Les patios : un élément architectural incontournable en Andalousie

Rédigé le 01/07/2024
Frederic André


Le patio est le lieu de vie principal des maisons andalouses depuis des siècles. Ces constructions de maisons autour d’un patio central se sont développées sous l’influence romaine mais surtout lors de la domination des musulmans sur les terres du sud de la péninsule ibérique. On connait bien entendu l’importance de la chaux, véritable désinfectant naturel qui limite les proliférations bactériennes et le développement des mauvaises odeurs. Cette couleur immaculée est la mieux adaptée au climat du sud car le blanc reflète les rayons du soleil à l’inverse des couleurs sombres qui les absorbent. Dès lors, la chaleur n'entre pas à l'intérieur des habitations. C’est un choix écologique par excellence avec une peinture composée uniquement de pigments minéraux et d’adjuvants naturels (caséine, …). Opter pour cette couleur est bien entendu identitaire pour les villes et villages blancs du sud de l’Andalousie.



Mais au-delà de cette peinture particulière, les patios sont importants dans la physionomie des maisons andalouses classiques. A ciel ouvert, avec en son cœur une fontaine ou plus rarement un puits, c’est l’endroit de la maison où l’on recherche la fraîcheur. Traditionnellement aussi, on y plante fleurs et arbustes. Les effluves de jasmin et de fleur d’oranger inondent la maison. Cet espace de vie intérieur est clos, ouvert sur le ciel et généralement de plan carré. Il est souvent bordé d’une galerie ouverte où l’on peut circuler. « Patio » est un mot espagnol dont les origines remontent au XVème siècle. Il découle du latin « Pateo » qui signifie largement ouvert ou béant. Lors de l’Antiquité, ce modèle de construction va se généraliser dans les pays du sud de l’Europe comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne. L’architecture chrétienne et islamique vont adopter ce modèle et on le retrouvera par exemple dans les cloîtres des monastères ou les jardins jouxtant les mosquées. Les riads marocains traditionnels se sont aussi inspirés de cette architecture typique et en Andalousie, le patio de style andalou-hispano-mauresque a des caractéristiques propres, aussi influencées par les fincas et haciendas d’Amérique hispanique de la période des grandes conquêtes. Cette oasis est idéale pour les repas et la détente. La forme de cuvette qu’il revête engendre un microclimat au sein de l’habitation. En son centre, le point d’eau permet l’évaporation progressive de celle-ci, ce qui participe au rafraîchissement naturel du lieu. On place généralement des dalles ou des pavés au sol de manière à participer aussi au rafraîchissement. 



Les maisons du sud de l’Espagne, sont souvent tournées vers l’intérieur et possèdent généralement peu de fenêtres donnant sur l’extérieur. C’est donc le patio qui éclaire les pièces et qui permettent aussi leur rafraîchissement.

Le bassin, le puits ou la fontaine rappellent les systèmes recueillant les eaux de pluie dans le « domus », la villa romaine. Dans les mosquées, rappelons que ces bassins sont uniquement décoratifs car les ablutions ont généralement lieu dans des salles réservées, précisément dédiées à cette fonction de purification.

Côté décoration tout est permis. Ils peuvent être embellis de colonnades et de jolies céramiques colorées. On les habille aussi de jolis ornements, d’outils du passé ou encore d’objets en lien avec la culture andalouse telle qu’en lien avec le flamenco.



Rappelons que c’est probablement à Cordoue que ces patios sont le plus fêtés lors de la fameuse Fête des Patios de Cordoue qui se déroule chaque année au printemps. Les habitants ouvrent exceptionnellement leur patio au public pendant deux semaines en mai (la deuxième et la troisième). Cette fête trouve ses origines peu avant la Guerre Civile espagnole mais c’est en 1947 que le concours débute réellement. Plusieurs catégories avec des prix départagent la cinquantaine de patios inscrits annuellement. Cette célébration est inscrite au Patrimoine Culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.