Connaissez-vous le « cenachero » ?

Rédigé le 12/07/2023
Frederic André

Lors de vos balades dans le centre-ville de Malaga, vous avez certainement croisé des illustrations, des petits souvenirs ou une statue en bronze représentant un personnage populaire de la ville.

Le « cenachero » était un vendeur ambulant de poissons. Cette figure traditionnelle de Malaga se consacrait à la vente de poisson frais dans les rues de la ville qu’il arpentait avec ses paniers.

La plupart du temps, il s’agissait d’enfants qui pêchaient le poisson frais dans la baie de Malaga et qui participaient à cette vente ambulante par la suite. « Cenachero » trouve ses origines dans le mot « cenacho » désignant ces paniers confectionnés de manière artisanale qui permettaient le transport de ces poissons.



Il s’agissait bien entendu d’un métier difficile car chaque panier attaché à une corde pesait plusieurs kilogrammes. Les jeunes garçons devaient garder un certain équilibre. D’ailleurs ces vendeurs et leurs paniers nous évoquent immédiatement l’image d’une ancienne balance avec ses deux plateaux à l’équilibre. 



Il faut se plonger à la fin du XIXème et au début du XXème siècle pour retrouver ces courageux bambins même si certains écrits du siècle qui précède relatent déjà cette profession. Bien entendu, il est impensable aujourd’hui d’imaginer des enfants travailler de la sorte. De plus, vendre du poisson dans de telles conditions sanitaires est inimaginable aujourd’hui. Les « cenacheros » proposaient principalement des anchois et des sardines. Ce dernier poisson compose les célèbres « espetos », les délicieuses brochettes cuites dans les paillottes de plage, les « chiringuitos ». Leur activité était surtout concentrée pendant les 4 mois de la fin du printemps et du début de l’été. La saison de la pêche des sardines correspond aux mois ne contenant pas la lettre « r », à savoir mai, juin, juillet et août. Autant dire qu’il s’agit de la période la plus chaude de l’année où les valeureux « cenacheros » se donnaient du cœur à l’ouvrage. Ces conditions de travail étaient particulièrement difficiles et ces enfants travaillaient la plupart du temps à pied nu.

À la fin du XIXème siècle, le quartier d’El Palo était un village de pêcheurs en plein essor économique. Avec la mise en place du tramway et du train, les Andalous provenant d’autres régions débarquèrent en masse lors de l’été. A cette même époque, Miguel Martinez Soler dit "Migué el de las sardinas" ouvre son célèbre bar sur la plage, « La Gran Parada ». Il a été le pionnier des « chiringuitos » sur la Costa del Sol et Miguel a eu l’idée ingénieuse de piquer les sardines sur un branche de canne à sucre et de les cuire ensuite sur le sable près du feu. Selon lui, c’est sur la plage que le poisson acquiert l’odeur de la brise marine lors de sa cuisson que l’on appelle « amoraga » (qui signifie en arabe « brûler »). Cette culture du soleil et de la plage se popularise très rapidement, à un point tel qu’elle attira des figures de grande influence qui désiraient vivre cette expérience l’été comme par exemple le Roi Alphonse XII.

 



Quant au « canachero », découvrez une très belle statue en bronze le représentant sur la Place de la Marina, derrière l’Office de Tourisme. Elle a été réalisée en 1968 par l'artiste originaire de la ville, Jaime Fernández Pimentel.

Le Cenachero est porté dans le cœur des habitants de Malaga tout comme l’est le « biznaguero », le vendeur de la « biznaga », emblématique bouquet de jasmin. Ces deux personnages témoignent de l’identité de la ville de Malaga et de son héritage culturel.