Marbella village de pêcheurs
Il y a un siècle, Marbella était un gentil village de pêcheurs d’Andalousie. On y récoltait également des olives, des amandes, quelques oranges et, au nord de la commune, était exploitée une mine de plomb, dont on trouve encore certains vestiges, notamment un énorme pilier en mer, appelé le « câble » sur une des plages à l’entrée de la ville.
Ce câble portait une espèce de petit téléphérique qui servait à transporter le minerai dans des petits wagons qui descendaient du lieu-dit « Puerto Rico », pour être embarqué sur les bateaux.
Il a fallu une guerre mondiale pour que la belle société allemande, notamment l’aristocratie, décide de venir se réfugier sur la Costa del Sol, fuyant l’invasion russe de son pays, au début des années cinquante.
Quelques visionnaires doués pour les affaires commencèrent à imaginer des projets touristiques pour y attirer leurs amis du monde entier et transformer Marbella en la destination à la mode du futur.
Au début des années 60, la jet set internationale commença donc à se mélanger à l’aristocratie européenne pour passer des semaines de villégiature sous un climat privilégié, dans quelques villas uniques, n’ayant rien à envier à celles des riches Américains de Palm Beach ou des Anglais de la Côte d'Azur.
Marbella, animée par le célèbre Prince Alfonso de Hohenlohe sortait de son anonymat pour devenir le phare des étés brûlants, dans un paradis qui allait voir évoluer les plus grands acteurs de Hollywood. On allait voir ainsi se côtoyer les toreros, les grands sportifs, les chanteurs et les grands artistes d’Hollywood de l’époque.
Holenhole, accompagné de son cousin le Comte Rudy de Schönburg développait le premier hôtel de luxe de la ville, le célèbre « Marbella Club Hôtel » qui devenait ainsi le lieu incontournable de vacances des millionnaires oisifs de tous les horizons.
Le succès ne se fit pas attendre et la construction de Puerto-Banus au début des années 70 fut le point de départ de l’urbanisation galopante de toute la côte. Les projets les plus fous virent le jour, depuis les villas en première ligne de plage en passant par les grands hôtels et le lot de commerces de toutes sortes qui émaillent toujours la ville.
Les fêtes étaient le quotidien de ces visiteurs de luxe. On venait à Marbella pour cela, le golf n’ayant pas encore pris la place qu’il a maintenant. Les armateurs, les princes, comtes et autres présidents de groupes industriels commencèrent à acheter des terrains et construire de somptueuses villas où chaque jour se déroulaient des fêtes aussi somptueuses que dévergondées.
Des personnes comme Jaime de Mora y Aragon, frère de la Reine Fabiola de Belgique, les Bismarck, Hohenlohe, Rainier de Monaco, Thyssen-Bornemisza, se mêlaient à des Kashoggi, célèbre vendeur d’armes dont la villa de l’époque est devenue la célèbre Zagaleta où la moindre maison vaut plus de dix millions de dollars, à des Nakashian et Kimera, célèbre chanteuse d’opéra-rock, réputée pour son maquillage des mille et une nuits et les 7 octaves de sa voix, ou Régine, Liz Taylor, Sean Connery, Lisa Minelli, Brigitte Bardot, Maria Callas, Prince, Joan Collins et tant d’autres tout aussi fortunés, voire davantage, mais anonymes, de différents pays.
Hohenlohe, inventeur d’un sport de raquette très en vogue actuellement, le « paddle » lança aussi la mode du sport dans cette ville.
La Marbella de cette belle époque était un peu folle, mystérieuse, exubérante et accrochait celui qui y venait pour la première fois. On n’a pas idée du nombre de personnes venues passer quelques jours à Marbella qui se laissèrent fasciner par le charme ambiant au point d’en faire leur lieu de vie ! Le développement de l’aéroport de Málaga et son envergure internationale en 1992 pour l’occasion de l’expo universelle de Séville a fait le reste.
Si on comptait à peine dix mille habitants à Marbella en 1900, on en dénombre plus de cent soixante mille en 2021, sans compter les non-résidents qui vont et viennent plusieurs fois dans l’année.
Années 90 : un nouveau style
Les années 1990 ont vu un certain changement de fréquentation de la ville grâce à l’arrivée de nombreux cheikhs des pays arabes. La construction du Palais du Roi Fahd d’Arabie Saoudite en 1985, copie miniature de la MaisonBlanche a été le facteur déclencheur de l’arrivée de ces familles de multimillionnaires qui inondèrent la ville de pétrodollars, créant des centaines de milliers d’emplois dans la construction et les services. Les excès des uns et le faste des autres se cumulaient et la ville se transformait doucement en un symbole de luxe, de vie facile, de fêtes à toute heure dans le même style que Saint-Tropez ou Miami, mais avec une saison qui dure neuf mois par an.
Le luxe en 2022
La Marbella d’aujourd’hui compte toujours parmi ses habitants ou résidents à temps partiel un grand nombre de millionnaires de tous types, plus discrets et moins enclins à la frivolité et aux dépenses inconsidérées. Car en 2022, le vrai luxe c’est la tranquillité, C’est avoir une maison immense sur un grand terrain bien clôturé, avec des installations privatives complètes telles que cinéma, gymnase, spa, piste d’hélicoptère, piscines intérieure et extérieure, personnel à toute heure et tous les services à domicile comme chef de cuisine, coiffeur, coach, chauffeur, nurse, etc. La vie nocturne continue bien sûr et les discothèques sont chaque année plus nombreuses et animées. Malgré tout, crise oblige, les fêtes privées dans les villas luxueuses et sur les yachts sont plus discrètes et la vie sociale est plus calme.
Marbella reste Marbella, c’est juste la notion de luxe qui a changé !