Brigitte Bardot s’en est allée… L’icône du cinéma français laisse derrière elle l’image d’une femme passionnée et engagée, au-delà de nombreuses controverses en lien avec ses positions politiques. Esprit Sud vous invite à embarquer dans la machine à remonter le temps pour découvrir le parcours de cette artiste sur les terres andalouses fin des années 50 et dans les années 60.
C’est lors de l’été 1957 que la Bardot arrive sur la Costa del Sol pour incarner Ursula, jeune femme sortie du couvent, dans le film « Les bijoutiers du clair de lune ». Torremolinos n’est encore qu’un village de marins posé entre le bruit des vagues et celui des filets qui sèchent. Lors du tournage, la présence de la jeune actrice provoque curiosité et étonnement. L’Espagne franquiste observe avec distance cette figure nouvelle, symbole d’une féminité libre et d’une modernité qui détonne. On se presse dans les ruelles et on se rassemble sur les trottoirs pour apercevoir l’étoile montante du cinéma. Une atmosphère unique se crée dès son arrivée sur le sol andalous. De nombreuses photographies ont été d’ailleurs retrouvées assez récemment démontrant avec tendresse le passage de l’icône. Brigitte Bardot sur la plage de La Carihuela, Brigitte Bardot dans l’eau du club El Remo, Brigitte Bardot avec un sombrero cordobés, les images sont magnifiques (elles ont d’ailleurs fait l’objet d’une belle exposition à Malaga à la Termica, il y a quelques années). Plus de quatre cents photographies ont immortalisé cette rencontre entre un pays encore figé et sous le franquisme et une actrice qui n’a pas encore vingt-trois ans et qui n’avait déjà pas froid aux yeux.
L’histoire d’amour entre l’actrice et les terres du sud ne s’arrête pas là car l’année suivante, Séville l’accueille pour « La Femme et le Pantin ». On la voit se promener dans les magnifiques patios, Brigitte par aussi à la découverte des guitaristes, elle se laisse conquérir par les rythmes du flamenco. La Française fascine par sa présence, son naturel, sa manière d’être devant l’objectif et la lumière andalouse participe à cette magie. Son passage en Andalousie, ne laisse pas derrière lui pas de polémique mais laisse des souvenirs, des clichés, une atmosphère particulière. Il s’agit d’une époque où Bardot représente davantage un souffle artistique qu’une prise de position. On retient de ces tournages l’image d’une actrice qui vit le cinéma intensément, qui se fond dans le décor andalou sans forcer les traits.
En 1968, c’est la province de Almería qui accueille la star. Brigitte vient filmer « Shalako ». Le désert de Tabernas devient scène de western, les dunes se couvrent de caméras et la côte andalouse se transforme en Hollywood européen. Sean Connery partage l’affiche avec la légende française. Les techniciens défilent et les soirées se racontent encore entre souvenirs et légendes. A cette époque, Almería vit une grande effervescence et la plus grande période cinématographique de son histoire. Une photographie marquante traverse les décennies, il s’agit de la Bardot à cheval sur la plage, cheveux libres dans le vent. Cette image, le public l’associera à jamais au glamour de ces années 60.
Aujourd’hui, sur la Costa del Sol, des traces visibles du passage de l’icône subsistent. Il se raconte que les burro-taxis de Mijas ont connu une notoriété grandissante après la diffusion de photographies de Brigitte à dos d’âne. Marbella, encore timide dans le paysage international, devient l’une des destinations favorites de l’aristocratie et des artistes notamment grâce à l’artiste française. Au Marbella Club, fréquenté également par Grace Kelly, Ava Gardner ou Audrey Hepburn, Bardot figure parmi ces visages qui contribueront en effet à installer la région dans la carte du tourisme haut de gamme.
En 2019, Torremolinos, qui n’a pas oublié cet été 1957 où la star a déferlé dans ses rues et ses ruelles, lui dédie un mural monumental sur la façade de l’hôtel Adriano. Une œuvre devenue point photographique prisé des visiteurs. En 2024, la star apparaît en costume flamenco sur l’affiche des fêtes de San Miguel de la station balnéaire. Torremolinos a, dès l’annonce du décès de la star internationale, diffusé un communiqué en lien avec cet hommage à la Parisienne qui a contribué à la notoriété de la ville où se raconte encore cette période où une jeune actrice française a croisé le destin d’un littoral andalou en pleine transformation.
Brigitte Bardot fut avant tout une figure de cinéma et de culture populaire. L’actrice dont les films ont accompagné l’évolution du regard porté sur la femme dans la société de l’époque est aussi une personnalité qui, en Andalousie, restera liée aux tournages, aux étés de lumière, aux chevaux sur le sable, aux rires sur la plage de La Carihuela et aux danses de flamenco. Son engagement et ses opinions, qui ont plus tard suscité débats et prises de position diverses, appartiennent à un autre chapitre de sa vie. Celui qui demeure ici est celui du cinéma, de la photographie et de l’impact culturel.