La chasse aux lapins sauvages à Jaén

Rédigé le 02/04/2023
Frederic André

Beaucoup considèrent la chasse aux lapins avec furet comme un pratique criticable. Nombreux sont ceux aussi qui ignorent que les rongeurs sont devenus par leur prolifération un nuisible important. Cette chasse est une mesure permettant d’endiguer cette population qui ne cesse de croître et qui est à l’origine de très nombreux dégâts, dans le secteur de l’agriculture notamment.



Historiquement, jusqu’au début des années 50, la densité de lapins de montagne au sein de la péninsule ibérique était très élevée. Cependant, l’arrivée de la myxomatose en 1953 a réduit considérablement sa population et provoqué des changements importants dans l’écosystème. Bien qu’on ait pensé à priori que cette maladie pourrait provoquer son extinction, il fut constaté qu’au fil des années, une certaine résistance génétique est apparue chez les rongeurs. La maladie est alors devenue endémique et saisonnière. Elle était aussi accompagnée d’un effet pathogène plus variable mais surtout moins prononcé.

Fin des années 80, c’est une autre maladie qui sévit. La pneumonie hémorragique virale touche de plein fouet la population des rongeurs. 

Les deux épidémies ont conduit à des générations de lapins hautement résistants, avec une prolifération massive à la clé.


Face aux dégâts, la chasse au furet est salvatrice pour les agriculteurs. 

Bien entendu, de nombreux groupes critiquent encore ce mode d’extermination.

Les dernières années, notamment dans le nord de la province de Jaén, se sont multipliées ces sessions de chasse. À plusieurs reprises au cours de la même saison, il s’agit d’une manière évidente de réguler la population de rongeurs. Au plus on approche de Madrid, au plus on voit les terres agricoles se diversifier. Après les nombreux oliviers, on retrouve une mosaïque avec céréales (blé et orge), terres de prédilection de leurs terriers à proximité des ruisseaux. Les rongeurs sont délogés de leur repère par le furet et des filets permettent de les attraper lorsqu’ils refont surface. 



Efren, qui chasse près de Santa Carolina (nord de la province de Jaen), se souvient de son premier jour de chasse, aidé d’un furet. 

« Bien que les terrains aient été fouillés et que nous avions même utilisé des fusils, l’utilisation de furets a permis d’attraper pas loin d’une centaine de lapin en moins de deux heures. On a mis le furet de mon oncle dans le première trou et on a attendu. Tout d’un coup, le premier lapin jaillissait d’un autre orifice où l’on avait placé des filets. Avec le temps, j’ai appris à observer la zone de chasse. J’analyse tout d’abord toutes les sorties de terrier. Avant, je plaçais une muselière à mes furets pour l’empêcher de tuer le lapin dans le terrier. Cela empêchait le furet de rester avec sa proie sous la terre. Mais avec le temps, les furets ont appris à juste effrayer les lapins sauvages ». 

Nous demandons aussi ce qu’Efren fait avec les animaux capturés. « Nous ne mangeons pas ces lapins. Nous participons au repeuplement des lynx de la Sierra Morena. Nous laissons les lapins dans des zones fréquentées par les félins ». 

La population sauvage du lynx ibérique a connu une grande évolution positive depuis 2002, année où il n’y avait que 94 lynx répertorié dont 27 femelles reproductrices. Fin des années 2010, la population a grimpé à près de 400 espèces. Des nuisibles à la rescousse d’animaux en voie d’extinction, voilà une formule intéressante. 



Bien entendu, on peut toujours s’inquiéter de l’intervention de l’homme dans le cycle de la nature et de son rôle d’apprenti sorcier…