Nous sommes allés à la rencontre d’Héloïse de Flandre, une romancière que nous vous invitons à découvrir, chers lecteurs. Quadragénaire épanouie et passionnée, cette française originaire des Hauts-de-France, toujours là où l’on ne l’attend pas, est une vraie globe-trotter. Il y a quelques années déjà, elle a posé ses valises à Estepona, en Andalousie et c’est justement là que se déroule la trame de son roman «Belles du Nord. L’œil andalou».
La genèse du roman est à chercher dans les décors magnifiques du désert de Tabernacle à Almeria. En effet, Héloïse fait la connaissance de Pedro Cesar Artero, le directeur d’AlmeriaFilms, une société de production de films western. De leur rencontre, va naître le projet d’un film. Un scénario va rapidement s’écrire. Un amour de vacances, dans les années 70, qui aura pour conséquences, de marquer à jamais la vie des personnages. En raison de la crise sanitaire, le projet cinématographique est mis entre parenthèses. Il en faut plus pour arrêter la téméraire Héloïse. Elle rebondit et profite du confinement pour en écrire un roman. Elle tente sa chance auprès de différentes maisons d’édition et signera dans la foulée avec Spinelle. En juin 2021, éclot « L’œil andalou » qui dès sa sortie connait un joli succès.
Héloïse le décrit merveilleusement bien. « Mon roman peut s’écrire au passé, au présent, voire même au futur. Il est (…) le constat doux et amer à la fois, de la grandeur de l’amour et de la difficulté d’aimer librement ». Elle voue aussi une passion sans fin à l’Andalousie et ce roman est un véritable cri du cœur. Elle partage avec le lecteur son admiration devant certains lieux. Elle décrit avec mille et un détails les us et coutumes et ne manque pas de distiller ses points de vue entre les lignes. Les rencontres entre les personnages sont souvent l’occasion de débattre et d’exposer les différents axes argumentaires sur des sujets aussi variés que la corrida, la coexistence entre expatriés et locaux, les traditions familiales ici dans le sud de l’Espagne…
- On était allé en voir une quand on était jeunes, c’est magnifique ! Tu te souviens Paul?
- Oui, je me souviens même qu’un torero s’est cassé le poignet en tuant le taureau.
- Oh ! Quelle horreur ! Moi, je ne vais pas voir cela! s’exclame tante Catherine.
- Comment cela ? Mais c’est un très beau spectacle! poursuit Marie.
- Tu plaisantes ? Aller torturer un pauvre animal pendant une demi-heure avant de l’achever sous les applaudissements des sauvages !
- Des sauvages ? Mais tu rigoles ?
- Non, je ne ris pas, je suis même très sérieuse. Je n’irai jamais voir ça. Pauvres bêtes ! On se croirait encore au temps des Romains !
- Oh ! N’exagère pas ! C’est un combat, d’accord, mais tu reconnaîtras qu’il faut une sacrée dose de courage pour se confronter à un animal comme ça. Et puis, ça fait partie de la culture locale.
- De la barbarie ! Voilà ce que c’est !
Le roman amuse, tout autant qu’il émeut. Il a aussi un côté universel, doublé d’une sobriété du langage. On y retrouve un côté « Marcel Pagnol », écrivain qu’Héloïse affectionne également. Il est possible de faire un parallélisme entre la Provence cosmopolite et la Costa del Sol qui l’est tout autant. Si Pagnol, n’a jamais oublié ses racines provençales, on peut dire d’Héloïse, que si elle a acquis « l’œil andalou », son cœur reste malgré tout lillois. Le roman nous emmène également dans le vieux Lille et certains tableaux aux couleurs du nord de la France sont vraiment magnifiques, en parfait contraste avec ceux de l’Andalousie. Sommeille également en elle, une véritable guide touristique ! Le livre est certes un roman mais il est doublé d’un guide de voyage. On y découvre bien entendu certains lieux « phares » du sud de l’Espagne mais également d’autres lieux en France notamment. Les étapes du voyage menant nos personnages à Estepona, sont extrêmement bien décrites et détaillées. On découvre Aubusson, Ricoux, la maison de la Bonne Dame de Nohant où a vécu George Sand. On regrette presque que les protagonistes furent si pressés et décidèrent de faire la route si rapidement pour aborder une nouvelle ville, en faisant l’impasse sur des villes comme Madrid, Tolède ou Séville.
Héloïse, accompagnatrice de voyage, est également habile dans les descriptions des méandres qui accompagnent la recherche d’un appartement dans le sud ou dans certaines difficultés administratives (pistes pour trouver un emploi, inscription à l’école…). Ce roman se double d’un guide d’expatriation et nombreux étrangers installés ici en Andalousie souriront ou grinceront des dents lors de la lecture de certains passages. Une sensation de déjà-vu peutêtre… Ce roman fait aussi la part belle aux femmes, aux f igures féminines, voire féministes. Elles phagocytent la gent masculine, ramenée au second plan. Manuela et Marie ont de fortes personnalités et sont déterminées à accomplir tout ce dont elles rêvent. Elles mettront tout en œuvre pour arriver à leurs objectifs, et ce de la meilleure des manières ; des femmes fortes qui savent ce qu’elles veulent et comment y parvenir. Elles ont confiance en leurs capacités et ne redoutent pas l’échec ! Indépendantes, elles savent aussi prendre des décisions difficiles et dire ce qu’elles pensent.
- Mais Marie, je t’aime !
- Moi aussi, je t’aime ! Mais de là à se marier ! Faut pas exagérer ! Moi, je ne veux plus me marier! Jamais, tu m’entends ? Jamais
- Mais enfin… pourquoi ?
- Parce que je suis libre, moi ! Libre ! Et que j’entends bien le rester !
Le livre est clairement un scénario étoffé d’un film ; le projet cinématographique reposant sur le roman a d’ailleurs récemment pris une nouvelle tournure. Une série devrait être réalisée et les acteurs ont déjà été « castés ». Héloïse et le producteur Pedro Cesar Artero sont en pourparlers avec le géant Netflix ! Quant à l’avenir, Héloïse de Flandre prépare une suite ou plutôt un roman en lien avec « L’œil andalou ». L’un des personnages secondaires du roman a le projet de vivre en Sicile ; cela tombe bien, Héloïse y a vécu et y a étudié. Fourmillant de projets, notre auteure a également entamé l’écriture d’un roman de science-fiction.
Découvrez, chers lecteurs, cette belle histoire d'amour qui émeut autant qu’elle fait rire. Mais « L’œil andalou » n’est pas uniquement cela… C’est un peu « Bienvenue chez les Ch’tis » à la sauce andalouse. On y retrouve de l’humour, de l’émotion, un lexique étoffé, une mine d’informations aussi… Tout ce qui fait le charme de l’Andalousie y est également décrit de manière délicieuse et pertinente. Des grilles de lecture permettant de comprendre les us et coutumes locales et leurs oppositions, parfois radicales, à celles du nord de la France.
Construit également comme un guide de voyage, le roman nous invite à découvrir tous les lieux qui sont chers à son auteure, que ce soit à Estepona ou dans ses environs. Alors, suivons Héloïse, notre guide du jour !
Prenons maintenant la direction de la plage de la Rada. Cette jolie plage de sable gris de deux kilomètres de long est un endroit idyllique pour une baignade tranquille ou pour se régaler dans l’un des nombreux chiringuitos du coin. On y apprécie le célèbre poisson frit et les délicieuses brochettes de sardines, les « espetos ». C’est dans un de ces restaurants que travaille Paco. C’est aussi là que l’on brûle les « Juas » lors de la fête de Saint Jean.
Alors que les femmes du village se baignaient les pieds en relevant leurs jupes, les touristes dévergondées, selon les critères locaux, (…) étalaient prétentieusement leurs corps à moitié nus sur des serviettes multicolores.
Direction Avenue Juan Carlos 1er où, de son rondpoint fleuri, émerge la statue de deux amoureux. Il s’agit de la sculpture dorée de Santiago De Santiago, intitulée « Tatuaje ». Héloïse l’a rebaptisée comme étant la statue de Marie et de Paco.
Éternel symbole de cet amour infini, aujourd’hui encore, à Estepona, au beau milieu d’un rond-point dûment fleuri de l’avenue Juan Carlos 1er, on peut voir la statue de Paco et Marie, jeunes et heureux. Une magnifique statue dorée, qui brille sous le soleil andalou. Indifférents, les gens tournent autour d’eux… S’ils savaient…
Prochaine étape, autre jolie plage qui vaut le détour, la plage du Christ (Playa El Cristo). Située à la sortie ouest de la ville, cette étendue de sable fin a une véritable personnalité. Sa forme en arc de cercle, sa proximité avec le port, sa mer ultra-calme même lorsqu’il y a du vent. Aux allures de petite crique romantique, elle a vu naître l’idylle de Marie et de Paco…
Comme le dirait François Deguelt : « Il y a le ciel, le soleil et la mer ». Tout comme dans la chanson (…) Elle marche le long du rivage et s’éloigne en silence. Les jeunes gens se lèvent. Ils se promènent au bord de l’eau, l’air est doux. Sur sa palette, le ciel joue avec les couleurs du couchant, dessinant peu à peu une nouvelle nuit étoilée.
On ne peut quitter Estepona sans s’attarder sur le quartier d’enfance de Paco. La place de l’Horloge, nichée au cœur du centre historique de la ville, avec sa tour du même nom, est un lieu de de toute beauté. Entrons dans l’église de Los Remedios, jadis mosquée sous la domination musulmane…
Il montre à Manuela le joli kiosque à musique où l’été sont organisés des concerts. Puis il lui explique que cette fameuse tour de l’Horloge était à l’origine le minaret d’une mosquée arabe. Après la Reconquista, les catholiques se sont empressés de la transformer en clocher.
Sortons maintenant d’Estepona et rendons-nous à Casares, le village blanc voisin aux accents andalous classiques ; il renferme maisons blanches et ruelles escarpées. Accroché solidement à son piton montagneux, il doit son nom au célèbre Jules César. Le Romain se rendait aux thermes de La Hedionda, pour soigner ses infections cutanées et ses problèmes de foie.
L’eau froide jusqu’aux mollets, elles avancent bravement à contre-courant. (…) -Maintenant il faut laisser sécher quelques minutes. Ils en profitent pour faire quelques photos, histoire d’immortaliser ce « grand moment ». (…) Au soleil, l’argile sèche rapidement, on dirait des petits gris maintenant.