institut National de Statistique).  

 

Différentes solutions peuvent être envisagées amenant leur lot d’implications. Les grandes voies d’accès principal doivent voir leur capacité augmenter et par exemple, de trois bandes, passer à quatre bandes de circulation. Cela implique également une amélioration des portes d’accès à la ville ou aux villes si on inclut également des centres urbains comme Fuengirola et Marbella. Miser sur les transports publics est un choix malin encore faut-il s’en donner les moyens. Le métro de Malaga a enregistré des chiffres astronomiques les deux mois d’été avec une augmentation de près d’un million d’usagers, avec un total de 3,8 millions de voyageurs, mais cela ne semble pas suffire. 

On peut bien entendu comprendre la croissance exponentielle de la population des métropoles de Malaga, de Marbella ou de Fuengirola, amenant bien entendu un trafic augmenté sur des voies déjà saturées.   

Prenons l’exemple de la Avenida de Andalucía menant au centre-ville de Malaga, ce sont près de 55.000 véhicules qui l’empruntent au quotidien. Il faut s’armer de patience pour entrer dans Malaga au départ de Rincón de la Victoria, de Torremolinos ou encore de Alhaurín de la Torre. Ce n’est pas plus simple lorsque l’on arrive de Antequera. Les sorties de la A7 vers Torremolinos et Benalmadena Arroyo de la Miel sont très souvent engorgées. C’est le même refrain pour l’accès à Mijas et Fuengirola. Du côté de Marbella, le tableau est tout aussi noir, avec la route saturée menant ou provenant de Ronda, la zone de Los Pacos, celle de San Pedro ou encore l’accès à Puerto Banús. Les itinéraires alternatifs pour éviter ces pièges de la circulation semblent de plus en plus utopiques. 


Un des constats les plus surprenants est que même si l’offre des services de transport public a augmenté, que des baisses de prix ont été enregistrées, que des campagnes promotionnelles se sont multipliées, les usagers ne sont pas séduits par ceux-ci. Ils continuent à choisir la voiture pour se déplacer dans la province. Autre surprise est que malgré l’arrivée du métro dans la capitale de la Costa del Sol, le trafic sur l’avenue Alameda Principal a augmenté (près de 5% de plus en comparaison avec l’an dernier). Malaga ne dispose pas de la même topographie que des villes comme Madrid ou Valence. Elle n’est pas pourvue d’une grande avenue qui la traverse de bout en bout, d’une artère principale. De plus, elle est enclavée entre la mer et les montagnes, cela rendant les mouvements et les flux compliqués. Une organisation convenable est aussi à mettre en place. L’exemple de « Cerrado de Calderón » est représentatif d’un problème récurrent. Certaines rues d’accès sont de véritables pièges. Des rues à deux voies et dans les deux sens pourraient devenir des itinéraires à sens uniques. Des solutions immédiates et transitoires sont réclamées par toutes et tous car les messages pour rééduquer la population ne suffisent plus. Demander à la population de prendre les transports en commun ou de partager leur véhicule ne sont pas accompagnés d’effets dans la pratique. 

Les questions en lien avec le péage de l’AP-7 est aussi sur toutes les lèvres. Ce péage est le plus cher par kilomètre en Espagne. Des bonifications sont déjà d’application dans d’autres régions comme en Galice où des réductions de 50% à 75% s'appliquent. On peut se demander pourquoi cette pratique n’est pas encore en cours sur la Costa del Sol. A Alicante, la AP-97 devrait devenir gratuite dans les prochaines semaines afin de conduire à une désaturation du trafic. On peut encore ajouter la question du train du littoral qui amènerait également une solution à long terme. 

L’avenir se prépare dès aujourd’hui et des solutions à courts, moyens et longs termes doivent être prises maintenant. Même si une publicité d’une agence immobilière à l’humour grinçant apposée à la hauteur de Puerto Banus passe le message que même si vous êtes dans les embouteillages, vous êtes toujours au paradis, ces pertes sensibles de temps entachent l’enchantement et la magie de vivre au soleil. Qu’il s’agit de la voie ferrée prolongée jusqu’au Campo de Gibraltar, d’une extension du métro à Malaga, d’une multiplication de l’offre des moyens de transport, d’une troisième voie sur l’A7 ou de la libéralisation de l’autoroute AP-7, les décideurs politiques devront faire des choix et cela, au plus vite… Des groupes de travail s’attèlent à ouvrir de nouvelles pistes pour l’amélioration de la mobilité du corridor de la Costa del Sol avec un calendrier des charges.