Rencontre avec Nadine Briec, artiste peintre matérialiste bretonne

Rédigé le 13/03/2024
Daniel Moineau

Récemment installée sur la Costa del Sol, Nadine Briec fait partie des personnes que l’on n’oublie pas. Dans sa maison colorée de Mijas, elle nous reçoit pour nous parler de sa passion pour l’art. Nous y avons découvert une personnalité attachante et ses créations sont originales et envoûtent par leurs couleurs et les multiples matières utilisées. Ses tableaux singuliers vous transportent dans un univers empreint de sérénité. Elle aborde avec nous ses inspirations et ses processus de création.  



Bonjour Nadine Briec, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs d’Esprit Sud Magazine ?

Je suis Bretonne mais avant tout, je suis Bigouden, soyons précis (rires). C’est aussi le nom des hautes coiffes cylindriques portées dans cette région. Je suis née précisément à Pont-lʼAbbé, commune du département du Finistère. C’est la capitale du pays Bigouden. J’y ai suivi mes études et exercé mon métier de coiffeuse-esthéticienne.

D’où vous vient cette passion de la peinture ?

Cela peut sembler étrange mais mon métier de coiffeuse est à la base de celle-ci. Le dessin fait partie intégrante de ma formation. Ensuite, les colorations amènent ce jeu des teintes et des nuances. Je joue avec les dorés, les cuivrés, les blonds affinés, de la transparence, des voiles, des balayages de nuances au travers des mèches. Cela m’a appris à connaître et acquérir une vision précise des couleurs au travers une palette de diverses intensités… Tout l’art de la ou du coloriste est un dialogue réussit avec les couleurs ! Et de là, il n’y avait qu’un pas vers la peinture sur toile.

Peut-on facilement conjuguer l’activité très prenante de coiffeuse et cette passion de la peinture ?

Bien entendu, en toute franchise, c’est compliqué. C’est essentiellement à partir de 2012 que je m’y suis consacré de manière plus active, mettant mon métier initial en pause. Disposant de plus de temps pour moi, je me suis plongée dans cette passion de la peinture.

Vous en avez ressenti un profond besoin ?

Exactement, quand j’ai réellement commencé à créer, il y avait cette puissante envie, ce besoin d’exprimer des choses, jongler avec les couleurs et les matières, de communqiuer certains ressentis du passé, du présent, même si le résultat final peut paraître abstrait et curieux pour celui qui observe la toile, j’y vois énormément de choses qui me sont connectées.

Vos tableaux sont plus que des peintures, on y retrouve du volume, des superpositions de matières…

Les techiques que j’utilise ont beaucoup évolué. En 2014, j’ai laissé l’huile derrière moi et j’ai entamé une longue période d’essais avec des mélanges d’acrylique et de pâtes afin d’obtenir du volume et de la densité. J’ai aussi ajouté des matériaux divers, des incrustations d’autres éléments, pour aboutir à des créations qui me ressemblent et qui correspondent à mes attentes.

Cette tendance artistique porte un nom, c’est le « matiérisme », avec cette importance accordée aux matières travaillées avec utilisation de matériaux atypiques (fils, sable, …), mouvement porté par Fautrier, Dubuffet ou Tàpies…

C’est cette tendance qui me convient le mieux même si pour moi, peu importe le nom du mouvement. En utilisant de l’acrylique, des brillants, de la feuille dʼor, des grains de sable et des morceaux de verre ou de miroir, je parviens à obtenir une fusion harmonieuse où les couleurs et les formes ne forment plus qu’un. Je triture la surface de la toile avec mes couteaux mais aussi, le plus souvent, avec mes doigts. J’ai besoin de relief dans ce que je crée.



On retrouve également dans certaines de vos créations des matières marines, comme des morceaux de coquillages, des algues séchées, … C’est en lien avec vos origines bretonne ?

Sans doute, la mer en toile de fond permanente. Ma terrasse donnait sur l’océan Atlantique.

Comment se déroule votre processus de création ?

Je pense être très loin de la peinture « reproduction traditionnelle ». Je dirais que je débute un peu à l’aveugle, de rien. Seules primes, mes émotions du moment. Il y a aussi mes trois couleurs préférées que je décline à l’infini. Je tente d’arriver à un tout avec au final, un résultat qui peut aussi parfois me surprendre.

Que vous apporte cette passion ?

(Grand sourire) Tellement de choses. Cela est un échappatoire du quotidien. Je suis hyperactive et peindre, cela contraste avec ma façon d’être, j’entre en situation de calme et de sérénité. Cela me fait tout oublier, même les heures qui passent. Peindre avec mes doigts, me permet aussi d’avoir ce rapport tactile, de sentir et ressentir des choses incroyables. Je m’évade.

Plusieurs expositions ont été consacrées à vos toiles en France, à quand une exposition en Andalousie ?

J’y travaille. Actuellement, mes tableaux se trouvent ici à Mijas. Ils décorent ma maison, ils la personnalisent. J’espère prochainement les proposer à une galerie.

Merci Nadine Briec de nous avoir ouvert les portes à votre univers.

Merci à vous pour l’attention portée à mes créations.