Et si, dès 2026, il était possible de passer librement de La Línea de la Frontera à Gibraltar sans lever les yeux vers la barrière de fer qui coupe l’horizon ? Il s’agit en effet de la promesse d’un accord historique entre l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Union européenne visant à retirer la fameuse verja qui, depuis plus d’un siècle, sépare les deux territoires.
Cette grille, dressée en 1909, fermée hermétiquement entre 1969 et 1985, a longtemps symbolisé bien plus qu’un simple poste-frontière. Elle symbolise et concentre les tensions diplomatiques entre les deux pays, les différentes rancunes de l’Histoire, mais aussi le quotidien compliqué de milliers de familles et de travailleurs qui, chaque jour, patientent pour franchir ce passage et perdent un temps infini. On qualifie encore cette frontière de « dernier mur d’Europe ». Sa disparition, prévue pour janvier 2026, résonne donc comme un tournant.
L’accord qui devrait être finalisé lors de cet automne, prévoit d’intégrer Gibraltar à l’espace Schengen par l’Espagne. Concrètement, les contrôles migratoires et douaniers se feront uniquement au port et à l’aéroport de Gibraltar, tandis que la frontière terrestre disparaîtra physiquement. Pour les plus de 10.000 travailleurs transfrontaliers quotidiens, ce sera la fin des files d’attente interminables et pour les familles séparées par une barrière, ce sera un quotidien simplifié.
Mais au-delà du côté pratique, c’est un souffle nouveau pour toute la région. Les commerçants, les hôteliers, les restaurateurs du Campo de Gibraltar entrevoient déjà de nouvelles perspectives économiques. Les habitants, eux, oscillent entre enthousiasme et prudence. Car si l’ouverture annonce plus de fluidité et d’opportunités, elle soulève aussi des questions en lien avec la montée de certains prix, une compétition fiscale voire un équilibre des identités.
« C’est la fin du dernier mur d’Europe », a déclaré le ministre espagnol José Manuel Albares récemment. Une phrase qui sonne comme une promesse, celle d’un avenir plus partagé, où l’Andalousie et Gibraltar tournent ensemble une page lourde de souvenirs. En janvier 2026, si tout se déroule donc comme prévu, les portiques s’effaceront. The Rock of Gibraltar ne sera plus séparé par des barbelés, mais relié à la Costa del Sol par une simple ligne invisible, symbole de libre circulation et de coexistence.