Rencontre avec Anne-Lise Besnier

Rédigé le 21/07/2023
Frederic André

Quand les romans deviennent les meilleurs anxiolytiques !

Esprit Sud Magazine est allé à la rencontre d’une passionnée de la vie. Croiser Anne-Lise Besnier le temps d’une interview, c’est la garantie de s’offrir un moment « feel good ». La trentenaire qui a déjà quelques romans à son actif, a une vision du monde qui l’entoure teintée de dérision et d’humour. Sa plume fluide et riche en émotions nous transporte vers des aventures humaines hautes en couleurs. Les personnages que l’auteure nous propose sont attachants, drôles et d’une grande sensibilité. Ses romans sont avant tout des messages et des réflexions sur la société qu’elle nous fait passer à travers son humour grinçant. Embarquer dans un roman d’Anne-Lise Besnier, c’est la certitude d’un bon moment de lecture qui vous pousse à découvrir ses autres récits ! 



Bonjour Anne-Lise Besnier. C’est un réel plaisir de partager avec vous ce moment. Quelle est la description que vous faites de votre écriture ? Comment la qualifieriez-vous ?

J’aime traiter des sujets denses avec légèreté. J’ai par exemple écrit une comédie sur le suicide collectif et je vous le promets, on rit ! J’affectionne particulièrement les romans à la scandinave. J’aime l’humour noir, le détachement face à des sujets lourds. J’adore par exemple Fredrik Backman et son merveilleux roman « Vieux, râleur et suicidaire : la vie selon Ove». Je regarde aussi beaucoup de séries pour m’inspirer du rythme et de l’évolution des intrigues. Bon, il faut avouer que c’est aussi parce que je réussis à me convaincre que je travaille quand je suis sur Netflix ! (rires…) 


Petit clin d’œil à votre roman « Les vieux qui se faisaient la malle », si vous pouviez planifier votre propre mort, elle aurait des allures de quoi?

Si je pouvais planifier celle-ci, d’abord, je ferais comme mes vieux dans le roman. Je ferais n’importe quoi. Je me ferais tatouer ce qui me passe par la tête. Des blagues surtout. Je danserais jusqu’à l’épuisement et je pense que j’opterais pour la même mort que celle choisie à la fin de mon roman par certains des protagonistes parce que c’est ce qui m’a inspiré. J’ai trouvé leur départ élégant et pratique. 


À ce propos, avec « Les vieux qui se faisaient la malle » et « La vieille qui cassait la baraque », c’est faire le choix de conter des histoires autour de personnages du 3ème voire 4ème âge, est-ce un acte conscient de l’ancienne webmarketeuse qui sommeille toujours en vous et d’aller chercher cette tranche de la population qui est un public qui achète beaucoup de bouquins?

J’ai tenté d’écrire une histoire sur une trentenaire avec « Chakras, tapioca et anxiolytiques » et dès le troisième chapitre, la grand-mère a débarqué ! Et ça a donné un roman à deux voix. Je crois que je suis à la fois une petite f ille et à la fois une vieille dame. Mon sport, c’est la belote. Je crois que ça répond à la question. 

Vous avez prouvé avec « Les vieux qui se faisaient la malle » que l’on peut aborder des thèmes lourds avec légèreté et humour. Vous autoriseriez-vous cette même approche pour certains thèmes sensibles? En résumé, avez-vous des interdits?

Je n’en ai pas et encore moins parce que c’est moi qui me fixe mes propres règles. Pratique. J’ai plusieurs noms d’auteure et en ce moment j’écris une comédie sur le viol sur mineur alors je crois que rien n’est impossible. L’important, c’est de véhiculer un message. Peut-être qu’il y a un sujet sur lequel il ne faut pas blaguer, un sujet grave et trop lourd : peut-on mettre de la crème fraîche dans les pâtes carbonara ? (rires…) 


Sujet hautement sensible en effet. Votre passion pour l’Andalousie d’où vient-elle?

Ma mère m’a toujours dit « n’écris pas de livre, tout a déjà été fait » et « l’Andalousie, c’est le paradis ». J’ai au moins écouté et intégré une des deux phrases. J’ai fait mon Erasmus à Cordoue, j’ai eu longtemps un petit appartement à Séville et maintenant je débarque à Malaga. J’ai l’Andalousie en moi. Je m’y sens sereine. Allez comprendre…

Ah mais je vous comprends parfaitement. Votre mère a raison, l’Andalousie, c’est le paradis. Quels sont les coins que vous appréciez à Malaga ?

J’aime beaucoup le quartier de pêcheurs d’El Palo et ses plages sans trop savoir pourquoi. Je le préfère à celui de Pedregalejo. J’aime aussi beaucoup l’ambiance qui règne à El Balneario, los Baños del Carmen et son restaurant.

Revenons à vos romans, comment se construisent vos personnages souvent loufoques, y a-t-il une base autobiographique, sont-ils en partie inspirés par des personnes qui vous entourent?

Je ne les qualifierais pas de loufoques… ils sont normaux selon ma normalité ! J’aime le décalage et ils se construisent naturellement comme ça. Je pense que le bonheur se trouve dans l’interstice entre l’absurde et le sérieux. 


En fait, vous êtes belge ? 

C’est drôle ce que vous me dites. En fait, ma grand-mère était belge.

Quelle est la question que vous détestez d’un journaliste?

La question que je déteste qu’on me pose « si vous pouviez dîner avec une personne célèbre ce serait… ». Franchement, je ne sais jamais quoi dire…

Et quelle serait celle que vous aimeriez que l’on vous pose?

La question que j’aimerais qu’on me pose : « voudriez-vous s’il vous plaît me délester de ce million que j’ai en trop ? ». (rires…)

Avant de nous quitter, pouvez-vous nous en dire plus sur votre prochain roman ?

Sous mon nom Anne-Lise Besnier, je suis en train d’écrire un roman sur un gamin chti qui débarque sur le bassin d’Arcachon. C’est une comédie totalement déjantée sur la disparition d’un enfant harcelé qui émeut tout un village animé en partie par les frasques d’une vieille dame qui, un jour sur deux, se prend pour Dalida.

Encore une vieille dame qui nous fera beaucoup rire, c’est certain. Merci beaucoup Anne-Lise Besnier et beaucoup de bonheur sur la Costa del Sol. Que la douce et paisible vie au soleil ne nous prive pas du plaisir de vous lire !

Merci à vous et à bientôt sous le soleil ! 



L’auteure fut révélée au public grâce à deux romans sortis en 2020 aux Éditions City. «La vieille qui cassait la baraque» est une comédie décalée dans laquelle Colette fait des siennes (elle part en cacahuète comme Anne-Lise aime le rappeler). Quant au roman « Les Vieux qui se faisaient la malle », il raconte l'histoire farfelue de quatre copains prêts à tout pour enfin décider de leur destin. Le décès de leur copain déclenche en eux un électrochoc : ils vont enfin oser, être les acteurs de leur propre vie jusqu’à décider de la manière avec laquelle ils passeront l’arme à gauche. Une dernière aventure complètement loufoque et drôle à souhait les attend. Sa dernière pépite «Chakras, tapioca et anxiolytiques» est sortie en 2022 et suit les traces de Nina qui à l’approche de la quarantaine opte pour une vie sereine et rangée. Un secret de famille va bouleverser le long fleuve tranquille de son existence …