Les mystérieux dragons bleus s’invitent sur les plages espagnoles

Rédigé le 21/08/2025
Maud Maluenda


Cet été, les baigneurs ont eu une surprise pour le moins inattendue : l’apparition du dragon bleu, un petit animal marin aussi fascinant que redouté, qui a obligé plusieurs communes côtières à hisser le drapeau rouge. De l’Atlantique aux rives méditerranéennes, ces créatures aux allures de joyau se sont invitées dans le quotidien estival, attirant autant l’admiration que la prudence.

Le dragon bleu (Glaucus atlanticus) est un nudibranche, autrement dit un petit mollusque marin, qui flotte à la surface de l’eau en se laissant porter par les courants. Sa taille ne dépasse pas 4 centimètres, mais son apparence est spectaculaire : un corps argenté, des reflets d’un bleu électrique et des « ailes » qui rappellent celles d’une créature mythologique. On le surnomme d’ailleurs volontiers le « papillon des mers ».

Aussi beau qu’il soit, ce visiteur n’est pas inoffensif. Le dragon bleu se nourrit notamment de méduses venimeuses, comme la redoutable physalie, et stocke dans ses tissus leurs toxines pour se protéger. Résultat : un simple contact avec la peau peut provoquer brûlures, démangeaisons, voire réactions allergiques plus sérieuses. Les autorités locales rappellent donc qu’il ne faut en aucun cas le toucher, même avec des gants.

Ces dernières semaines, plusieurs plages espagnoles ont dû interdire temporairement la baignade. À Lanzarote, à Valence, en Andalousie ou encore dans la province d’Alicante, la présence de plusieurs spécimens a mobilisé sauveteurs et municipalités. Les fermetures n’ont duré que quelques heures ou quelques jours, le temps d’écarter le risque, mais elles ont suffi à alimenter les conversations estivales.

La question intrigue les scientifiques. Si le dragon bleu a déjà été observé dans les eaux espagnoles par le passé, sa présence restait extrêmement rare : le dernier signalement documenté aux Baléares remontait au… XVIIIe siècle ! Selon les océanographes, le réchauffement des eaux, conjugué à des modifications de courants marins, expliquerait cette recrudescence. Comme beaucoup d’autres espèces marines, le dragon bleu profite des déséquilibres liés au changement climatique pour s’aventurer dans de nouveaux territoires.

Faut-il s’inquiéter ? Pas forcément, répondent les spécialistes. Le dragon bleu n’est pas une espèce invasive et son apparition reste ponctuelle. Mais il agit comme un signal d’alerte, révélant combien les mers et océans méditerranéens sont en train d’évoluer. Sa présence inattendue nous rappelle que le littoral est un milieu fragile, où l’équilibre dépend de multiples facteurs environnementaux.

Les dragons bleus ne sont pas des ennemis, mais des merveilles de la biodiversité marine. Leur beauté invite à la contemplation, à condition de respecter une règle simple : les observer à distance. Si vous en croisez un, signalez-le aux sauveteurs, mais laissez-le voguer librement entre deux vagues.