Sécheresse persistante, chaleur inhabituelle et manque de pluie… Que nous réserve 2024 ?

Rédigé le 01/03/2024
Claude Georges


Personne ne l’ignore, l’Andalousie connaît certainement la pire sécheresse de son histoire et le ciel reste d’un bleu azuré, n’apportant aucune solution. Les municipalités ont déjà imposé des restrictions et on peut s’attendre à des futures coupures d’eau. Malaga a annoncé fin janvier que la pression de l’eau baissera de moitié, après la Semaine Sainte, de nouvelles soupapes de pression seront installées. L’été risque-til dès lors d’être compliqué? La région de l’Axarquía atteint des niveaux critiques avec La Viñuela, sa réserve principale qui fait pâle figure. Depuis des mois, les instances locales multiplient les améliorations des infrastructures hydrauliques, développent des systèmes de dessalement et étendent les capacités des stations d’épuration. L’amélioration de la « route de l’eau » et d’autres projets sont sur toutes les tables des administrations régionales et communales. Esprit Sud mène l’enquête et rassemble les solutions qui se profilent à l’horizon!



Une autoroute de l’eau qui fait peau neuve

Les travaux visant l’augmentation des pompages de Rojas du système Guadalhorce-Limonero pour Malaga et la Costa del Sol ont débuté (dont la capacité de pompage est évaluée à 500 litres par seconde). Une intervention de plus de 10 millions d’euros a été réalisée par la Junta de Andalucía pour cette nouvelle phase de l’ « autoroute de l’eau ». Optimiser les installations actuelles de la station permet d’améliorer les ressources en eau du réservoir de La Concepción avec une alimentation amplifiée de la capitale de Malaga et du reste de la Costa del Sol. Cette intervention qualifiée de stratégique et prioritaire apparaît comme un pas décisif vers un équilibre hydrique de la région. Les pompes actuelles seront également remplacées par des modèles plus modernes permettant une plus grande capacité.

L’eau de mer comme source d’approvisionnement

Un autre projet intéresse la modernisation et l’extension des techniques de dessalement dans la zone de Marbella et dans celle de l’Axarquía. La célèbre station balnéaire va doubler sa capacité actuelle de traitement (passant de six à douze hectomètres cubes) et va installer un système de dessalement portable. Dans la zone orientale de Malaga, la mise en place de systèmes de dessalement portables répond aussi à la demande des agriculteurs de la région. Le site qui accueillera les installations a été trouvé, il sera localisé près de la station d’épuration de Vélez-Málaga au nord de la route nationale 340. Cette action urgente verra le placement de modules préfabriqués avec une capacité de production intéressante. Jesús Lupiáñez, maire de Vélez-Málaga, a confirmé que le site devrait être opérationnel fin 2024.



Eaux régénérées, la seconde vie des eaux usées

À ce stade, ce sont les villages de l’Axarquía qui bénéficient le plus de l’eau traitée dans les stations d’épuration. Quatre stations fonctionnent à plein rendement (Torrox-IARA, Torrox-Arroyo Manzano, Algarrobo et Rincón de la Victoria) et une nouvelle station verra le jour prochainement à Peñón del Cuervo. Au cours de l’année précédente, la production d’eau régénérée est passée dans la région à près de 23 hectomètres cubes. L’objectif est d’atteindre avec la multiplication des sites et une meilleure efficience de ceux déjà en place, une production de 50 hectomètres cubes en fin du premier trimestre de 2025.

De l’eau transportée par des bateaux au port de Malaga

La Junta de Andalucía n’écarte pas non plus l’idée d’aménager certaines infrastructures du port de Malaga pour lui permettre d’accueillir des bateaux chargés de plus de 100.000 mètres cubes d’eau potable. Un quai spécifique serait aménagé pour l’arrivée des bateauxciternes afin de leur permettre de décharger l’eau. Le liquide précieux serait ensuite acheminé au site ETAP El Atabal, situé en bordure de la ville, dans le quartier Bailén-Miraflores. D’autres plus petits navires avec une capacité de chargement de 40.000 mètres cubes transporteraient l’eau directement au cœur de la province.



Ainsi évolue la sécheresse, des chiffres qui inquiètent…

Nous nous sommes procuré des chiffres (tableau communiqué par S.A.I.H. Hidrosur, en charge depuis 1991 de la maintenance des réserves, collectant quotidiennement les niveaux et intervenant sur les incidents hydrométéorologiques) qui donnent froid dans le dos afin de connaître la dynamique de l’eau dans la région. Concentrés sur la Province de Malaga, nous nous sommes intéressés à la capacité des différentes réserves d’eau, voyez plutôt !



Rappelons que le barrage du Limonero joue un rôle crucial dans la régularisation du fleuve Guadalmedina. Protégeant des éventuelles inondations, il approvisionne en eau une grande partie de la région. Celui de La Concepción est situé sur la rivière Verde, il régule son débit et joue un rôle essentiel pour l’alimentation en eau des terres agricoles. Situé à Almogía, le réservoir de Casasola est situé sur le parcours du fleuve Campanillas, affluent du Guadalhorce. Pour ce dernier cours d’eau, ce sont les "embalses" de Guadalteba et de Guadalhorce qui jouent un rôle de régulateur. Quant au réservoir de La Viñuela, il est l’un des plus importants de la province placé sur le trajet de la rivière Guaro. Les chiffres que nous enseignent le tableau sont plus qu’alarmants…


Vers une gestion plus durable des ressources…

Alors que fin janvier, la grande foire touristique de Madrid (le FITUR) se clôturait, la sécheresse était dans tous les esprits. Alors qu’il fut annoncé une année touristique sans précédent, les conditions hydriques du sud de l’Espagne inquiètent non seulement les habitants de la région mais également tous les professionnels du secteur touristique. À quelle saison estivale peut-on s’attendre si les restrictions en eau sont omniprésentes? Le lundi 5 février dernier, Arturo Bernal, Ministre du Département Tourisme, Culture et Sport de la Junta de Andalucía a tenu un discours rassurant. Il garantit que ni la population, ni les touristes ne souffriront d’un manque d’approvisionnement en eau cet été. Il insiste sur le fait que des moyens ont été mis en place afin de parer au problème mais qu’il convient également d’adopter un comportement responsable. Il a rappelé que plus de 500 millions d’euros ont été investis par la Junta de Andalucía les derniers mois. Il a également encouragé le Gouvernement Central à prendre sa part de responsabilité de manière urgente et à œuvrer conjointement. Certaines infrastructures hôtelières ont aussi emboîté le pas et innovent. Elles sont de plus en plus nombreuses à investir dans l’installation de citernes et de systèmes de transformation d’eau non potable en potable. Le Ministre est conscient que l’on ne pourra éviter certaines coupures d’eau dans de nombreuses municipalités et rappelle que l’utilisation de l’eau potable devra être réduite en ce qui concerne l'arrosage des jardins, le lavage des voitures ou le remplissage des piscines.

L’eau est au cœur de nos défis futurs et nous devons modifier nos habitudes pour faire face au changement climatique. Une prise de conscience collective doit absolument avoir lieu et nous devons préserver les ressources en eau. Le fait qu’il pleuve trois jours d’affilée en mars et en avril ne suffira pas à reconstituer les réserves d’eau dont nous avons besoin pour toute l’année. Nous devons être conscients que des années compliquées nous attendent en matière de climatologie en lien avec l'absence de pluie. L'eau est une ressource rare qu’il faut plus que jamais économiser et gérer avec prudence.