25ème anniversaire de la grâce du Taureau Osborne !

Rédigé le 19/03/2023
Frederic André


Un anniversaire hautement symbolique

Ce lundi 20 mars se célèbrent les 25 ans du sauvetage du symbole de l’unité espagnole par excellence !

L’emblématique « Toro Osborne » a en effet été gracié le 20 mars 1998 et ce, après une longue période de tumultes et de vives réactions ayant défrayé la chronique.

Il y a donc 25 ans, le Gouvernement Espagnol prend la décision, au travers de la Cour Suprême, de la conservation des silhouettes. Ces célèbres panneaux avaient perdu leur sens publicitaire depuis de longues années et ils étaient devenus un simple élément décoratif intégré depuis des décennies aux paysages du pays.

Cet accord obtenu lors du Conseil des Ministres du 20 mars 1998 permet donc au 92 géants de fer de continuer à parader le long des routes et de faire la fierté des Espagnols. 



Retour sur des taureaux pas comme les autres…

Le taureau Osborne est à l’origine une campagne publicitaire pour le fameux « Brandy Veterano » de la célèbre marque. L’histoire de cette famille de négociants en vins et spiritueux remonte au 18ème siècle quand Thomas Osborne, un commerçant anglais, s’installe à Cadiz et se lance dans l’aventure des fameux vins de Jerez. On dit de ces cépages qu’ils sont les plus vieux du monde. Jerez qui s’écrivait auparavant « Xerez » et qui se prononçait « Sherez » donne son nom au populaire « Sherry ». Les vignobles de la région et les Britanniques, c’est une longue histoire d’amour. La plupart des grandes maisons dans la célèbre ville ont d’ailleurs des noms anglais. De génération en génération, les Osborne créent un véritable empire autour du vin. En 2003, l’entreprise intègre la célèbre marque d’eau minérale « Solan de Cabras » (reconnaissable à ses jolies bouteilles bleues) et des installations de bains thermaux. Aujourd’hui la marque dispose d’une gamme très diversifiée de produits et sa « bodega » se visite dans la ville de Puerto de Santa Maria. Découvrez-y de splendides installations où le contemporain côtoie le traditionnel. Un musée interactif aussi qui fait la part belle au célèbre taureau est annexé aux impressionnantes caves et à la splendide boutique.

Petit taureau deviendra grand…

Revenons à la genèse des célèbres silhouettes qui découpent l’horizon et que l’on remarque de loin. Il s’agit à la base d’un panneau publicitaire original pour promouvoir en 1958 le « Brandy Veterano ». On construit alors des taureaux de bois mesurant 4 mètres de hauteur. La campagne qui connaît un beau succès est prolongée en 1961 et les silhouettes de bois sont remplacées par du métal, plus résistant. Elles passent de 4 à 7 mètres pour atteindre, fin des années 60, 14 mètres de haut, leur taille actuelle.

Mais deux décennies plus tard, la vie de ces taureaux est menacée. Une nouvelle loi du code de la route est votée et interdit toute présence de publicité le long des routes en dehors des localités. On prévoit une période d’un an pour l’application de la législation mettant en péril l’animal de fer. La marque décide alors d’effacer les lettres rouges qui y figuraient plutôt que d’enlever les célèbres taureaux. Les animaux sont désormais noirs et grands comme la nuit. Mais ce n’est pas suffisant dit le législateur. Il évoque « le risque de distraction des conducteurs » pour justifier leur abattage. En septembre 1994, un nouveau décret royal concernant le « Nouveau Règlement Général des Routes » est publié. Ce dernier revient sur la disposition de 1988. Malgré l’effacement de toute publicité, on estime que les panneaux sont toujours un élément de publicité et doivent disparaître. Le groupe Osbourne continue le combat et fait appel. Un énorme mouvement de solidarité et de contestations se créent derrière la célèbre marque. Artistes, associations culturelles, intellectuels, journalistes, tous entrent dans l’arène et se mobilisent contre le règlement. Le mouvement dépasse les frontières de la péninsule ibérique. Les contestations prennent de l’ampleur à Copenhague, à Mexico et même à Tokyo. Contre toute attente, le Ministre des Travaux Publics de l’époque, José Borrell, laisse également entendre sa position pour la conservation des figures et encourage une modification de la loi.

 

 

 

 

 



Le sacre du célèbre bovin après des années de tentatives de sauvetage

Finalement, la Cour Suprême rend son arrêt en faveur de la survie du bovin métallique. Elle rend un arrêt historique qui contribuera à le faire entrer dans la légende. « La silhouette du taureau a dépassé son sens publicitaire initial et s’est intégrée dans le paysage en tant qu’un élément étranger au message initial de la marque pour laquelle il a été créé ». L’Espagne tient son symbole…

Il devient aussi cible politique. Il n’est pas rare, pendant les vives tensions politiques connues en Catalogne, il y a quelques années, de retrouver le fameux taureau les 4 fers en l’air, saccagé par les groupuscules indépendantistes.

En 2011, le célèbre taureau est déclaré, consacré « bien d’intérêt culturel » par le Conseil d’Andalousie. Il devient synonyme de la culture et du mode de vie espagnols. Il a inspiré mille et un artistes, de Richard Avedon à Helmut Newton, de Keith Haring à Salvador Dali. Il ravit les voyageurs qui le découvrent lors de leur trip en Espagne.

Au total, on dénombre 92 taureaux « Osborne » en Espagne, dont 23 en Andalousie. Il en existe également une soixantaine à travers le monde…

Lors de votre visite en province de Cadiz, mettez le cap sur la ville de Puerto Santa Maria et visitez-y les splendides installations de la marque Osborne. Vous ne le regretterez pas !

C. los Moros, 7, 11500 El Puerto de Sta María, Cádiz

https://www.osborne.es/es/