L’image de la capitale andalouse est indissociable de ses spectacles religieux et mystiques. Bien entendu, la Semaine Sainte correspond aux fêtes les plus religieuses et aux processions les plus mythiques. Mais la soixantaine de confréries de la ville offrent tout au long de l’année de superbes moments chargés d’une intensité esthétique et spirituelle unique en son genre. Ce fut le cas ce samedi 14 octobre avec les sorties de trois figures religieuses comme un art et comme le moteur d’un profond sentiment spirituel. Dévotion et émotions intenses étaient au rendez-vous de ce phénomène réellement populaire, auquel participe la population entière, sans distinction de classes, mêlant à la fois la religion et le domaine artistique.
Fin d’après-midi, c’est la sortie de la Vierge du Rosaire du Dos de Mayo de la chapelle de la Confrérie de las Aguas qui a attiré tous les regards. Un parcours de près de quatre heures attendait la somptueuse Vierge. La Passion du Christ est une source d’inspiration majeure et inépuisable pour les compositeurs de toutes les époques. Les musiciens qui précèdent ou suivent les figures religieuses emportent les spectateurs ébahis. Ils les plongent dans d’intenses émotions. Cuivres et percussions créent une ambiance musicale unique qui se mêle au parfum étrange de l’encens pour cette expérience mystique ultime.
Les frères « costaleros » participent aussi à cette magie. Leur intégration progressive au XXème siècle permet aujourd’hui ce spectacle intense. Leur puissance dans cet effort si difficile est admirable et impose le respect.
En début de soirée, les rues et ruelles de Séville offraient un passage privilégié à la Vierge de Montemayor de l’Église de San Juan de la Palma. Le « paso » illuminant l’obscurité suspend le temps. Les chandelles donnent une dimension particulière à ces processions qui se déroulent le soir. Un silence profond devant tant de beauté envahit le quartier.
Enfin, la Vierge de las Mercedes de la Puerta Real, captivante et majestueuse réussit à conquérir les âmes et les cœurs des Sévillans. En définitive, les processions de Séville ne sont pas uniquement une fête catholique avec plus de quatre cents ans d’histoire. Elles sont devenues au fil du temps, la synthèse de toute une culture fondée sur le plaisir des sens et l’essence de l’être humain.
