Les amandiers fleurissent, Van Gogh s’inspire…

Rédigé le 18/02/2023
Frederic André

Même si le froid a envahi l’intérieur des provinces la dernière semaine de janvier, les amandiers ont entamé depuis quelques jours leurs transformations et se couvrent de petites fleurs blanches et roses. Aucun retard n’est donc à noter dans ce processus, cela serait expliqué par les dernières semaines humides connues dans la région. Les arbres au charme incontestable bordent donc, depuis quelques jours, les routes et habillent les campagnes. 

Cette floraison ne dure que quelques jours après lesquels, les pétales couvrent le sol d’un manteau blanc. 

La floraison de cet arbre était considérée durant l’Antiquité comme un cadeau divin. Qu’il s’agissent des Chrétiens, des Égyptiens, des Grecs, des Juifs ou des Musulmans, les amandiers étaient des symboles de divinité. Le délicat parfum de ses fleurs et la beauté qu’il dégage apaisent et ont un pouvoir anti-stress.



Les amandiers sont à côté des oliviers les arbres « phare » cultivés dans le sud de la péninsule ibérique. 

Ils sont nombreux à pousser sur la côte méditerranéenne, dotés d’une longévité moyenne de 80 années. On les observe dès la fin de janvier alors que les floraisons tardives peuvent dépasser le début avril. 

On dit que l’hirondelle ne fait pas le printemps mais l’amandier bien! Dans la vallée du Guadalhorce, la floraison des amandiers est le prétexte à différentes magnifiques routes de promenade dont les itinéraires spéciaux sont appelés « Ruta de los almendros» (route des amandiers). Passant par Almogía, Cártama ou Casabermeja, arpenter ces sentiers vous plonge dans un paysage magnifique où dominent le rose et le blanc.

À peine les premières fleurs écloses, débutent le dur labeur des artisans de la pollinisation, ces insectes ( principalement des abeilles) qui voyagent de fleur en fleur à la recherche de pollen et de nourriture. Leur travail intense est la clé d’un véritable miracle de la nature et permette qu’un fruit puisse pousser. Alors tendez l’oreille et succombez au charme du bourdonnement de ces ouvrières rendant la magie possible. 

Une image colorée qui va progressivement laisser place à l’arrivée de la floraison d’autres plantes à l’approche du printemps et qui fera que les paysages deviennent une sorte de toile.

Un paysage qui va évoluer à partir de maintenant jusqu’à ce que l’été arrive et qui offrira aux visiteurs une image différente à mesure que les mois avancent et que nous arrivons au printemps. 

Début septembre, débutera la récolte des délicieuses amandes sèches. L’Espagne occupe la troisième place mondiale de ce type de production ( derrière les États-Unis et l’Australie). 




Esprit Sud Magazine vous propose de vous plonger dans la beauté de l’une des œuvres de l’artiste à l’oreille coupée, Vincent Van Gogh. L’artiste postimpressionniste voire moderniste, a peint « Amandier en fleurs » en 1890. La pièce délicate est issue de l’intérêt qu’il porta à la vague de « japonisme » qui déferla sur l’Europe à la fin du 19ème siècle. L’œuvre originale est exposée au Musée que lui consacre la ville d’Amsterdam. Délicatesse, douceur, fragilité et pureté jaillissent de la toile et évoquent les grands maîtres des estampes nippones. On y retrouve sa technique si facilement reconnaissable d’appositions de touches courbées, épaisses et pleines. Cette peinture est contemporaine à l’ouverture « forcée » du Japon au reste du monde. L’ère Meiji a débuté, le changement est initié. Quant à l’artiste, il est emproi au doute et il sombre dans un épisode de folie. L’asile de Saint-Paule-de-Mausole à Saint-Rémy de Provence accueillera Vincent Van Gogh qui continuera à peindre et à trouver l’inspiration malgré l’internement. L’artiste avait découvert la tendance artistique alors qu’il résidait à Nuenen, une petite ville située près d’Eindhoven. Il évoquera son admiration pour les estampes bigarrées et aux traits fins et si précis des artistes japonais. Ses premières peintures inspirées de la tendance naîtront à Anvers. À la même période, Théo, son frère le poussa à collectionner les estampes japonaises. 

Van Gogh prend aussi ses distances avec les impressionnistes en optant pour le noir, une couleur interdite au sein du mouvement. Fleurs à profusion, redécouverte de couleurs interdites, un tournant est pris par l’artiste…

Et en optant pour l’amandier, l’artiste rompt radicalement avec sa passion pour le bariolé. Il se laisse séduire par une certaine idée de fraîcheur et de pureté, inédite dans son œuvre. Tout un symbole de miracle, une renaissance ou plutôt une naissance, celle de son filleul Vincent Willem qui coïncide avec l’œuvre de l’ « Amandier en fleur ». L’arbre qui peut fleurir même en hiver et dans certaines région où il fait froid est la parfaite illustration du grand prodige de la vie, la naissance d’un enfant. Remarquez enfin que le tronc est oublié par le maître pour conduire à la sensation de légèreté intense. Comme si ces branches fleuries flottaient dans le ciel. On peut aisément imaginer, l’artiste couché sous un amandier et observant le ciel au travers de ces branches. 

Les amandiers sont en fleur, une source d’inspiration infinie…