C’est une image originale qui devient pratiquement une habitude depuis plusieurs semaines dans la capitale de la Costa del Sol. L’histoire se répète en effet tous les mardis et tous les jeudis avec deux bancs de six échiquiers et 12 joueurs dans la rue Larios. Enfants, adolescents et adultes s’affrontent simultanément et se concentrent afin de conclure sur un échec et mat. Cette initiative a été lancée par José Antonio Sánchez, originaire du quartier de la Trinité dans la capitale de la Costa del Sol, qui a passé sa vie en France mais qui est revenu dans sa ville natale à l’occasion de sa retraite.
L’idée a germé en 2020 et depuis, le phénomène fait de plus en plus d’adeptes.
Cette belle histoire débute à plus de 2000 kilomètres, à Lille, il y a une dizaine d’années à La Vieille Bourse. Là, il observa un libraire qui avait l’habitude de placer des tables devant son établissement afin que les passants puissent s’arrêter et jouer aux échecs. Un mois avant la pandémie, en février 2020, il se décide à débarquer dans la rue principale de Malaga avec deux planches afin de lancer ce projet original.
Un succès de courte durée puisque vint le confinement début mars. En novembre de la même année, il relance cette initiative et c’est un grand succès qui l’attend. De plus en plus de personnes venaient participer à ces rencontres autour d’un échiquier improvisé dans la grande artère commerciale. D’abord une table, puis trois et maintenant 6 tables qui permettent 6 parties simultanées. Il débarque les mardis et jeudis avec des chaises pliables qu’il transporte dans un chariot. Vers 17h00, il arrive avec son matériel, ses pions, ses tours et autres chevaliers… Et la magie peut opérer.
Jose Antonio est devenu une petite attraction dans le centre historique de Malaga, les gens commencent à reconnaître le roi des échecs de Malaga.
Il a déjà croisé des joueurs professionnels dans la Rue Larios qui l’encouragent à continuer et saluent l’initiative originale.
Des fans de tout âge et des amateurs du jeu d’échec provenant du monde entier, des enfants, des adultes, des Espagnols, des touristes, des médecins, des éboueurs, c’est un mélange unique réunit autour d’une même passion. Les joueurs et les badauds se réjouissent de cette activité peu habituelle mais au lien puissant social.
Jose Antonio aime voir la malice s’installer dans les yeux d’un enfant à qui il fait découvrir les échecs. Il ne prend pas les choses au sérieux, il veut que ce soit un plaisir de se retrouver autour des échiquiers : « J’aime partager des parties d’initiation avec des novices, avec des petits qui découvrent pour la première fois les échecs. Il m’arrive aussi souvent de tricher avec des personnes qui sont très douées mais vu leur talent, ils me rattrapent toujours et finissent la partie par un échec et mat.
J’aime quand les nouveaux adeptes me racontent leur histoire, d’où ils viennent, leur parcours et d’où leur vient leur passion pour les pions.
L’échec et l’Espagne, une histoire d’amour!
L’ouverture espagnole aux échecs est l’une des parties d’échecs les plus courantes. On l’appelle aussi Ruy Lopez en hommage à ce moine espagnol du XVIème siècle dont le nom complet est Ruy Lopez de Segura. Il était le joueur le plus brillant de son époque et est à la base d’un ouvrage de référence appelé « Libro del Ajedrez ». Cette formule de jeu s’est surtout popularisée au milieu du XIXème siècle quand cet ouvrage fut disséqué par Carl Jaenisch qui publia des analyses au départ de l’ouvrage.
Elle est devenue depuis l'une des ouvertures les plus anciennes du jeu (mais si elle figurait déjà dans le « Manuscrit de Göttingen », ouvrage datant de la fin du XVème siècle).
La partie espagnole est encore de nos jours la plus populaire. Elle est à la fois fréquente chez les grands maîtres et on la conseille aux débutants. Elle est aussi plus ludique permettant de roquer plus tôt dans la partie. Roquer est l’action de déplacer le roi et l’une des tours ce qui permet, en un seul coup, de mettre le roi à l'abri tout en centralisant une tour. Cette partie occupe plus de 210 pages de l’Encyclopédie des ouvertures d’échecs. Le jeu espagnol comporte une ouverture plutôt agressive qui encourage un jeu actif des deux joueurs. C’est une partie plus rapide avec de nombreuses options d’attaque. Bien qu’il existe de nombreux pièges potentiels dans lesquels un joueur novice peut facilement tomber, c’est une formule idéale pour les joueurs de tous les niveaux qui désirent faire progresser leur jeu.
Quant à la Fédération espagnole des échecs (Federación Española de Ajedrez), c’est l'organisation nationale chargée de gérer et de promouvoir toutes les pratique autour des échecs en Espagne. Elle est affiliée à la Fédération Internationale des Échecs depuis 1928 (elle-même fondée à Paris en 1924). Sachez également que depuis 1999, la Fédération a été reconnue par le Comité International Olympique (le CIO). Elle compte plus de 200 fédérations membres.
Alors, chers lecteurs Esprit Sud Magazine, si vous désirez défier José Antonio et les autres adeptes de ce jeu de table, rendez-vous les mardis et jeudis dans la Calle Larios pour des parties trépidantes et riches en rebondissements!
