Sucess Story andalouse : COVAP

Rédigé le 17/06/2022
Frederic André


Aujourd’hui, Esprit Sud Magazine vous invite à découvrir la ville cordouane de Pozoblanco au travers de la coopérative COVAP, qui s’y trouve. Cette ville de moins de vingt mille habitants et jumelée avec Le Mée-sur-Seine, commune française de Seine-et-Marne doit beaucoup à cette « Cooperativa Ganadera del Valle de los Pedroches » ( Coopérative des éleveurs de la Vallée de los Pedroches). Ce sont la production et la commercialisation de produits d’élevage qui occupent ce grand groupe fondé en 1959 dans la cité cordouane.

Elle regroupe 4500 membres éleveurs de trois régions essentiellement, à savoir celles des vallées de Los Pedroches, del Guadiato et de Alcudia. Elle a été fondée en 1959 à Pozoblanco (Cordoue) par un groupe d’éleveurs qui prirent la décision d’acheter de manière collective du fourrage et autres aliments destinés au bétail. 



Le groupe compte environ 4500 membres éleveurs de trois régions essentiellement, Los Pedroches, Valle del Guadiato et Valle de Alcudia.

Même si le siège est situé à Pozoblanco, son extension touche d’autres communautés autonomes que l’Andalousie avec notamment celle d’Extremadura ou de Castilla-la-Mancha.

Disposant d’un modèle de production durable, fondé sur les principes de qualité et de traçabilité, le groupe propose notamment des jambons ibériques bellota de haute qualité. C’est aussi devenu en près de 6 décennies l’une des plus grandes industries laitières du pays.

Ce sont près de 700 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2021 et une production totale de 1.012.000 tonnes. 47% de ce chiffre d’affaire sur leurs productions laitières ( lait, beurre, fromages en relation surtout avec le grand groupe de distribution Mercadona), 31% sur celles de l’alimentation pour le bétail et 21% sur les viandes produites, c’est en effet un grand succès. 



Dès la création du groupe, une importance capitale fut accordée à l’attribution d’une valeur ajoutée à leur produit. Aujourd’hui, COVAP est solidement installé comme principal moteur de la région.

L’équipe COVAP nous a ouvert les portes de leurs usines et installations qui couvrent une surface de plus de 26.000 m2. Un quart de la production espagnole des porcs ibériques bellota (“glands de chêne”) provient de leur site. Leurs installations sont pourvues d’une capacité de 800.000 pièces et sont dotées de quatre caves de maturation naturelle et d’une salle de préparation garantissant les manipulations de la viande dans des conditions de température et de stérilisation uniques. En découlent l’obtention des certifications nécessaires afin de développer une commercialisation sur les marchés internationaux. 



C’est assisté de José Ramón, coordinateur des achats et des productions dans les fermes d’élevage pour COVAP et de Miguel García, l’un des 70 vétérinaires du groupe que nous avons visité l’un de leurs centres d’engraissement, leurs propres abattoirs et une ferme d’élevage de broutards et de porcs ibériques (“Cebo de campo 100% ibérique et de bellota”). 



À la découverte d’une ferme d’engraissement


C’est un nouveau concept agroalimentaire qui nous est présenté, avant-gardiste, au-delà de l’agriculture et de l’élevage traditionnel.

Chaque année, nous explique Miguel, le vétérinaire, 23.000 veaux sont engraissés. 15.000 bovins de production propre et 8.000 d’autres éleveurs. Ils arrivent dans cette ferme âgés de 4 mois et ont un poids de 250 kg. Les enclos spacieux et la ventilation générée par les infrastructures permettent des conditions d’élevage dans des conditions optimales. Des enclos de 200m2 où l’on retrouve au maximum 30 bêtes. Miguel nous enseigne aussi l’équipement high tech des systèmes d’abreuvoir. Associés à une balance et à un système de puce fixée à l’animal, ils permettent le contrôle de l’évolution des quantités d’eau absorbées au quotidien par les animaux mais aussi leur évolution de poids. Un veau doit prendre en moyenne 800 grammes par jour. Rapidement, grâce à cet outil innovant, on peut détecter de manière précoce les éventuelles maladies ou problèmes de croissance et parer à ceux-ci. Avoir une maîtrise au quotidien du poids précis de l’animal permet aussi de réduire son empreinte carbone avec un abattage au moment précis souhaité par le client (poids atteint par l’animal).

La philosophie du groupe est aussi de viser une quasi autonomie. L’installation de panneaux solaires devrait permettre fin 2023, une réduction de 80% des frais énergétiques sur tout le site. Le fumier est utilisé aussi comme fertilisant dans les champs qui produisent céréales et fourrages. 

L’omniprésence des chênes verts est source d’aliments de par les glands qui y poussent. De novembre à janvier, c’est l’alimentation principale des cochons ibériques qualifié de « bellota ».



Des abattoirs scindés pour les trois types d’animaux


L’abattoir du site est construit avec deux chaînes d’abattage en miroir. Une pour les bovins et les ovins d’un côté, fonctionnant toute l’année et celle pour les porcins ne fonctionnant qu’une partie de l’année (un trimestre seulement). Une truie peut avoir deux portées sur une année (6 porcelets en moyenne).

Bien entendu, tout est en mis en œuvre pour garantir la bientraitance des animaux. Un contrôle de qualité et de l’hygiène sont des axes forts du groupe. Les chaînes de découpe connaissent les mêmes conditions rigoureuses et nous avons aussi assisté après l’abattage d’un lot à la désinfection totale des installations. 



Découverte de la Finca de Javier, un éleveur associé à COVAP


Par près de 40 degrés à l’ombre, l’équipe COVAP nous propose de visiter le site d’élevage de l’un de ses éleveurs-membres.

Nous nous rendons à la ferme « La Fuente del Perro » pour y rencontrer Javi, quatrième génération d’éleveur dans des installations de toute beauté. On y découvre un cheptel de cent vaches d’élevage. Javi est aussi très fier de ses porcs ibériques. Il a remporté en 2021, le prix spécial de la production en plein air dans le cadre de la cinquième édition des prix Porc d’Or Ibérique (échelle nationale) soulignant l’excellence dans la production porcine ibérique. Il est vrai que lorsque l’on discute avec Javi, on saisit immédiatement la passion qui l’anime mais aussi le travail rigoureux et les sacrifices nombreux qui vont de pair avec celle-ci. Ce prix est amplement mérité et récompense l’énorme effort et le travail impeccable de cet éleveur de porcs ibériques espagnols. Sa production en porc ibérique de bellota est de 160 bêtes par an. 



Voici donc une belle histoire où des éleveurs de Los Pedroches sont devenus de véritables géants de l’agroalimentaire en Espagne.

Cette coopérative qui souffle donc ses 60 bougies a réussi son virage économique et social dans cette belle région de Cordoue.

À l’origine, une vingtaine d’éleveurs et maintenant COVAP, c’est la sixième coopérative la plus importante de la péninsule, toutes activités confondues. Les années 90 ont été cruciales dans la consolidation de la coopérative, avec de grands investissements et une extension à d’autres communautés autonomes. La construction de plusieurs usines de mélanges et de centres d’alimentation du bétail figure aussi de facteur dynamique dans le succès de la coopérative. Un succès qui dépasse les frontières avec le développement d’un département international et d’une commercialisation des produits vers d’autres pays.

La modernisation des installations de production laitière figure parmi les plus modernes d’Europe, avec une production de plus de 340 millions de litres de lait par an depuis le début des années 2000. 



La dernière décennie a vu le groupe conquérir le marché américain avec exportation des fameux jambons et autres produits dérivés.

Une belle success story andalouse...