Le changement climatique favorise l'apparition en Espagne, notamment en Andalousie, de trois espèces de vautours originaires d'Afrique, qui s'ajoutent aux quatre espèces indigènes (le vautour fauve, le vautour moine, le percnoptère d'Égypte et le gypaète barbu). En effet, certains d’entre-vous ont pu constater la présence dans le sud de l’Espagne de ces volatiles. La semaine dernière, la présence de vautours d’origine africaine, a été constatée dans la station balnéaire de Estepona.
Ces trois espèces observées ces dernières années dans la péninsule ibérique sont le vautour de Rüppell (Gyps rueppelli), le vautour à dos blanc (Gyps africanus) et le percnoptère sombre (Necrosyrtes monachus), bien que ce dernier soit encore rare.
Ces charognards ne sont pas les seuls nouveaux habitants dans la région. Les ornithologues observent des oiseaux venant d'Afrique tels que le bulbul, le loriot maure et le flamant nain, récemment apparu dans la lagune de la Fuente de Piedra, qui a repris de belles couleurs après les pluies tombées lors de la Semaine Sainte.
En tout, une vingtaine d'espèces ont traversé le Détroit, en volant (ce sont à peine 14 kilomètres à parcourir) ou directement à bord des ferries reliant les deux continents. Les restes de nourriture des passagers attirent les oiseaux sur les bateaux, facilitant ainsi leur arrivée en Espagne.
Des tentatives d'hybridation avec des espèces locales ont été observées. Par exemple, le busard maure, face à la diminution de ses congénères, se reproduit avec le busard local. On observe aussi que le vautour de Rüppell s'accouple avec le fauve, très similaires en apparence malgré le fait qu'ils soient de taille différente. Il restera à déterminer si leurs progénitures seront fertiles…
Il est possible que les vautours africains qui atteignent la péninsule ibérique ne montrent pas de philopatrie, c'est-à-dire qu'ils ne retournent jamais dans leur région natale, ouvrant ainsi de nouveaux scénarios pour la reproduction, selon une étude publiée dans le Journal of Ornithology par des experts de la Fondation Migres.
Les trois espèces de vautours africains observées sur la péninsule sont :
- le vautour de Rüppell, qui pourrait devenir une nouvelle espèce parmi les vautours européens selon les conclusions d'une étude scientifique dirigée par Carlos Torralvo et Alejandro Onrubia. Le nombre d'observations est passé de deux individus en 1998 à près de cinquante en 2021. Cette espèce est en danger critique d'extinction. Ils arrivent en Europe en suivant la migration des vautours fauves.
- le percnoptère sombre, entièrement noir contrairement à l'espèce locale, a été observé une dizaine de fois seulement les dernières années.
- le vautour à dos blanc a été vu en Espagne pour la première fois en 2008. Certains individus peuvent suivre les vautours fauves lors de leur migration à travers le Sahara, la majorité étant des jeunes ou des immatures.
Les modifications des conditions climatiques amènent donc leur lots de changement quant aux populations d’oiseaux migrateurs observés dans la région. Les espèces endémiques du territoire africain, semblent trouver un nouvel environnement favorable dans le sud de l’Espagne et nos terres andalouses…