Retour sur les troupes napoléoniennes en Espagne

Rédigé le 21/06/2023
Frederic André

La Guerre d’Indépendance Espagnole, voici une page de l’histoire espagnole qu’Esprit Sud Magazine vous conte aujourd’hui. 



L’impact des troupes napoléoniennes sur le territoire espagnol a fait couler beaucoup d’encre. Replongeons-nous dans cette guerre de résistance de l'Espagne contre l’invasion française de 1808-1814 qui implique non seulement les deux pays, sensés être alliés, mais aussi le Portugal et le Royaume-Uni. Un conflit général et plus large opposant le Premier Empire de la France de Napoléon et le Royaume-Uni.

Cette guerre mènera à la débâcle des Français. Le trône d’Espagne sera rendu à Ferdinand VII après cette victoire de la triple alliance, celle de l’Angleterre, de l’Espagne bourbonienne et du Portugal, validée par le Traité de Valençay conclu le 11 décembre 1813. 

Revenons sur le contexte de ces fameuses guerres napoléoniennes. Les mois qui précèdent celles-ci, la tension monte sur le territoire espagnol.

L'Espagne est pourtant l'alliée de la France. En vertu de cette alliance, les deux pays se sont accordés sur le partage du Portugal. Napoléon sait que ce pays est trop soumis à l’Angleterre et l’Espagne vise ce territoire depuis si longtemps. En octobre 1807, les troupes napoléoniennes dirigées par le Général Junot prennent la direction du pays visé et pénètrent sur le territoire allié, sur l’Espagne. Lisbonne est atteinte le 30 novembre de la même année mais surprise de taille, d’autres corps armés s’installent sur le territoire espagnol, prétextant qu’une couverture doit être assurée aux troupes de Junot, fraîchement installées à Lisbonne. 

Rapidement, c’est une grande partie du territoire qui semble « occupé » par l’allié français, le nord bien entendu avec San Sebastián mais aussi Barcelone ou Pampelune. L’Espagne est sur ses gardes et comprend que quelque chose se trame. L’arrivée du Maréchal Murat le 20 février 1808 sur le territoire ne laisse plus aucun doute. Sous le titre de Lieutenant Général de l’Empereur en Espagne, sa mise en place dans la capitale met le feu au poudre car elle signe la volonté de Napoléon d’intégrer l’Espagne à son grand empire. 

L’insurrection éclate enfin. Madrid se soulève contre l’armée française en cette période d’occupation. Les conflits éclatent dans tout le pays. L’Empereur obtient l’abdication du souverain espagnol en place, le Roi Charles IV ainsi que celle de son fils Ferdinand. Napoléon place son frère Joseph à la tête de l’Espagne, ce qui fera grincer des dents son beau-frère Murat qui espérait accéder au trône. Il devra se contenter de Naples. 



Le 6 juin 1808, Napoléon proclame son frère Joseph roi d’Espagne, à Bayonne. L’histoire voit donc un Bonaparte monter sur le trône d’Espagne ce qui aura de lourdes conséquences pour la France qui déclenche à cet instant, une guerre qui durera six ans, l’opposant à son voisin hispanique. Aux yeux des Français, alors que le frère de l’empereur prend les rênes, l’Espagne est ce pays archaïque composé de terres d'hidalgos où l’on ne retrouve que des couvents. Tout n’y est que décadence et règne une nostalgie nauséabonde des glorieux siècles qui ont précédé. Toujours dans la ville de Bayonne, il convoque différents notables espagnols afin d’établir une nouvelle constitution. 

Entre-temps, les Anglais viennent au secours du Portugal. La campagne de Russie oblige Napoléon à réduire ses troupes sur la péninsule ibérique. Les Anglais, Espagnols et Portugal unissent leurs forces et sous la commande de Wellington, ils finissent par renverser le pouvoir et les troupes napoléoniennes franchissent dans l’autre sens les Pyrénées en 1813. 



Pourquoi tout le monde semble détester Napoléon en Espagne ?

La réponse est double. Tout d’abord, en lien avec les spoliations napoléoniennes qui se sont déroulées pendant près de 20 années sur les différents territoires envahis par les troupes de l’empereur. Qu’il s’agit d’œuvres d’art, d’objets culturels, de bibliothèques ou encore de pièces architecturale, rien n’a été épargné.

La deuxième explication provient de la personnalité même de l’empereur, son autoritarisme, son sens d’état fort avec mépris puissant du régime parlementaire auquel un impérialisme se substitue. 

Quoi qu’il en soit, Napoleon continue encore aujourd’hui à susciter toutes les fascinations et les légendes. On le qualifie souvent de bâtisseur de l’état moderne, centralisé et puissant. Il est aussi le père du code civil, promulgué en 1804 où les deux piliés principaux sont la propriété et la famille. Celui sur qui colle l’étiquette de fossoyeur de la République est aussi pour de nombreux historiens, le premier dictateur que l’histoire ait connu.