C’est en septembre 1980 que fut organisée pour la première fois une biennale du flamenco à Séville. Véritable espace de liberté et de création, ce festival célèbre de la plus belle des façons cet art précieux, toutes les années paires et le temps d’un mois. Joie et fête sont les mots d’ordre de ce festival devenu un événement majeur mondial avec à la clé, de nombreux spectacles aux quatre coins de la ville, des représentations, des ateliers, des cours, des débats et des conférences. La sélection des activités et la programmation sont toujours le fruit d’un travail minutieux d’experts composant une commission artistique dévouée à cet art. Du côté des artistes, c’est la crème de la crème, l’élite du flamenco qui se fixe rendez-vous à Séville.
Cette année, la XXIIIème édition proposait 30 soirées festives avec un total de 62 spectacles dans des lieux différents de la ville allant du Teatro de la Maestranza au Real Alcázar, en passant par le Monastère de Santa María de las Cuevas ou encore l'Auditorio Cartuja (correspondant à l’ancien pavillon du Canada lors de l'Exposition Universelle de 1992). Ce sont près de 50.000 personnes qui se sont déplacées pour célébrer cet art vibrant.
Lors de cette immense fête, la ville renaît après un été torride. Les grandes salles de spectacle ou les petites peñas sont les écrins magiques d’un flamenco endiablé. Ces instants hors du temps, moments suspendus, durant lesquels un véritable partage entre les artistes de haut niveau et un public aguerri, ont rempli leurs promesses une nouvelle fois. En pleine biennale, nous avons eu la chance d’interviewer le fondateur de cet événement incontournable, José Luis Ortiz. C’est au cœur de la Biblioteca Flamenca portant son nom que nous nous sommes entretenus avec cette figure incontournable du flamenco. Il se considère humblement comme un simple vieux passionné, ayant consacré sa vie à cet art alors qu’il tient à le répéter, il ne chante pas, ne danse pas, ni ne joue de la guitare. Il est, avant tout, écrivain et chercheur, entièrement dévoué à cette divine passion. À la tête de la production de nombreux spectacles, il est à l’initiative de la Biennale, qu’il a pendant de nombreuses années dirigée. Il est aussi celui qui a donné ses lettres de noblesse à la Cumbre Flamenca de Madrid et plus récemment, il a travaillé sur le Cabildo Flamenco de son village natal, Archidona, un événement annuel dédié à la diffusion et préservation du flamenco. Les yeux brillants, il nous explique que la ville de Archidona a toujours nourri son amour pour cet art. « J’y ai puisé une grande partie de mon inspiration et de ma force pour continuer à explorer et à promouvoir le flamenco ». José Luis Ortiz, répond sans détour ni langue de bois à nos questions !
C’est en septembre 1980 que fut organisée pour la première fois une biennale du flamenco à Séville. Véritable espace de liberté et de création, ce festival célèbre de la plus belle des façons cet art précieux, toutes les années paires et le temps d’un mois. Joie et fête sont les mots d’ordre de ce festival devenu un événement majeur mondial avec à la clé, de nombreux spectacles aux quatre coins de la ville, des représentations, des ateliers, des cours, des débats et des conférences. La sélection des activités et la programmation sont toujours le fruit d’un travail minutieux d’experts composant une commission artistique dévouée à cet art. Du côté des artistes, c’est la crème de la crème, l’élite du flamenco qui se fixe rendez-vous à Séville.
Cette année, la XXIIIème édition proposait 30 soirées festives avec un total de 62 spectacles dans des lieux différents de la ville allant du Teatro de la Maestranza au Real Alcázar, en passant par le Monastère de Santa María de las Cuevas ou encore l'Auditorio Cartuja (correspondant à l’ancien pavillon du Canada lors de l'Exposition Universelle de 1992). Ce sont près de 50.000 personnes qui se sont déplacées pour célébrer cet art vibrant.
Lors de cette immense fête, la ville renaît après un été torride. Les grandes salles de spectacle ou les petites peñas sont les écrins magiques d’un flamenco endiablé. Ces instants hors du temps, moments suspendus, durant lesquels un véritable partage entre les artistes de haut niveau et un public aguerri, ont rempli leurs promesses une nouvelle fois. En pleine biennale, nous avons eu la chance d’interviewer le fondateur de cet événement incontournable, José Luis Ortiz. C’est au cœur de la Biblioteca Flamenca portant son nom que nous nous sommes entretenus avec cette figure incontournable du flamenco. Il se considère humblement comme un simple vieux passionné, ayant consacré sa vie à cet art alors qu’il tient à le répéter, il ne chante pas, ne danse pas, ni ne joue de la guitare. Il est, avant tout, écrivain et chercheur, entièrement dévoué à cette divine passion. À la tête de la production de nombreux spectacles, il est à l’initiative de la Biennale, qu’il a pendant de nombreuses années dirigée. Il est aussi celui qui a donné ses lettres de noblesse à la Cumbre Flamenca de Madrid et plus récemment, il a travaillé sur le Cabildo Flamenco de son village natal, Archidona, un événement annuel dédié à la diffusion et préservation du flamenco. Les yeux brillants, il nous explique que la ville de Archidona a toujours nourri son amour pour cet art. « J’y ai puisé une grande partie de mon inspiration et de ma force pour continuer à explorer et à promouvoir le flamenco ». José Luis Ortiz, répond sans détour ni langue de bois à nos questions !
La Biennale de Séville est un événement mondialement reconnu dans le monde du flamenco, une véritable institution dans le monde du flamenco. Quels sont, selon vous, les ingrédients de ce succès ?
Son succès repose sur plusieurs facteurs clés. Tout d'abord, l'intérêt croissant des étrangers, ceux que l’on appelle les "guiris", a joué un rôle crucial. Ce sont ces passionnés venus de l'extérieur avec leur perspective différente et ce respect pour notre culture, qui ont contribué à l'essor international de la Biennale. L'édition de 1988, dédiée spécifiquement à la danse, a véritablement marqué un tournant. La danse flamenca, avec sa grâce et son intensité, a toujours eu un attrait particulier au-delà de nos frontières. Cette année-là, Séville a vu arriver un afflux inattendu de visiteurs internationaux, ce qui a renforcé l'importance de la Biennale sur la scène mondiale. Il est intéressant de noter que la ville de Séville elle-même n'a pas immédiatement reconnu la valeur de cet événement. Pendant les premières années, la Biennale était tout simplement ignorée par ses habitants, qui voyaient d'un mauvais œil cette modernisation du flamenco et ce festival à vocation internationale. Il a fallu attendre la cinquième édition et l’arrivée en masse des étrangers pour applaudir la Biennale et que les Sévillans ont commencé à accorder du crédit à cet événement. Aujourd'hui, la Biennale est non seulement un lieu de rencontre pour les passionnés de flamenco, mais elle est devenue aussi un symbole de la fusion entre tradition et modernité, attirant à la fois un public local et des visiteurs du monde entier, ceux qui ont cimenté la réputation de la Biennale comme un événement incontournable du calendrier culturel mondial.
Quel est votre regard sur cette nouvelle édition, cette 23ème Biennale?
Pour être tout à fait franc, je suis maintenant un peu en retrait par rapport à l'organisation directe de la Biennale bien que je garde un œil attentif sur son évolution. Cette année aurait pu être marquée par un projet très spécial que j'avais proposé pour célébrer le centenaire de la présentation publique de la marche Pasan los Campanilleros du maestro Farfán, une pièce musicale profondément enracinée dans la tradition de Séville, particulièrement durant la Semaine Sainte. Malheureusement, ce projet n'a pas été retenu par la direction du festival, ce qui est pour moi une occasion manquée de rendre hommage à une œuvre qui a traversé le temps et continue d'émouvoir les cœurs. Une tendance récente à la Biennale qui me laisse, disons-le perplexe, est un certain conservatisme. Autrefois, cet événement était le lieu où le flamenco se réinventait avec de nouvelles voix et de nouveaux styles présentés au monde, une véritable plateforme pour l'audace et l'innovation. Aujourd'hui, la Biennale a cette tendance de se contenter de célébrer des artistes déjà établis et des figures emblématiques du passé, plutôt que de parier sur l'avenir et de présenter des nouveautés. À mes yeux, cette édition de 2024 se profile un peu comme les précédentes, manquant cette étincelle d'innovation qui faisait autrefois sa force. Elle reste d’une certaine manière, dans sa zone de confort.
En 2024, quelle direction prend le flamenco ? Quelles sont les tendances actuelles ?
Le flamenco est à la croisée des chemins de trois disciplines, la danse, le chant et la guitare, qui se sont développées de manières très différentes. Historiquement, le flamenco est né de la danse, c'était le mouvement du corps qui captivait, laissant la musique dans une position d’accompagnement secondaire. C'est au milieu du XIXème siècle que le chant a commencé à prendre une place centrale, lorsque les chanteurs ont réalisé que leur art avait suffisamment de poids pour se suffire à lui-même. Côté guitare, une véritable révolution a également débuté. Une nouvelle génération de jeunes guitaristes émergent, apportant avec eux des compétences techniques remarquables et une compréhension profonde du flamenco. Ils repoussent les limites de l'instrument et explorent de nouvelles sonorités, tout en restant fidèles à l'essence du flamenco. Le chant, cependant, est dans une situation plus délicate. Il y a un risque que cette discipline s'enferme dans la tradition, oubliant l'importance de l'innovation. Le flamenco, dans son essence, est un art en perpétuelle évolution. Si le chant ne trouve pas un moyen de se réinventer tout en respectant ses racines, il aura tout à perdre. Il est crucial de rappeler que le flamenco est né de la fusion de cultures et d'influences diverses. C'est un art qui s'est toujours nourri de l'extérieur, et c'est en continuant sur cette voie qu'il pourra rester vivant et pertinent…
Le flamenco est devenu un art mondial, avec des écoles et des passionnés partout dans le monde. Comment percevez-vous cette évolution ?
Cette évolution est naturelle et inévitable. Le flamenco, bien qu'il soit né dans le triangle andalou formé par Triana, Jerez et Cadix, a toujours été destiné à voyager au-delà de ses frontières. Ce qui est fascinant, c'est de voir comment cet art s'est adapté et a évolué dans différents contextes culturels, tout en restant fidèle à ses racines. J’aime rappelé qu’il a subi les influences d’éléments venus de parfois très loin, notamment de l'Afrique. Certains rythmes et mélodies que l'on retrouve dans le flamenco portent l'empreinte de la diaspora africaine. La bulería, par exemple, un des styles de flamenco les plus populaires, trouve une de ses racines dans les rythmes africains qui ont traversé l'Atlantique. Aujourd'hui, le flamenco est enseigné et pratiqué partout dans le monde, de Tokyo à Singapour, en passant par Berlin et New York. Ce qui compte, ce n'est pas tant le lieu où il est pratiqué, mais la passion, le respect et la compréhension de cet art. Le flamenco est devenu universel, et cette universalité est ce qui garantit sa survie et son évolution continue. Chaque nouvelle interprétation, chaque nouvelle fusion, enrichit le flamenco et le maintien vivant.
Vous avez souvent mentionné que le flamenco est à la fois un art universel et intime. Pouvez-vous nous en dire plus ?
L'une des particularités du flamenco est sa capacité à être à la fois grandiose et flamboyant et profondément personnel. Il peut être interprété sur les plus grandes scènes du monde, devant des milliers de personnes, mais aussi dans l'intimité d'une réunion familiale ou d'une petite fête entre amis. C'est cette dualité qui fait du flamenco un art unique. Il lui est associé une réelle authenticité et cette connexion directe avec les émotions humaines le rend extrêmement puissant.
Pour conclure, avez-vous d'autres passions en dehors du flamenco ?
Quand j'étais plus jeune, j'avais d'autres passions, notamment celle de faire l'amour, mais aujourd'hui, je ne vis que pour le flamenco (rires). Plus sérieusement, le flamenco a pris une place tellement centrale dans ma vie que je trouve difficile de me consacrer à autre chose. Chaque jour, je découvre quelque chose de nouveau dans cet art, que ce soit à travers l'écoute d'un ancien enregistrement, la lecture d'un poème flamenco, ou simplement en discutant avec d'autres passionnés. Le flamenco est un art vivant, en constante évolution, et c'est ce qui le rend si fascinant. Il y a toujours quelque chose à apprendre, quelque chose à ressentir, quelque chose à partager.
Merci beaucoup, José Luis, pour ce moment riche en passion. C'était un véritable plaisir de vous écouter.
Merci à vous, je vous souhaite santé, chance et amour. Et n'oubliez jamais que le flamenco est bien plus qu'un art, c'est une manière de vivre, une manière de ressentir le monde…