Doñana, joyau sacré de l’Andalousie, fait son cinéma

Rédigé le 11/06/2025
Maud Maluenda


Un documentaire exceptionnel lève le voile sur les mystères de la plus précieuse des réserves naturelles espagnoles. À découvrir dans les cinémas espagnols et en ligne.


« Ésta es la historia de un bosque que crece alrededor de una marisma, que se formó entre el mar y las orillas de un gran río… » (« Voici l’histoire d’une forêt née autour d’un marais, formé entre la mer et les rives d’un grand fleuve… »). Dès les premières secondes, la voix d’Odile Rodríguez de la Fuente nous embarque dans un voyage sensoriel et spirituel au cœur du parc national de Doñana. Intitulé Doñana. Donde el agua es sagrada (« Doñana. Là où l’eau est sacrée »), ce documentaire, récemment sorti dans plus de 60 salles espagnoles, offre une immersion rare et précieuse dans l’un des derniers sanctuaires de biodiversité en Europe.

Ce film est le fruit de 31 mois de tournage, de patience, d’imprévus et de lumière naturelle. Ses auteurs, Carmen Rodríguez, Joaquín Gutiérrez Acha et José María Morales, n’en sont pas à leur coup d’essai. Après Guadalquivir, Cantábrico et Dehesa, ils signent ici le dernier chapitre d’une saga cinématographique entamée il y a plus de quinze ans pour raconter la nature ibérique. 


Face à la longue sécheresse qui a bousculé le tournage, les réalisateurs ont dû adapter leurs plans. Les oiseaux d’eau ayant déserté les lagunes, les caméras se sont tournées vers d’autres formes de vie plus discrètes, comme les étonnants camarones hada (« crevettes-fées »), qui trouvent refuge dans les flaques temporaires, ou les triops, petits crustacés préhistoriques apparus il y a plus de 250 millions d’années. Puis, enfin, les pluies sont revenues, permettant d’achever le portrait d’un territoire aux mille visages, tantôt aride, tantôt luxuriant, toujours vibrant.

Ce qui rend ce film unique, c’est aussi sa manière d’intégrer l’humain. Pour la première fois dans cette série documentaire, le lien entre l’homme et la nature est pleinement assumé. À travers les images du pèlerinage d’El Rocío, de la transhumance des juments lors de la Saca de las Yeguas (« la sortie des juments ») ou des actions de sauvegarde du lynx ibérique au centre d’El Acebuche, Doñana. Donde el agua es sagrada nous rappelle que cette terre vivante n’est pas seulement un écrin de nature : c’est un espace partagé, modelé au fil des siècles par ceux qui y vivent.

Ce documentaire agit comme un cri d’amour autant qu’un cri d’alerte. Face à l’agriculture intensive, au tourisme de masse et au changement climatique, Doñana résiste, fragile mais encore debout. Ceux qui aiment l’Andalousie, ses contrastes, ses traditions et sa nature indomptée trouveront dans ce film bien plus qu’un chef-d’œuvre cinématographique : une rencontre sensible avec l’âme sauvage du Sud.

À découvrir en salles et bientôt en ligne. Et pour une première immersion, la bande-annonce est à savourer ici