Esprit Sud revient sur la situation de Gibraltar, ce petit bout de terre qui suscite tant d’intérêts.
La Couronne britannique est en possession du minuscule territoire de cinq kilomètres de long sur 1 500 mètres de large en vertu des accords de Paix des Traités d’Utrecht de 1711.
À la différence des autres colonies britanniques, Londres a toujours octroyé une certaine autonomie aux habitants de Gibraltar. En effet, le populaire rocher dispose d’une réelle indépendance avec un gouvernement propre et une monnaie locale( livre sterling de Gibraltar).
Gibraltar fut plus longtemps musulman que catholique. Mais aussi plus anglais qu’espagnol. Depuis 1704, c’est le drapeau de l’Union Jack qui flotte sur le célèbre rocher. De vives tensions ont toujours existé entre les autorités espagnoles et celles du Royaume-Uni. La Línea de la Concepción, petite ville espagnole, figure depuis toujours comme la « ville sans loi et sans futur», en total contraste avec le petit territoire britannique en perpétuel essor. Il faut savoir que chaque jour, ce sont près de 16.000 employés espagnols qui franchissent la frontière pour rejoindre leur lieu de travail.
Face à cette réalité, les conséquences du Brexit étaient vivement redoutées, de part et d’autre.
Le 31 décembre 2020, un accord de dernière minute avait été trouvé afin d’éviter un Brexit dur. Une « union » à l'Espagne et à l'espace Schengen fut été décidée afin de maintenir la libre circulation. Une solution préservant de la scission entre les habitants du rocher et leurs voisins andalous, source notamment de main d’œuvre précieuse.
Madrid et Londres ont accordé leurs violons pour permettre le maintien du passage tant des personnes que des marchandises. Cet accord historique et unique évite donc que Gibraltar ne se convertisse en frontière extérieure de l'UE.
Il ne devrait plus y avoir de barrière avec l'Espagne. L’enclave britannique entrera dans l’espace Schengen. En découlera bien entendu, la libre circulation des habitants au sein de l'Union européenne.
Les relations entre les deux peuples furent toujours en dents de scie. Après des décennies de tensions, ce sont les efforts pragmatiques des autorités de Gibraltar et de leurs voisins des provinces espagnoles qui ont payés. De longues négociations aboutissant à un résultat inespéré. L’objectif est de garantir une prospérité commune. Un accord notamment sur la coopération policière et douanière, en matière d’environnement et sur le tabac.
Les administrations locales et les organisations patronales et syndicales ont travaillé ensemble, ces dernières années pour établir ce cadre qui ont permis cette issue positive. Ils sont parvenus à préserver ce micro écosystème économique dans un climat serein alors que l’on pouvait imaginer le pire vu les revendications territoriales historiques.
Même s’il préserve fièrement son identité britannique, Gibraltar pourra resserrer ses liens avec voisins espagnols de par cette entrée dans l’espace Schengen.
Beaucoup craignait que l’Espagne profite des circonstances complexes pour de nouveau prétendre à ce petit bout de territoire. Il n’en fut finalement rien.
L’application de ces mesures historiques prennent du temps mais l’an dernier, le ministre espagnol des Affaires Étrangères a assuré que l’Espagne respectera les accords conclus avec le Royaume-Uni sur l’épineuse question de Gibraltar. Même son de cloche pour son homologue britannique. Un accord de principe historique qui permet maintenant ce long travail d’établissement des bases de la future relation entre l’Espagne et le Rocher après le Brexit. Les contrôles de frontières ne devraient dès lors avoir lieu qu’au niveau de l’aéroport et du port, confiés non plus aux agents de Frontex mais bien aux Espagnols.
En attendant la mise en application de ces précieux accords, que l’on soit Français, Espagnol ou Belge, il est impératif de continuer à présenter des documents d’identité valables pour effectuer les deux passages de frontières lorsque l’on se rend au célèbre rocher, chers lecteurs. Sachez chers Français ou Belges qu’une carte d’identité suffit pour le passage de la frontière. Il n’est en effet pas nécessaire d’avoir un passeport.
Une ouverture se profile et espérons que 2022 verra enfin apparaître le bout du tunnel!
