Le Palais des Douanes de Malaga

Rédigé le 17/08/2022
Frederic André


Alors que la Feria de Malaga bat son plein, votre magazine ESPRIT SUD revient sur l’histoire d’un bâtiment symbolique pour la belle ville portuaire. La mairie a décidé de mettre à l’honneur ce superbe édifice en créant, pour ses fabuleuses fêtes, une porte d’entrée principale d’accès au site de la Feria à son image. Découvrez donc cette réplique du Palais des Douanes au Recinto Ferial éclairée de mille feux quand le soleil se couche et que la fête envahit le site.

Plongez avec nous dans l’histoire palpitante de ce Palais des Douanes !



Petit retour en arrière

Le bâtiment est situé dans l’une des zones les plus anciennes de la ville de Malaga. C’est sur celle-ci que la première colonie phénicienne façonna les prémices de la splendide cité portuaire. Tout d’abord, le choix n’est pas anodin, il est avant tout stratégique compte tenu de la proximité avec la mer ; la création d’un port était une évidence.

Le XVIIIe siècle est un siècle d’or pour la ville et Malaga brille comme pôle attractif grâce au commerce brassé par son port. Sont posées alors les premières pierres d’un bâtiment devant abriter la « Real Aduana Nueva ». Le choix se porte sur un projet colossal et impressionnant. Une structure aux dimensions extraordinaires jaillira du sol. Son style baroque classique s’intègre parfaitement à l’iconographie de la ville.

Le commerce de la ville vivant une époque exceptionnelle, il convenait de trouver un lieu adéquat pour l’ancienne douane, située Calle Puerta del Mar, devenue trop petite. En 1787, le roi Charles III approuve le projet de l’architecte Manuel Martin Rodriguez. C’est une œuvre architecturale néoclassique qui fut donc choisie.

Cet édifice s’inscrit pleinement dans la lignée de la tradition des palais renaissance et baroque, c’est-à-dire baroque-classique.



Une architecture en phase avec son temps

Revenons sur le site choisi. Les plans convenaient parfaitement à l’emplacement situé dans la partie inférieure de l’enceinte de l’Alcazaba, à proximité de la porte d’Al-Aqaba. Les premières pierres furent posées en 1791, alors que trois années furent nécessaires pour préparer le site et détruire une importante partie de la vieille muraille, construite sous la domination musulmane sur des vestiges romains. En raison de la Guerre d’Indépendance, les travaux furent interrompus pour ne reprendre qu’en 1826 dans un style néoclassique à la manière des palais de la renaissance italienne. Quatre travées autour d’une cour centrale à arcades figurent la structure de base. D’une hauteur de vingt-quatre mètres, le bâtiment se compose de trois étages mais également d’un grenier et d’un sous-sol. Ce niveau inférieur servira d’ailleurs de cachots pour le commissariat de police sous la dictature franquiste.

De la pierre, des briques et du fer forgé, voilà les matériaux principaux choisis. Lorsque l’on observe le Palais des Douanes, on ne peut que constater que c’est une sensation de force et de froideur qui émane de celui-ci. Les grandes dimensions mêlées à son style néoclassique renforcent cette toute puissance. En entrant dans cet imposant édifice par la porte principale, nous passons dans un vestibule avec trois nefs soutenues par quatre piliers de pierre, sur lesquels reposent douze arcs. Latéralement, des escaliers en marbre donnent accès à l’étage principal, un niveau occupé par de superbes galeries couvertes d’arcs.



Un double musée, un double plaisir

Une fois les travaux achevés, c’est finalement l’usine de tabac qui prendra place dans la nouvelle construction. Et enfin, en 1839, l’édifice accueillera la douane et des services du Ministère de l’Intérieur et des Finances Publiques. Aujourd’hui, ce bâtiment historique emblématique de la ville n’a plus cette fonction de transit des marchandises provenant de la mer. Il est devenu un espace culturel où l’histoire (de par sa composante archéologique) et l’art se concentrent à parts égales. Après de très longues années d’occupation par les services administratifs de la ville, le superbe édifice s’est mué en Musée de Malaga pour y rassembler les collections du Musée des Beaux-Arts et de l’Archéologie de la ville. Un écrin magnifique pour des collections qui le sont tout autant, voici une réhabilitation réussie qui a eu lieu en 2006. Grâce à sa nouvelle fonction conservatrice, le lieu pouvait enfin accueillir les collections des anciens Musées des Beaux-Arts et de l’Archéologie. Depuis 2010, ces 18.000 mètres carrés sont donc institutionnellement et officiellement divisés en deux sections, deux musées originaux. Ils sont accessibles gratuitement aux ressortissants européens. Attention le musée est fermé le lundi et le dimanche après-midi (ouverture de 09h00 à 15h00)

Il faudra attendre le 12 décembre 2016 pour l’inauguration officielle du Musée de Malaga. La cour intérieure fut réhabilitée en place publique, le rez-de-chaussée figure d’ «entrepôt » accessible au public. On y retrouve aussi un magasin et une cafétéria annexée au guichet d’entrée. Le premier étage abrite les collections des Beaux-Arts et le second celles de l’Archéologie. Le dernier étage abritait jusqu’il y a peu un très bon restaurant (La Terraza de la Aduana) à la vue imprenable sur l’Alcazaba. Ce belvédère fantastique retrouvera rapidement, on en fait le pari, des repreneurs pour faire revivre ce lieu d’exception.

Pour retrouver plus d’informations sur les collections présentes, nous vous renvoyons vers notre spécial « musées de la ville de Malaga ».



Et pour finir, quelques anecdotes…

Frank Sinatra garda un souvenir amer de son passage dans le fameux bâtiment. En effet, il passa une nuit dans le cachot du commissariat qui était installé au sous-sol. Le célèbre acteur américain était de passage dans la ville en septembre 1964 pour le tournage du film « Le Colonel Von Ryan » qui se déroulait à El Chorro, site du Caminito del Rey. Dans la suite de l’hôtel Pez Espada à Torremolinos qu’il occupait, un incident éclata avec une des actrices du film et le célèbre artiste termina sa nuit dans le sous-sol du futur musée. Les deux acteurs devront payer 25000 pesetas chacun.

Le toit métallique de structure argentée s’inspire de la coiffe originale du bâtiment, détruite par les flammes en 1922. On raconte que cette nouvelle toiture est composée de plus de 6000 tuiles reproduisant une gravure du XIXe siècle dans laquelle apparaît une vue de la ville avec en son centre le célèbre bâtiment de la Douane.

Le plus célèbre musée de la péninsule dispose en ce Musée de la Douane, d’une seconde maison. En effet, le Musée du Prado dispose d’espaces au sein du Musée de Malaga pour y abriter une grande partie de sa collection. Au total, une liste datant de quelques années mentionnait plus de 100 références, principalement des peintures.

La réaffectation du bâtiment des douanes en musée a pris sept ans et le coût des travaux s’est élevé à 40 millions d’euros. Lors de cette « mutation », le bâtiment a gagné près de cinq mille mètres carrés avec une surface utile de plus de 14.000 mètres carrés.

Alors chers lecteurs, partez à la découverte de ce musée exceptionnel qu’abrite un bâtiment qui l’est tout autant. Une perle dans la très belle ville de Malaga

Plaza de la Aduana, 29015, Malaga

Téléphone : 951911904