La Saca de las Yeguas, une tradition à Huelva

Rédigé le 25/06/2023
Frederic André

Voici venue une date importante pour le village d’Almonte qui compte bien entendu parmi ses fêtes importantes l’impressionnante procession del Rocío. En effet, le 26 juin est le jour de la transhumance du bétail de la zone de pâturage de Doñana et de ses magnifiques marais à Almonte.



Les origines de ce grand rendez-vous pour le village du Rocio sous forme réglementée sont à rechercher au XVIème siècle. C’est une ordonnance du Duc de Medina Sidonia qui offre en effet un cadre légal au transport du bétail de la zone de pâturage, une origine ancestrale. Chaque 26 juin, on assiste à l’entrée des juments dans le village. Le bétail provenant des marais débarque à Almonte et cela se déroule dans une ambiance festive. 

Venir au village, écouter les sabots des chevaux sur le pavé, c’est une émotion intense pour les membres de l’association nationale des éleveurs de bétail mais aussi pour tous ceux qui assistent à ce spectacle unique. 

La tradition a évolué au fil des années et l’actuelle Saca de las Yeguas a également changé même si les éleveurs au cours de ce rassemblement avec leur animaux effectuent un travail qui se transmet de génération en génération et ce, depuis des siècles. 


Il faut savoir que cette organisation est un travail complexe qui nécessite une préparation importante et de nombreuses réunions tant avec les responsables du Parc National de Doñana, qu’avec les forces de l’ordre pour que tout se déroule parfaitement bien. 

Les pures races “Marismeña” élevés en liberté dans les zones humides de l’Espace Naturel de Doñana sont enfin prêtes à entreprendre leur chemin menant des marais à Almonte en passant notamment par la porte du Sanctuaire de la Vierge du Rocío, celle qui les protège sur les routes et veille à leur bonne transhumance. 

Les troupeaux lors de leur défilé devant le sanctuaire de la Santísima Virgen del Rocio, reçoivent la bénédiction de l’aumônier de l’ermitage. Le bétail et les “yegüerizos” une fois bénis, prennent la route vers les enceintes d’élevage. Ils y resteront plusieurs jours pour y recevoir différents soins. Placement des fers, marquage des poulains, “tuza” ( coupe des crinières) les attendent. 

Toutes ces activités en lien avec les chevaux coïncident avec la célébration de la feria locale dédiée à San Pedro, qui, trouve aussi ses origines à la vente du bétail. La première foire fut organisée en 1873.

Cette lignée de chevaux vivants dans ces zones marécageuse trouve des origines à la période des Tartessos et des Romains autour du Lac Ligustinus.

Pendant l’empire romain, ces chevaux hispaniques étaient utilisés notamment pour les courses de chars dans les cirques. 

Plus tard, sous la domination musulmane, des élevages de chevaux avaient également lieu dans les marais de l’embouchure du Guadalquivir (Al-Mada’in signifie marais). 

Des croisements entre les races espagnoles et africaines ont aussi été réalisés. D’anciens textes remontant au Xième font notamment référence à l’arrivée annuelle au palais de Medina Azahara ( Cordoue) de juments et de leurs poulains des marais du Guadalquivir et ce, à la fin du mois de juin. 

L’exploitation du bétail qualifié de marismeño à des fins agricoles et militaires s’est poursuivie tout au long de l’histoire, sous la lourde tâche de la figure de ces éleveurs qui perpétuent cette ancienne tradition en transmettant aux générations suivantes tout leur savoir-faire.