Trésor de la campagne sévillane, Ecija

Rédigé le 17/05/2024
Frederic André


Esprit Sud vous emmène découvrir une ville magnifique logée dans la campagne sévillane.

Située à équidistance de Carmona que de Cordoue (un peu plus de 50 kilomètres), la ville d’Ecija renferme une série de palais et d’églises qui méritent de s’y attarder. De la Place d’Espagne, son centre névralgique d’où part une série de rues et ruelles, on peut voir pointer toute une série de clochers. La ville porte le surnom de « poêle de l’Andalousie », une réputation qui n’est pas exagérée car une fois l’été, les températures qui règnent dans cette fournaise sont tout simplement insupportables.

Si l’on s’intéresse aux origines de la cité, on trouve ses fondations au VIIIème siècle avant J.-C. à l’époque de la civilisation tartessienne.


Jusqu’à la conquête romaine, qui débute dans la région environ deux siècles avant JC, Ecija est un petit village de huttes, au bord de la rivière Genil, au pied de la colline Cerro del Alcázar ou San Gil.

La ville connaît sa période de splendeur sous les Romains. En l’an 14 avant Jésus Christ, on y fonde la dénommée “Colonia Augusta Firma Astigi”, une grande ville avec un système de rues pavées établi selon un quadrillage, avec des égouts, un réseau de distribution d’eau, un forum, des temples, des thermes et un amphithéâtre, près d’un pont par lequel la Via Augusta traversait la rivière Genil. Lors de cette époque faste, elle est la capitale de l’un des quatre territoires de la Bétique, avec 49 villes et couvrait plus ou moins les provinces actuelles de Cordoue, de Grenade et de Jaén. Sa principale richesse provenait des cultures de l’olivier et de l’exportation de cette huile vers la future Italie, en utilisant la voie fluviale du Genil et du Guadalquivir puis la voie maritime au départ de Séville. D’ailleurs à Rome, le Mont Testaccio est principalement constitué de la céramique des amphores ayant permis cet acheminement. L’étude d’échantillons a conduit à la conclusion que 80 pourcents de ces déchets de céramique sont originaires de cette région andalouse.

Plus tard, au sein de l’empire Al-Andalus, la ville reste un important centre culturel et un lieu capital d’un point de vue religieux après une courte période de domination wisigothe. Sous cette ère islamique, Istiya ou Astiŷa devient une capitale de province de l’émirat et du califat. Une importante colonie berbère s’installe sur les terres fertiles qui entourent la ville. Les musulmans introduisirent les cultures irriguées, cultivent le coton (d’ailleurs Ecija est aussi appelée Madinat al-qutn, «Ville de coton »).



En mai 1240, Ecija fut conquise par le Roi Ferdinand III. Ses terres sont alors divisées entre les nobles, les ordres militaires et l’église. Le XVIIIème siècle sera celui du baroque. Ecija vit alors un « siècle d’or ecijano » avec la splendeur des somptueux palais qui y sont construits et les nombreuses églises qui y sont érigées. Sur les terres de la ville se concentrent pouvoirs aristocratiques et ecclésiastiques. La ville dispose encore aujourd’hui de l’un des plus précieux héritages de l’art architectural baroque andalous, voire de toute la péninsule ibérique. Les palais, les églises et leurs clochers (ces tours ont rendu célèbre la ville et lui vaut son surnom la « ville des tours »), ses monastères, ses couvents renferment de véritables trésors. On y découvre du mobilier de toute beauté et des archives constituant un patrimoine historique exceptionnel.

En 1402, Henri III restitue à Ecija le titre de «ville» et s’en suivent de nombreuses faveurs royales, Carlos Ier ajoute «très loyale» à celui de «très noble», titre qu’elle portait déjà. Philippe V lui accorde le titre de «constante, loyale et très fidèle» en 1710. En 1880, c’est Alfonso XII qui en rajoute une couche et lui décerne le titre «excellentissime». De manière plus contemporaine, plus récemment, Ecija est reconnue comme «grand ensemble historico-artistique» en 1966.

Parmi les lieux incontournables de la ville, ne manquez pas le Palais des Marquis de Benameji. Il s’agit d’une perle architecturale de style baroque datant du XVIIème siècle. On y retrouve un superbe espace culturel, le Musée Historique Municipal, avec notamment de superbes mosaïques romaines. Le palais possède plusieurs cours, plus belles les unes que les autres. On y retrouve d’anciennes écuries, des salles et salons de toute beauté et une collection impressionnante de mobiliers.



Le Palais des Marquis de Peñaflor est un autre bâtiment emblématique de la ville. Il est également connu sous le nom de Palais des Balcons Longs, autre belle illustration du baroque espagnol. Construit entre 1700 et 1775, il impressionne par sa longue façade incurvée (plus de 60 m de long) s’adaptant au tracé de la rue. De nombreuses peintures en trompe l’œil ajoutent un charme certain à sa façade monumentale (avec des blasons, de fausses fenêtres et autres figures décorant les balcons). Le séduisant portail baroque sculpté en pierre flanqué de colonnes doriques complète l’ensemble. 



Le Gremio de la Seda est aussi un bâtiment dont la façade est un véritable bijou. Cet immeuble a appartenu à la Guilde de la soie (association de marchands au Moyen-Âge). Ce groupement de professionnels était impliqué dans la fabrication de la soie. D’une haute influence à l’époque et d’une grande renommée dans toute l’Espagne, il fallait compter avec cette guilde à l’époque. Même si on ne retrouve pas un impressionnant portail, Les éléments floraux et motifs végétaux peints sur la façade sont d’une finesse incroyable, ajoutant encore plus de magie à cet édifice somptueux. 



Lors de votre promenade, vous atteindrez des miradors aux panoramiques impressionnants. Vous serez surpris par la succession de places magnifiques construites face à des églises vous invitant à franchir leurs portes pour découvrir les trésors qu’elles renferment. Une offre gastronomique et une série de fêtes traditionnelles contribuent aussi à l’enchantement. La Semaine Sainte s’y vit avec intensité et la Vierge del Valle est célébrée le 8 septembre (d’ailleurs Valle est le prénom féminin le plus répandu au sein de sa population atteignant 40.000 habitants).