8M, les origines…et les combats d’aujourd’hui

Rédigé le 09/03/2023
Frederic André


La Journée Internationale de la Femme se célèbre le 8 mars. À travers le monde, des millions de personnes arpentent les rues et scandent des slogans lors de manifestations en lien avec la lutte que les femmes mènent depuis des années pour l’égalité de leurs droits. Si cette journée est officiellement célébrée chaque 8 mars depuis l’année 1975, date à laquelle elle fût déclarée officiellement par les Nations Unies, la genèse de cette journée importante est à rechercher bien avant…

Ce 8M ne trouve pas ses origines dans un fait concret mais il est bien le fruit d’une intense lutte de plus d’un siècle, menée par les mouvements féministes afin de réclamer l’égalité économique, professionnelle et sociale entre les femmes et les hommes. Les premières manifestations se sont déroulées à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle. On se situe en effet en pleine révolution industrielle, où débute une période historique de transformation économique et du mode de travail. Collée au mouvement ouvrier, celui des femmes éclôt et ces dernières revendiquent le droit à élever aussi la voix et mettent déjà en relief la surexploitation dont elles font l’objet et ce sans loi pour les protéger. Elles ne disposent nullement du droit de vote et ne peuvent contrôler leurs propres comptes bancaires. Au niveau de l’éducation, des études et de la formation, elles ne sont pas non plus logées à la même enseigne que la gente masculine. Rappelons aussi qu’il y a plus d’un siècle, leurs conditions de traitements et les accouchements difficiles conduisaient à une espérance de vie nettement plus courte qu’actuellement. 

Les premières traces de manifestation pour les droits des femmes sont à repérer aux États-Unis, le 8 mars 1857. À New York City,

les femmes travaillant dans la fabrique de textiles, 'Garment Workers', à New York, furent les premières à organiser une grève afin de revendiquer des salaires plus justes et des conditions de travail plus humaines. Deux années plus tard, elles créent leur premier syndicat pour défendre leurs droits. 

51 années plus tard, le 8 mars 1908, ce sont 15.000 femmes qui envahissent les rues de New York pour exiger une augmentation de salaire, moins d’heures de travail, le droit de vote et interdire le travail des enfants sous le slogan général "Pain et roses". 

Ces différents épisodes américains auront pour effet de consolider cette date du 8 mars quelques décennies plus tard.

En 1910, une première grande conférence internationale se déroule à Copenhague. Y participeront plus de 100 femmes provenant de 17 pays différents. Parmi ces pionnières, la féministe allemande, Clara Zetkin, introduit l’idée de célébrer une journée mondiale de la femme. Cette proposition est adoptée à l’unanimité. Ainsi, le 19 mars 1911 est célébrée la première Journée Internationale de la femme, réunissant plus d’un million de personnes tant en Allemagne, en Autriche, au Danemark ou encore en Suisse. Elles revendiquent au cours de ces manifestions le droit de vote, celui d’occuper des fonctions publiques, des conditions de travail dignes et justes, des formations professionnelles adaptées et une non-discrimination en matière d’emploi.

Un terrible incident intensifie la lutte en lien avec la condition féminine. Un tragique incendie ravage les usines de Shirtwaist, à New York City le 25 mars 1911. 123 femmes et 23 hommes y perdent la vie. 

Les victimes ne peuvent s’échapper car les responsables de l’usine ont fermé les portes des escaliers et des sorties pour éviter tout vol. Un mouvement intense de grogne, teinté de tristesse suivra cet épisode douloureux. 

Changement de lieu maintenant avec la Russie où en 1917, les femmes prennent la direction de la rue pour protester contre la guerre éclatée trois ans plus tôt et pour exiger de meilleures conditions de vie. 

Difficile de l’imaginer mais ces mouvements seront à l’origine de la chute du Tsar et du gouvernement. La mise en place d’un gouvernement provisoire ou de transition permettra notamment le vote féminin sur le territoire russe en février 1917.

En Espagne, depuis la chute de Franco, le 8 mars, se célèbre la Journée Internationale de la femme. Chaque année, à Madrid, ont lieu deux mobilisations prenant la forme de manifestations dans les rues de la capitale espagnole. Elles démarrent d’Atocha et ce à une demi-heure d’intervalle. Les deux marches ont des revendications différentes et sont composées de groupes féministes distincts. L’une est principalement organisée par la Commission 8M (avec notamment Podemos, départ 19h00) et l’autre par le Mouvement Féministe de Madrid (départ à 18h30). 

L’an dernier, la marche la plus soutenue (avec environ 50.000 personnes selon les chiffres de la délégation du gouvernement) a été celle de la Commission 8M.

L’une des principales différences entre ces deux organisations sont les causes soutenues et certaines questions comme celle de la prostitution (et son abolition). Alors que le Mouvement Féministe de Madrid concentre ses propositions sur l’abolition de la prostitution, le manifeste de la Commission 8M ne mentionne pas cette thématique.

Ils sont également en désaccord avec la “Loi Trans” et sur certains éléments de la loi “Solo sí es sí”. En effet, les représentantes du Mouvement Féministe de Madrid ont vivement critiqué la première loi ( la “Loi Trans”) au point d’annoncer des initiatives en vue de son abrogation. Les féministes classiques ont également exprimé leur désaccord depuis le début de l’élaboration de cette loi, estimant qu’elle porte atteinte aux droits des femmes. De plus, au sein du groupe 8M, ils réclament la démission de la Ministre de l’Égalité, Irene Montero, qui est à la base du texte légal. 

La Commission 8M parcourt cette année Madrid avec le slogan "Nous sommes le cri nécessaire, le féminisme change tout".

Pendant ce temps, le Mouvement Féministe de Madrid manifeste avec le slogan “Les féministes en lutte pour les droits des femmes". Dans leur manifeste, ils soulignent que "le féminisme est abolitionniste du système de la prostitution" et "exige la réforme de la loi sur la liberté sexuelle et dénonce la pornographie". 

Barcelone, Lleida, Girona, Tarragona, Valencia , Bilbao, Sevilla, Almería, Cádiz, Jaén , Huelva, Cordoba, Granada, Teruel, Huesca, Badajoz, Lugo, Pamplona, Salamanca, Pontevedra, … les principales villes du Royaume voient défiler les groupes féministes et leurs soutiens au cours de cette journée mémorable. 

De nombreuses voix se sont élevées les dernières heures pour réclamer plus de cohésion entre les mouvements et comme le rappelle Ada Colau, la maire de Barcelone, "c’est par le biais d’une unité d’action des femmes et des personnes féministes que les attaques et les discours de haine véhiculées par l’extrême droite pourront être contrés”. Les dernières semaines, certains groupes politiques extrêmes comme le Vox, ont remis en question le droit à l’avortement.  

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