Rencontre avec Stefan Cuvelier

Rédigé le 06/10/2022
Luc Broes

Quelques polémiques mais surtout beaucoup de « bizouskes »

Au milieu de l’été, l’humoriste Stefan Cuvelier a débuté la tournée de son one-man show « Bizouskes » qui l’emmènera en Belgique, France, Suisse pour près d’une cinquantaine de dates. Celui qui suscite la polémique dans le plat pays et même au-delà, nous a accordé un peu de son temps. Nous avons rencontré un homme brillant et engagé, « pas bien méchant », juste en adéquation et cohérent avec ses positions.



Stefan Cuvelier, pensez-vous qu’en 2022, l’on peut rire de tout ?

Je ne suis pas convaincu que l’on peut rire de tout. Je pense que c’est avant tout une question de timing mais aussi de sensibilité. S’il se passe quelque chose de grave à 10h00 du matin et qu’à 10h05, je fais une vanne dessus, cela sera évidemment mal perçu. Tout dépend aussi des personnes en face de soi, puis-je me permettre de rire d’un tel sujet avec celles-ci ? Et au-delà de ces éléments, il faut avant tout que ce soit drôle. Si ça l’est, alors on peut pardonner plus facilement. Si ça ne l’est pas, cela peut alors être très mal perçu. Après, on peut faire rire de tout. Ça veut dire que même si je n’adhère pas, je pense que l’on a le droit de le faire, les humoristes ont le droit de s’exprimer. A leurs risques et périls. 

Et le fait d’être un humoriste belge en regard de ses homologues français, cela vous permet-il plus d’écarts ?

En ce qui me concerne, je ne peux vraiment pas confirmer cette tendance. Mes vidéos peuvent être rapidement censurées. Les réseaux sociaux ont amorcé ce virage de la censure plus facile. Il suffisait d’un passage de Coluche ou de Thierry Le Luron à la télé pour qu’on en discute le lendemain. Cela restait une conversation entre 4 potes autour d’une bière. Maintenant avec les réseaux sociaux, cela peut prendre trop rapidement une ampleur considérable.

Renaud Rutten, que nous avons rencontré récemment, se qualifie comme étant l’un des meilleurs raconteurs de blague que connaît notre pays. Comment vous qualifieriez-vous ?

Je suis à la base humoriste. J’ai débuté à Paris en 1995, je suis revenu en Belgique. J’ai fait des pièces de théâtre, des one-man show et mes vidéos cartonnent sur la toile. Si à la base j’étais qualifié de comédien, le succès de mes séquences m’a collé cette étiquette d’humoriste. Et au fur et à mesure que je croisais des personnes qui avaient vu ces vidéos, on me réclamait un one-man show. Ce qui me conduit de nouveau sur le chemin de ces spectacles, le public et moi. Ces vidéos ont donc conduit à me rappeler que j’étais un humoriste et m’ont remis en selle pour ce one-man show « Bisouskes ». 

Vous êtes le papa de deux enfants et votre épouse Martha est votre principal soutien. Elle est aussi comédienne, et un peu votre agent. Est-ce compliqué de travailler en famille ?

Tout d’abord, c’est compliqué de travailler avec sa ou son partenaire, quel que soit le métier. Un autre élément à considérer est la réussite ou le succès rencontré. Cela créée moins de tension quand ça marche, ce qui est un peu notre cas, sans les galères. Au-contraire, cela aide et stimule encore plus. Nous en sommes conscients, nous savons la chance que nous avons, elle plus dans l’ombre et dans la production et moi plus dans la lumière. Le succès de mes vidéos nous rend très heureux, c’est beaucoup de plaisir. Que du positif…

Des vidéos qui vous attirent parfois les foudres aussi…

C’est vrai que je vais à l’encontre d’un système et j’ai des positions assez tranchées que je défends. Mais je suis trop vite taxé d’extrême-droite ou proche de telle ou telle mouvance. C’est quelque chose qui m’épuise un peu en ce moment. Ces raccourcis par rapport à ma personnalité sont trop faciles. Heureusement, beaucoup de personnes qui me suivent me disent ne pas être toujours en accord avec ce que je dis, mais ils comprennent que l’on peut avoir des positions différentes. Même si je suis perçu par certains comme un gourou, je ne me considère pas comme tel.

Quel est votre meilleur souvenir professionnel ou une rencontre qui vous a particulièrement marquée ? 

Je l’évoque justement dans mon one-man show, c’est Gérard Depardieu. J’ai écrit le scénario d’un film où il interprétera le rôle principal. Ce sera tourné en 2023, cela s’appellera « Derrière la porte ». Une rencontre vraiment épique. J’ai beaucoup de plaisir à raconter les détails de celle-ci dans mon spectacle et le public éclate à chaque fois de rire. C’est peut-être l’un des seuls artistes qui dispose d’une liberté sans limite. Il travaille avec qui il veut, il envoie bouler celui qu’il ne veut pas voir, il dit ce qui lui passe par la tête, sans filtre. Il ne fait pas semblant. Et il continue à tourner avec les plus grands. Coluche était aussi un électron libre avec cette même liberté, celle d’être constant et cohérent avec sa personnalité. 

Sans transition, connaissez-vous l’Espagne et plus particulièrement l’Andalousie, Stefan Cuvelier ?

C’est assez drôle que tu me poses cette question ; comme quoi il n’y a pas de hasard. J’ai récemment eu des propositions pour aller jouer sur la péninsule ibérique. De plus, cela fait pas mal de temps que nous aimerions nous expatrier et l’Espagne figure sur la liste des endroits idéaux à nos yeux. J’ai vécu dix ans à Paris donc tout quitter ne m’inquiète pas. Mon épouse a notamment vécu à Londres. J’adore l’Espagne et en particulier l’Andalousie qui est probablement la plus belle des régions d’Espagne. C’est une grande envie. Et mon premier grand amour était une Espagnole.

On vous souhaite tous les succès avec « Bizouskes », Stefan !

Merci, c’est bien parti. Les dates s’ajoutent et je ne m’attendais pas un jour à jouer dans des villes dont j’ignorais parfois le nom, dans une salle remplie de centaines de personnes. C’est vraiment une belle aventure. Avant on venait voir un artiste ou un spectacle. Maintenant la tendance est tout autre; on vient voir l’homme, l’humain et on reconnait qu’il puisse avoir des convictions. C’est aussi pour cela que l’on vient à sa rencontre. Je suis très fier de mon bébé « Bizouskes » qui je l’espère, aura une belle vie.



Retrouvez toutes les dates du spectacle « Bizouskes » de Stefan Cuvelier sur le site: https://stefancuvelier.com


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