La situation hydrique de la Costa del Sol après une semaine pluvieuse: les chiffres!

Rédigé le 02/04/2024
Frederic André


La Costa del Sol peut enfin sortir du niveau grave de sécheresse et les réserves des “embalses” ont vu leur capacité augmenter ces huit derniers jours. 

La Viñuela par exemple double ses réserves en ces quelques jours de providence. Toute la province de Malaga sort des niveaux graves et gagne en mars 50 hectomètres cubes (et avec les ruissellements qui suivent ces pluies, on pourrait atteindre les 60 selon les prévisions), ce qui correspond à l’équivalant d’une année de consommation dans la capitale. 

Bien entendu, Malaga ne va pas laisser derrière elle le cauchemar de la sécheresse, mais ces pluies sont une véritable bouffée d’oxygène. On peut espérer maintenant que la province ne devra pas faire face à de nouvelles restrictions plus sévères dans les prochains mois. 

Alors que les réserves totales étaient de 97 hectomètres cubes le 8 mars, elles affichent en ce lundi 1er avril, 18h00, un peu plus de 147. Bien entendu, on est encore loin d’un excellent remplissage car on est à une moyenne de 25% de leur capacité de remplissage. 

Les pluies ont également été providentielle pour les réserves souterraines dans des zones comme celles de la Sierra de Mijas, de Ronda, de El Torcal, Aljaima et Fahala. C’est dès lors, un répit en l’attente de la prochaine grande réunion du Comité de la sécheresse, qui est fixée au début de la semaine prochaine.

La reserve de “La Concepción” dépasse les 31 et la limite critique mais cette réserve est celle qui alimente le plus la Costa del Sol. Cette réserve située en amont de Marbella et d’Istán, fournit en moyenne 77% de la consommation annuelle de la Costa. On est encore loin d’un niveau suffisant pour lever toutes les restrictions. À cet égard, Acosol, a publié ce lundi 1er avril, un communiqué évaluant certes, l’importance des pluies, mais qui appelle à la prudence dans l’utilisation quotidienne et que la baisse drastique de la pression la nuit serait maintenue à l’exception de la nuit du samedi à dimanche. Rappelons que cet été, on bénéficiera de l’aide inestimable des station de dessalement de Marbella. La première phase de travaux pour récupérer une importante quantité d’eau devrait être prête avant la fin du mois de juin et devrait fournir au minimum 1 hm3 par mois.

La réserve du Guadalhorce a, quant à elle, augmenté 6 hm3 en un mois. Elle totalise 21,93 hm3 et se situe à la moitié du niveau de l’an dernier à la même période. Son niveau est maintenant à 17,44% de sa capacité alors que début mars, il atteignait un peu plus de 15%. 

La réserve du Comte de Guadalhorce retrouve des couleurs, après être tombée en septembre à un niveau historiquement bas. Avec 20,66 hm3, il dépasse déjà le niveau de l’année 2023 à la même date. En septembre dernier, il était tombé à la valeur inquiétante de 11 hm3.

La plus récente des réserves d’eau de la région est celle de Casasola, elle a été inaugurée en 2000 et est située dans les hauteurs de Almogía. Elle disposait d’à peine 3 hectomètres cubes l’année dernière. Elle atteint les 6,33 en ce premier avril. 

Quant au Limonero (citronnier si l’on devait traduire), cette réserve qui trouve ses origines en 1983 garantit l’eau pour la ville de Malaga. 

Cette réserve a peu évolué malgré les deux derniers épisodes pluvieux et le stock est à peine de 4,61 hm3, la moitié de celui de l’an dernier à la même période.

Enfin, la réserve de la Vinuela reste en zone grave mais on peut noter des changements spectaculaires. 13,19 comme réserve le 1er Mars, 16,51 le Lundi Saint et ce lundi 1er avril, sa capacité est de 26,54. 

En un mois, cette réserve a donc été doublée! Cette “citerne” géante est notamment alimentée par la rivière Guaro. Pour la première fois depuis des années, on a vu le lit de cette rivière se combler d’eau. 

Le directeur du Centre Météorologique de Malaga, Jesús Riesco, a pris la parole ce mardi 2 avril. Soulagé, il se veut rassurant mais reste réaliste. « Il faut deux fois plus de pluie à Malaga pour arriver à une année hydrologique normale ». En effet, ces précipitations sont bienvenues mais elles ne font que soulager la situation critique. Pour sortir de la sécheresse, il faut espérer de nouvelles pluies les prochaines semaines. 

Le spécialiste n’annonce pas de pluies significatives pour la première quinzaine d’avril. 

Il ne voit pas cet épisode comme étant un phénomène qui se déroulera chaque année. 

Il reste prudent et comprend qu’il existe des modèles expliquant le déplacement des fronts de la fin de l’hiver au début du printemps mais c’est encore trop tôt pour le considérer comme une situation qui se consolidera à l’avenir. L’expert croit peu en la probabilité de pluies intenses en avril et mai permettant de remplir les réserves. “Il n’a pratiquement pas plu en janvier et février en comparaison avec les autres années, si bien que ces pluies diluviennes ont moins d’effet car elles succèdent à deux mois pratiquement sans pluie. “Et, il serait très rare qu’en avril et mai, il pleuvrait assez pour équilibrer la situation hydrique de notre région”. 

On peut imaginer que pour sortir de cette crise de sécheresse, il faudrait des années mais selon Jesús Riesco, un excellent automne pourrait nous sortir de cette situation. 

Les deux précédents automnes ont été très secs mais il n’exclut pas une saison plus humide en 2024.

Nous ne sommes pas sortis de cette situation critique, mais on se doit d’être rassurant. Nos comportements en lien avec notre consommation d’eau doivent être adaptés, cela ne fait pas le moindre doute. Cette période de sécheresse n’a d’équivalent que celle de 1995. Mais il fait plus chaud en ce XXIème siècle qu’en fin du siècle dernier, ce qui ne joue pas en notre faveur. 

L’Agence Nationale de Météorologie (AEMET) avertit de l’arrivée de plusieurs fronts associés à des dépressions atlantiques qui apporteront avec eux un cocktail de pluie, vent, neige et températures glaciales en Europe. Mais dans le cas de l’Andalousie, le temps devrait être idéal avec des températures supérieures à 18 degrés et peu de précipitations. À Malaga, le début de la première semaine d’avril arrive donc sans pluie et avec des températures maximales supérieures à la normale pour cette période. 

Quelques averses sont prévues ce dimanche 7 avril mais elles ne devraient pas être du calibre de celles connues les derniers jours.

Si l’on considère les réserves d’eau à l’échelle nationale, on enregistre un pourcentage de 63,1%, soit 5,3 % de plus qu'avant la Semaine Sainte.