Savannah, le golf pour passion

Rédigé le 01/03/2023
Frederic André

La jeune étoile montante du golf belge et mondial est depuis ce week-end en Andalousie. Elle participe cette semaine à la prestigieuse Copa S.M. La Reina à Sotogrande. Après une magnifique première manche où elle termine première, elle nous a reçu avec un sourire immense et la détermination qu’on lui connait au bord du green. C’est à chaque fois un réel plaisir de partager avec la jeune championne. La passion et l’envie brillent dans ses yeux, c’est indéniable !

Comment allez-vous Savannah ? Heureuse d’être en Andalousie ?

Je vais très bien et vous ?

C’est la forme, je suis très heureux d’enfin vous rencontrer. Vous êtes un gros coup de cœur Esprit Sud Magazine. Nous suivons de près votre parcours et de nombreux membres d’Esprit Golf me parlent souvent de vous, des Belges, des Français…

Merci, cela me touche beaucoup.

Ce matin, comment s’est déroulée cette première manche de la Copa S.M. La Reina 2023 ?

Cela s’est super bien passé. Je termine à -3 et je suis en tête après le premier tour. Demain, je commence peu après 13h00 pour la seconde manche. J’ai fait deux « eagles » aujourd’hui, je suis assez fière de mon parcours du jour, c’était un bon jeu…

Quelles sont tes impressions sur ce parcours de La Reserva de Sotogrande ?

Franchement, je l’adore. Il est assez pentu, les greens sont plutôt compliqués. Il est juste magnifique. J’adore jouer ici en Andalousie, les parcours sont juste magnifiques et dans des états impeccables. Celui-ci est en parfait état à cette période de l’année, c’est du pur bonheur.

Autre bonheur, Savannah, cette année 2022 extraordinaire pour toi et l’année 2023 débute sur les chapeaux de roue. Tu dois être sur un petit nuage…

Oui je suis assez fière de ce que j’ai réalisé ces derniers mois. Et cela me motive encore plus à continuer sur cette lancée. J’ai en effet eu la possibilité de réaliser des choses incroyables grâce à mes bons résultats… et cela m’ouvre à chaque fois, de nouvelles portes, des opportunités nouvelles…

Il y a quelques semaines, un autre magnifique souvenir à Miami à ajouter à une liste déjà longue. Une deuxième place à l’Orange Bowl qui se disputait sur le parcours The Biltmore. Très solide tout au long de ce championnat du monde junior, vous avez clôturé les quatre tours avec un score de +3 (avec des cartes de 73, 73, 68 et 73), à peine à 3 coups d’une autre prodige, la jeune Américaine Anna Davis (16 ans). Comment expliquer cette évolution du golf féminin avec des jeunes filles pubères qui ont fait des pas de géants dans leurs progressions?

On peut vraiment dire qu’il y a une maturité dans le chef des jeunes joueuses actuelles, il suffit de regarder les scores… Le niveau des filles augmente à une vitesse folle. Cette nouvelle génération prend de la place. On est prête, on en veut et on progresse à vitesse grand V. On veut en découdre, on veut devenir les meilleures et on fait tout pour le devenir. Prenons la distance en drive, c’est aussi une belle illustration. On se bat. Et puis, il y a la technologie. Les coaches travaillent aussi avec TrackMan. Dans le développement de la puissance, la vélosité, tous ces facteurs sont analysés, dégagent des connaissances affinées et ces résultats nous conduisent à être meilleures. On travaille surtout puissance et vitesse, quitte à laisser un peu de côté la précision. Les coaches maîtrisent cela. Et au-delà de ça, on est, nous les joueuses, de plus en plus intéressées par le matériel, on sait ce que l’on a dans notre sac.

Il y a une curiosité qui naît rapidement chez les jeunes joueuses pour maîtriser tout ce qui permet de progresser…

Oui c’est exactement cela. Il n’y a plus de place au hasard. Tous les détails comptent. On veut tout savoir pour devenir les meilleures et on donne tout ce que l’on a. Ce n’est plus uniquement un phénomène qui touche les garçons, nous aussi les filles, on veut tout maîtriser pour progresser !

Plus que quelques semaines et c’est l’Université de Georgia qui vous attend…

Ce sera un peu plus. Finalement, en accord avec mes coaches, la décision fut prise de rentrer à l’Université de Georgia où j’ai décroché une bourse, en janvier 2024 et non pas fin août. Cela me permettra de jouer énormément de compétitions. Notamment, participer à des compétitions avec une sélection européenne car j’adore cela et d’autres challenges professionnels qui me permettront de marquer des points. Il y a en effet les Jeux Olympiques de Paris qui pointent le bout du nez. Gagner des points me fera monter dans ce « ranking » où une soixantaine de joueuses seront sélectionnées. C’est ambitieux mais j’ai envie d’y croire. Je sais que je peux le faire.

Il y a aussi la Solheim Cup à la Finca Cortesin, je pense que vous nourrissez l’espoir d’y participer…

Évidemment, on ne peut mettre la charrue avant les bœufs. J’évalue mes chances d’y participer à 80%. J’ai fait de très bons résultats les derniers mois et cela devrait me porter vers une participation. Je suis très motivée et je travaille dur aussi. Les personnes en charge de la section m’apprécient aussi et reconnaissent ma progression et le travail fourni. Je vais tout faire pour y participer… Cela serait génial.

Et pour nous, l’occasion de venir t’encourager une nouvelle fois !

J’imagine qu’il y aura cette année beaucoup de supporters pour soutenir l’équipe européenne et qu’il y règnera une super ambiance. L’ambiance est vraiment incroyable. Moi, je vais tout donner. 

Quels sont les secteurs de ton jeu où vous avez encore une grande marge de progression ?

Je pense pouvoir progresser encore pas mal au niveau de la puissance en ce qui concerne le drive. Par rapport à certaines filles, je sais aussi que je suis un peu à la traîne au niveau physique. En même temps, je n’ai pas encore fini ma croissance non plus. Un peu plus de travail en salle pour la recherche des vitesses, de la puissance, les impulsions… Aussi le putting, je dois le pousser au max… Beaucoup de travail encore mais je suis motivée.

Parlez-moi de vos coaches Michel Vanmeerbeeck et Mathieu Lamote? 

Ils sont tous les deux excellents même si leurs visions sont totalement différentes. Ce qui les rend complémentaires. Avec Michel, je vais plutôt travailler les sensations, comment les muscles bougent, les contacts de balles, la puissance dans le sol, … des éléments très instinctifs. Avec Mathieu, on va plutôt travailler avec TrackMan, le plateau de forces, comment je peux aller gagner quelques degrés, c’est une approche plus analytique. J’aime beaucoup apprendre et cette approche m’aide à vérifier et voir tangiblement mes progressions malgré mon côté instinctif.

Quelle est votre recette pour avoir toujours la pêche et le sourire ? D’où vous vient cette positive attitude qui vous caractérise tant ?

En fait, j’aime le golf et je prends mon pied sur les parcours. C’est ce qui m’arrive de mieux, de jouer… Il fait beau, j’ai des personnes bienveillantes qui m’encouragent, je suis vraiment aux anges. De plus, j’ai tendance à être une personne positive. Je rate un coup, je me dis « c’est pas grave Savannah, tu vas faire un birdie au coup suivant et on va se rattraper ». J’aime pas regarder mon score non plus. Cela me met une pression inutile. J’ai tendance à me dire que chaque coup doit être joué comme si c’était le premier… que je sois à + 3 ou à -10… Une autre chose aussi est qu’entre chaque trou, j’essaie de penser à autre chose, à m’évader… Je suis dans ma bulle, je raconte des blagues avec mon père, je repasse en tête des histoires,… Je peux par exemple penser à des lectures faites sur des sujets qui n’ont rien à voir comme sur la radioactivité alfa, beta, … (rires)

Et quel est le programme après cette compétition de Sotogrande ?

Je décolle samedi prochain avec mon père pour les États-Unis. Là m’attendent deux compétions où j’ai reçu deux grosses invitations. Tout d’abord Sage Valley, mi-mars, pour le 12ème Junior Invitational en Caroline du Sud*. Ensuite, après une semaine de break et de préparation, un autre concours m’attend, c’est l’Augusta National Women’s Amateur **(qui en est à sa quatrième édition) et qui se déroule en Georgie du 29 au 1er avril. Ce seront deux compétitions prestigieuses qui se dérouleront juste avant les Masters.

*les trente meilleures joueuses « junior » s’y affrontent du 16 au 18 mars. Savannah nous explique que ce parcours est juste extraordinaire. Un 18 trous dessiné par l’architecte de parcours Tom Fazio et créé par un milliardaire, Weldon Eugene Wyatt, en 2001. Une succession de trous plus extraordinaires les uns des autres, modelés sur des trous mythiques inspirés des plus fabuleux d’autres parcours.  

**c’est la plus grosse compétition amateur avec les 70 meilleures joueuses (dont la moitié des joueuses sont non Américaines).