La « petite manchote » et ses secrets!

Rédigé le 20/09/2023
Frederic André

La Cathédrale de Malaga cache de nombreux secrets et compte plusieurs singularités qui vous surprendront chers lecteurs!

Le temple religieux renferme d’innombrables mystères, curiosités et œuvres de valeur qui peuvent passer inaperçus… Durant les deux mois de l’été, en juillet et en août, près de 111.000 personnes ont franchi les portes de la cathédrale pour découvrir la splendeur de son intérieur. C’est un record de fréquentation pour la plus importante des églises de la capitale de la Costa del Sol qui avec cet été, et qui a amélioré de plus de 10% son record de fréquentation! Fêtons ce chiffre record avec une série d’informations insolites sur la plus célèbre manchote d’Andalousie!

On pense connaître cette grande dame, pourtant celle-ci dissimule derrière ses murs bien des secrets et des histoires surprenantes. Alors pénétrons ensemble dans cet édifice du patrimoine andalou à la valeur inestimable…



Coquillages et fossiles

Ouvrez l’œil! Des fossiles d’ammonites peuvent être observés sur le sol et des coquillages sont aussi incrustés dans les murs du temple religieux. À l’œil nu, on peut croire à une simple veine dans la pierre mais il s’agit bel et bien d’une forme circulaire caractéristique de ces mollusques marins disparus au Crétacé. Le fossile est scellé dans une dalle de marbre rouge placée à l’entrée de la Cathédrale. La pierre provient d’une carrière de la Sierra de Mijas. Elle y fut extraite au XVIième siècle. Ce sont des morceaux de coquillage qui ornent certains murs de l’église. La pierre a été extraite d’une carrière d’Almayate.



Une immense toile en peau d’éléphant

« L’Exaltation de San Francisco Caracciolo » est une immense toile couronnant le portique principal. La légende dit que cette œuvre est réalisée sur la peau d’un éléphant et cela sans la moindre couture alors qu’elle mesure plus de 5 mètres de long !


Des graffitis sur les murs intérieurs de la Cathédrale

A notre époque, aucun mur n’échappe aux graffitis. La Cathédrale ne fait pas exception car sur les murs des Ubillos, les tourelles circulaires aux différents niveaux, on retrouve une série de signatures, des noms avec des dates mais aussi le croquis d’une frégate, le dessin d’une maison seigneuriale et même un portrait, celui d’El Litri, un matador espagnol. Dans cette zone actuellement fermée au public, vivait jusque dans les années 70, des personnes travaillant dans la Cathédrale.



Bras et tête sacrés!

Prenons la direction de la sacristie pour y observer deux reliques exceptionnelles. La tête d’une des vierges ayant accompagné le martyre de Sainte Ursule mais aussi le bras de Saint-Sébastien donné au temple des allures de cabinet de curiosités vous y attendent. Les restes sacrés y sont renfermés depuis 1767.



Quand Big Ben s’invite dans la Cathédrale !

Dans une chapelle latérale est exposée l’ancienne machinerie de l’horloge de la Cathédrale, un système ingénieux qui fut construit à Londres en 1868. Ce cadeau de la famille Larios au clergé est une pièce de musée avec la signature de J.R. Losada, l’horloger espagnol le plus célèbre de son temps. Pour rappel, il est à la base de l’horloge de la Puerta del Sol et a terminé le mécanisme de la célèbre tour Big Ben de Londres où il résidait.



Un autel à la peinture prestigieuse

La peinture de « La Vierge du Rosaire » est en réalité une allégorie du patronage de la Vierge sur les ordres religieux. Elle est appelée populairement Vierge du Rosaire pour le chapelet qui soutient l’un des anges. Cette commande de Fray Alonso de Santo Tomés, évêque de Malaga, à son ami, le peintre Alonso Cano est considérée comme l’un des plus prestigieux tableau d’autel en Espagne (avec la catégorie BIC).



Temple religieux mais aussi forteresse

Lors de sa construction au début du XVIème siècle, la Cathédrale fut pensée comme un temple religieux mais aussi comme une forteresse où l’on pouvait trouver refuge lors d’une invasion de l’ennemi musulman. C’est pourquoi, pour attaquer les navires ennemis, les gargouilles de la façade donnant sur la mer ont été conçues en forme de canons. Un autre système ingénieux de défense se trouve dans la sacristie avec une structure lourde en bois de près de trois mètres pour bloquer l’accès.



Un chœur exceptionnel sous la patte de trois sculpteurs

Le chœur est l’un des ensembles sculpturaux les plus remarquables du baroque espagnol. Sculpté dans du bois d’acajou, cette œuvre porte la signature de trois artistes différents Luis Ortiz de Vargas ( pour la structure générale, la Vierge et les images de Saint-Pierre et de Saint-Paul), José Micael Alfaro ( a, par contre, continué les travaux sans trop brillé) et Pedro de Mena ( qui s’est chargé de finaliser l’œuvre avec 40 sculptures manquantes avec un réalisme qui fait la différence). L’œuvre est admirable et tous les reliefs du chœur sont uniques.


Une chaise particulière pour surveiller l’entrée

Cette assise est à la vue de tous mais peu de personnes remarquent cette étrange pierre adossée à l’immense colonne qui trône face à l’entrée de la Cour des Chaînes. Ce petit siège est unique et servait à un subalterne de la Cathédrale qui y prenait place pour surveiller l’accès avec un généralement un cintre à la main pour effrayer les chiens et les voyous. Cette petite colonne romaine est étonnamment confortable…


Des partitions baroques comme s’il en pleuvait !

L’une des tours abrite un autre trésor de la Cathédrale, ce sont des archives musicales assez exceptionnelles. Cette collection impressionnante de manuscrits et de parchemins du baroque espagnol est la plus grande collection de chants grégoriens d’Espagne, dépassant celle conservée à la Bibliothèque Nationale. Les manuscrits datent principalement du XVIème siècle et le plus impressionnant pèse plus de 45 kilogrammes !


Une couleuvre pour soufflet !

C’est un mécanisme très curieux sous la forme d’une couleuvre qui indique la pression de l’air dans l’instrument à vent pour faire sonner les milliers de tube. L’organiste peut donc jauger la pression dans son instrument avec cette couleuvre qui sort ou se replie dans son antre. La Cathédrale possède ces orgues jumeaux datant du XVIIIème siècle, réalisés par Julián de la Orden. Ils fonctionnent comme à l’époque. La seule chose qui a changé est le remplacement du soufflet dans lequel deux personnes insufflaient de l’air par un système automatisé.



La Vierge des Rois présente à la Reconquête de la ville par Isabelle et Ferdinand

Voici une sculpture datant du XVème siècle près de laquelle les Rois Catholiques auraient célébré la première messe catholique dans la cité après la Reconquista en 1487. En 1628, Pedro de Mena y Medrano fut chargé de réaliser deux sculptures des célèbres souverains conquérants qu’il plaça sur l’autel de part et d’autre de la Vierge. Aujourd’hui, la sculpture gothique trône dans une petite chapelle de la partie latérale gauche de la Cathédrale.

En possession de ces secrets et informations insolites, votre prochaine visite de la « Santa Iglesia Catedral Basílica de la Encarnación » prendra une autre dimension. Partez donc à la découverte de l’une des merveilles de la Renaissance en Andalousie. Celle qui fut construite sur l’ancienne grande Mosquée de la ville il y a 6 siècles vous surprendra encore et toujours …