Ce n’est plus un simple ressenti, ni une impression de certains hôteliers isolés. La fréquentation touristique est bel et bien en baisse sur la Costa del Sol. Pour la première fois depuis la pandémie, les professionnels du secteur commencent à noter qu’une tendance à la baisse semble s’installer.
De janvier à mai, les chiffres sont sans appel, voyez plutôt cher lecteur. Le nombre de voyageurs a diminué de 4 %, et les nuitées ont reculé de 3,8 % par rapport à la même période en 2024, selon les dernières données de Turismo Costa del Sol. Le secteur de la location touristique suit le même chemin, avec un taux d’occupation moyen de 58,7 %, en baisse constante depuis mars…
Des touristes qui se font plus discrets, c’est une nouvelle tendance… Alors que le tourisme international avait permis de compenser la baisse du marché espagnol l’an passé, la machine semble s’essouffler. Les visiteurs étrangers ne sont plus aussi nombreux. La Suède chute de 17 %, la France de 7,4 %, les États-Unis de 7 %, la Pologne de 5,9 %. Même l’Allemagne marque le pas. En parallèle, le marché national continue sa dégringolade, avec une baisse de 15,6 %.
Doit-on s’inquiéter de cette tendance? Car au-delà des chiffres, c’est tout un équilibre économique qui vacille. José Luque, président de l’association des hôteliers de la Costa del Sol (Aehcos), parle d’une “certaine préoccupation” face aux réservations de juillet, inférieures à celles de l’an dernier et août suit la même tendance.
Pourquoi ce léger repli direz-vous, d’où provient ces changements? Les raisons sont multiples. D’abord, une instabilité géopolitique mondiale qui refroidit certaines clientèles. Les conflits en Ukraine et au Proche-Orient, les tensions commerciales, la politique américaine, tous ces facteurs poussent à la prudence auprès des voyageurs.
Ensuite, le poids de l’économie domestique. L’inflation, la hausse des taxes, la perte de pouvoir d’achat touchent directement les ménages. Voyager reste un plaisir, mais plus un réflexe. Et face à des prix qui continuent de grimper (+3,9 % dans la location saisonnière), certains préfèrent attendre ou chercher des destinations plus abordables.
Un autre paradoxe est à souligner. L’offre touristique ne cesse d’augmenter. Selon le registre officiel, la province compte désormais plus de 685 000 places d’hébergement, soit une hausse de 12,4 % en un an. Une croissance qui ne s’accompagne pas d’une demande équivalente. Le résultat conduit à une pression à la baisse sur les prix et une guerre silencieuse entre les hébergeurs.
Pourtant l’aéroport de Malaga continue quant à lui à batte tous les records. L’aéroport de la capitale de la Costa del Sol affiche plus de 12 millions de passagers sur le premier semestre (+7,8 %). Mais là encore, les apparences sont trompeuses car tous ces voyageurs ne sont pas des touristes. De plus en plus de personnes viennent pour affaires, pour le télétravail ou pour s’installer durablement. Une autre réalité est associée à des profils différents.
Le modèle est-il à repenser ?
La Costa del Sol vit peut-être une transition plus profonde qu’elle ne le pense. Moins de touristes après des années de surtourisme, des villes à saturation, une demande plus exigeante, des voyageurs qui réservent à la dernière minute, des prix à ajuster, une concurrence plus rude, ce sont les nouveaux facteurs à considérer à l’avenir.
Cette saison qui semble plus calme devenait est peut-être une opportunité pour repenser le modèle touristique ? Miser sur la qualité plutôt que la quantité. Attirer les visiteurs hors des saisons hautes. Valoriser l’authenticité plutôt que la surenchère. En somme, écrire un nouveau chapitre en adéquation avec notre époque…
Notre équipe de Esprit Sud Magazine est convaincue qu’un changement est nécessaire avec un tourisme plus durable et une manière différente d’envisager les voyages en 2025 et les années qui viennent…