Vivre sa retraite au soleil, mode d’emploi !

Rédigé le 29/12/2021
Frederic André

L’Andalousie séduit, elle attire. Jouir d’une douceur hivernale, d’un mercure qui descend rarement sous les 15 degrés, le désir de s’échapper lorsque l’heure de la retraite a sonné et d’élire domicile en Andalousie, cela peut être très tentant. Couler des jours heureux dans le sud, organiser vos journées entre farniente, plage et balades, qui n’en a pas rêvé ? Alors, avant de boucler vos valises, nous faisons notamment le point sur les données administratives impliquées par ce changement de vie. Un projet d’expatriation, cela se prépare et avant de le concrétiser, il faut répondre à pas mal de questions.


Pourquoi l’Espagne ? Pourquoi l’Andalousie ? 

Qu’ils soient Belges, Français ou Luxembourgeois, L’Espagne exerce depuis toujours un haut pouvoir d’attraction sur les personnes du troisième âge. La qualité de vie y est exceptionnelle, les paysages sont de toute beauté tant sur le littoral que dans l’arrière-pays, l’offre culturelle et le patrimoine historique sont impressionnants ; l’Espagne possède mille et un atouts. Le coût de la vie est également plus abordable et même si, à la différence du Portugal, aucune politique fiscale liée aux avantages des étrangers n’est mise en place, l’Espagne et l’Andalousie plus particulièrement, font figure de destinations de choix pour débuter une deuxième vie au soleil, après une longue carrière professionnelle, bien souvent dans la grisaille. Le nombre de retraités étrangers en Espagne s’accroît chaque année et la crise sanitaire a amplifié le phénomène. Coût de la vie, culture, lumière, nourriture, patrimoine, proximité, sécurité, faut-il en ajouter encore pour vous convaincre ?


Direction le sud, mais où poser ses valises ?  

Avant de faire le grand saut, partez à la découverte des différentes parties de l’Espagne qui sont susceptibles de vous séduire. Attention, vous ne partez pas en vacances ; votre optique est toute autre. Documentez-vous sur les coins qui à priori vous séduiraient le plus. Renseignez-vous auprès de connaissances qui y ont voyagé ou idéalement qui y ont posé leurs valises définitivement. Exploitez les forums, comparez les destinations et finalement, partez à la découverte de ce (ou ces) lieu(x) qui est (sont) potentiellement idéal(aux). Optez pour des périodes de faible affluence touristique et pour le mois de l’année où le climat est le moins favorable. Si dans ces conditions, le coup de cœur opère, c’est d’autant plus significatif ! L’Espagne est un pays de contrastes. La Costa Blanca n’a rien à voir avec la Costa del Sol. Couler des jours heureux à Madrid, gigantesque métropole, ne s’apparente en rien à s’installer à Valence ou à Séville. Il y en a véritablement pour tous les goûts sur la péninsule ibérique. Les prix des logements peuvent être bien différents, le coût de la vie aussi. Les saisons peuvent aussi offrir des conditions bien différentes avec des hivers rigoureux et des étés torrides, comme c’est le cas dans la capitale par exemple. Le choix doit être aussi opéré en phase avec vos désirs et suivant la manière dont vous envisagez la période de tranquillité qui fait souvent suite à une carrière professionnelle stressante.

Clairement, c’est le littoral méditerranéen qui a la cote auprès des retraités. Mais attention à la transition. Faites le bon choix ! Aucune précipitation, non plus. Si votre désir le plus cher est de vous installer définitivement en Espagne, passez par exemple deux ou trois mois sur place pour prendre vos repères, connaître un peu la région et vous frotter aux us et coutumes locales.

Les premiers pas

Vous avez posé définitivement les pieds en Espagne? Tout d’abord, respirez ! Rassurez-vous ! Le passage de votre pays d’origine à l’Andalousie n’est pas compliqué. Souvent décrites comme se rapprochant d’un simple changement de commune ou de localité en Belgique ou en France, les démarches administratives ne doivent pas être un frein à votre enthousiasme né aux prémices de votre changement de vie.

Étape initiale, il vous faudra absolument obtenir un NIE (Numéro d’Identification d’Étranger). Ce document est indispensable pour effectuer toutes les démarches administratives auxquelles on peut être confronté (ouvrir un compte bancaire, acheter un bien immobilier, …). *1 Ensuite, citoyen d’un État membre de l’Union Européenne, vous allez résider plus de 3 mois sur le territoire espagnol, vous devez dès lors obtenir un « certificado de registro de ciudadano de la Union Europea ». Il permettra de prouver que vous êtes à présent résident en Espagne. Attention, ce document ne peut être obtenu qu’en Espagne (alors que le NIE, peut quant à lui être obtenu à l’Ambassade Espagnole installée dans votre pays d’origine). Le « certificado » est donc obligatoire pour toute personne qui réside plus de trois mois en Espagne. Il est aussi nécessaire pour vos démarches administratives. Obtenu à la Direction Générale de Police (Service des Étrangers) de votre nouvelle ville d’adoption, le document prend la forme d’une petite carte de verte.  


La fiscalité

Le ressortissant étranger qui passe plus de 183 jours sur le territoire espagnol sera considéré comme résident fiscal ; il ne pourra être dérogé à cette règle fondamentale. Même si l’Espagne appartient à l’Union Européenne, une législation et des règles lui sont propres. Ajoutez à cela que chaque Communauté Autonome dispose d’un régime fiscal aménagé. Au niveau des obligations, le retraité étranger doit déclarer au fisc espagnol, l’intégralité de ses revenus (pensions de retraite, indemnités, allocations spéciales, …). Il existe cependant des conventions signées entre l’Espagne et ses voisins européens afin d’éviter la double imposition des personnes à la retraite. Par exemple, une pension du service public versée depuis la France, y sera imposable (sauf si vous êtes de nationalité espagnole et pas franco-espagnole). Par contre, les autres revenus devront l’être en Espagne. Les pensions découlant des régimes spéciaux des entreprises publiques par exemple, seront imposées en Espagne. Notons malgré tout que les retraités de l’hexagone bénéficient ici de l’exonération des charges sociales (de la Contribution Sociale Généralisée et de la Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale).

Toujours dans le domaine de la fiscalité, l’Espagne dispose d’un régime différent en matière immobilière. Êtes-vous propriétaire d’un bien en résidence principale ? Vous serez alors exonéré d’impôt sur les revenus locatifs. Vous n’êtes pas résidents ? Alors le taux d’imposition sur votre bien est de 19% alors qu’en comparaison, elle peut atteindre 41% en France, en fonction bien entendu des tranches de revenus. Résident ou non-résident espagnol, bien loué ou non, ce sont différents facteurs qui influencent la fiscalité immobilière. 

En conclusion, tous les revenus devront être déclarés en Espagne, quelles qu’en soient leurs origines, de source espagnole ou étrangère. Maintenant les conventions qui lient les pays européens précisent bien entendu pour chaque type de revenu, quel est le pays d’imposition. Prenons l’exemple de revenus locatifs perçus de loyers en France, c’est dans l’hexagone qu’ils seront imposés. Par contre, l’Espagne utilisera la somme de vos revenus afin de calculer vos impôts et déduira ceux que vous payez par ailleurs en France.


Cocorico!

Les échanges de fichiers entre pays européens vont conduire à une simplification administrative! La présentation annuelle du certificat de vie par les Français à leur caisse de retraite ne sera plus nécessaire. Ce document attestant qu’ils étaient toujours en vie leur permettait de percevoir leur pension. Les retraités n’auront donc plus à se préoccuper de ce document. S'ils décèdent en Andalousie, grâce à ces échanges de fichiers d'état civil qui débuteront en janvier 2022, l’information sera instantanément communiquée, via une transmission numérique entre les deux états. Il ne leur sera donc plus nécessaire de prouver qu’ils sont toujours en vie. 


Les soins de santé

Choisir la couverture santé la plus appropriée est une étape essentielle lorsque l’on désire s’expatrier, encore plus lorsque l’on arrive à l’âge de la retraite. Nos pays d’origine (Belgique, France, Luxembourg, …) et l’Espagne ne proposent pas du tout le même système de santé. *4 Souvent classé dans les meilleurs pays du monde en ce qui concerne le système de santé publique, l’Espagne dispose d’excellents médecins et de très bons hôpitaux. Il faut malgré tout reconnaître que le système de santé publique souffre de lenteur et de manque évident de moyens. Il peut paraître aussi plus contraignant notamment lorsque l’on vous impose un médecin ou lorsque l’on vous fixe rendez-vous six mois plus tard. Le système peut donc dans un premier temps dérouter les jeunes retraités. La tentation de souscrire à une assurance de santé privée est donc forte, vers plus de sérénité et vers un gain de temps certain. 

Il vous faudra, une fois résident en Espagne, vous inscrire auprès de la Sécurité Sociale espagnole. Vous obtiendrez alors, après un certain délai, votre carte de sécurité sociale qui vous permettra de bénéficier des remboursements du régime public espagnol, même s’ils sont nettement moins importants que dans nos pays d’origine. Comme vous n’avez nullement cotisé auprès du régime espagnol lors de votre carrière professionnelle, vous serez dans l’obligation d’introduire un formulaire européen S1 afin d’y faire transférer vos droits en matière de santé. Si vous êtes ressortissant français, on ne peut que vous conseiller de vous inscrire également à la Caisse des Français de l’Étranger afin de bénéficier de la couverture la plus large possible.  


Spécificité « noire, jaune et rouge » 

Vous avez fait le choix de quitter le plat pays, rassurez-vous! Vous continuerez en tant que retraité installé en Espagne, à y percevoir l’intégralité de votre pension belge. Vous n’avez travaillé et dès lors cotisé qu’en Belgique ? Alors, votre retraite sera calculée d’après la législation belge. Présentez-vous à l’administration belge correspondant à votre ancien emploi ou adressez-leur une demande complète dans ce sens. Il s’agit de l’Office National des Pensions (ONP) pour les salariés. Les indépendants doivent s’adresser à l’Institut National d’Assurances Sociales pour Travailleurs Indépendants (INASTI). Enfin, pour les anciens travailleurs du service public, c’est l’Administration des Pensions qui est responsable. Le paiement des pensions belges sera réalisé par le Bureau des Conventions Internationales de l’Office National des Pensions. Les anciens membres du secteur public, percevront leur pension du Service Central des Dépenses Fixes du SPF Finances.


Et en guise de conclusion, voici 5 trucs pour réussir son expatriation !

  • Apprenez l’espagnol, cela vous ouvrira mille et une portes. Vous gagnerez en confiance aussi.
  • Entourez-vous d’expatriés (ça rassure) mais aussi d’espagnols (vive l’exotisme). Créez-vous un nouveau cercle mixte de connaissances sur votre terre d’adoption.
  • Trouvez-vous des activités et quadrillez votre temps. Initiez-vous au golf, intégrez un club de lecture, un groupe de randonnée
  • Vivez intensément les coutumes locales, apprenez la culture du pays qui vous accueille, une source infinie d’enrichissement.
  • Profitez ! Profitez ! Profitez ! Le soleil, les plages, les endroits de toute beauté, tout cela vous est offert alors, profitez!