S'expatrier seul, bien que cela soit une belle aventure, peut parfois rimer avec solitude… Nos repères changent, la langue peut devenir une barrière et les liens sociaux prennent parfois du temps à se tisser. Alors, pourquoi ne pas envisager une présence fidèle, et ô combien réconfortante ? Il est scientifiquement prouvé que l’adoption d’un compagnon à quatre pattes apporte un soutien émotionnel, sans réelle demande en retour. Mais attention tout de même avant d’en adopter un, cela nécessite une réflexion profonde, notamment sur la compatibilité entre votre mode de vie et les besoins de l’animal. Esprit Sud Magazine met à l’honneur les animaux de compagnie pour ce dossier administratif afin de tout comprendre des démarches d’adoption, des obligations légales et des multiples possibilités offertes à ceux qui souhaitent vivre leur quotidien en compagnie d’un animal.
Espagnols et animaux, une histoire d’amour ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, en 2024 plus de 43 % des foyers espagnols partagent leur quotidien avec un animal de compagnie. Chiens et chats y sont largement majoritaires, à tel point qu’en 2023, leur nombre dépassait celui des enfants entre 0 et 4 ans en Espagne. Ces chiffres traduisent une tendance révélatrice d’une véritable transformation sociétale. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, élever un enfant représente un investissement économique considérable, bien plus important que celui d’un animal. Ensuite, les modes de vie évoluent. La parentalité se retarde de plus en plus chez les nouvelles générations, les structures familiales se diversifient et les jeunes adultes privilégient désormais leur développement personnel, leur stabilité financière et leur carrière avant de fonder une famille. Longtemps perçus comme des animaux « utiles et fonctionnels » dans la péninsule ibérique, le chien n’est plus celui qui s’occupe uniquement de garder la maison ou de chasser et le chat celui qui permet de chasser les rongeurs. De nos jours, ces petites bêtes sont considérées comme de véritables membres de la famille. Nous leur parlons, ils dorment sur le canapé ou parfois même dans notre lit, ils partent en vacances, ils se font transporter en poussette (scènes que l’on peut observer régulièrement dans les rues andalouses) et reçoivent souvent autant d’attention que des enfants. Dans certains villages, on trouve même des cochons domestiques, choyés comme n’importe quel autre compagnon.
Adopter en Andalousie, ce qu’il faut savoir !
Depuis le 29 septembre 2024, l’Espagne a franchi une étape importante en matière de bien-être animal. La Loi sur la Protection Animale interdit désormais la vente de chiens, de chats et de furets en animalerie. Cette décision vise à encourager l’adoption responsable, notamment via les centres de protection animale publics et les associations agréées par l’état. À Malaga, comme dans d’autres villes andalouses, adopter un animal implique de respecter certaines conditions.
- Il faut être majeur et présenter son DNI ou sa carte de résident.
- Il convient de fournir un certificat de noncondamnation pour maltraitance animale.
- Il vous faudra répondre à un questionnaire détaillant les raisons de votre adoption ainsi que votre situation (combien de personnes vivent avec vous, vos conditions de vie, …).
C’est au Centro Zoosanitario Municipal que les animaux disponibles à l’adoption sont recensés. Une fois l’animal choisi, celui-ci est examiné, identifié et vacciné par un vétérinaire. Un contrat obligatoire y est signé, officialisant l’adoption. Prévoyez des frais modérés, généralement entre 80 et 180 euros pour la procédure. Notez que les coûts peuvent différer en fonction de certains facteurs. Les animaux âgés ou malades peuvent parfois être adoptés gratuitement et à l’inverse, vous devrez dépenser plus pour les races les plus rares. Il convient de rappeler le plus important, une adoption est un engagement à vie et ce, dans la santé comme dans la maladie ! La liste des animaux disponibles à Malaga peut être consultée sur le site web de l’Ayuntamiento.
Vous pouvez vous y plonger pour vous faire une petite idée des animaux qui vous y attendent avant d’entamer les premières démarches administratives. Avec la nouvelle législation, chaque animal adopté doit être inscrit dans le Système Central de Protection Animale, un registre officiel géré par la Junta d’Andalousie. Une fois votre compagnon adopté, cela ne s’arrête pas là ! En effet, le nouveau propriétaire est soumis à une période d’essai, avec des contrôles réguliers pour garantir le bien-être de l’animal. Pour certains, ce processus d’adoption peut être perçu comme contraignant, mais n’oublions pas que si la législation est aussi stricte, c’est avant tout pour assurer le bienêtre des animaux, qui autrefois ne passait qu’au second plan.
Zoom sur les chiens qualifiés de dangereux
Certaines races de chiens dites potentiellement dangereuses, appelées PPP, sont soumises à des conditions particulières. En Andalousie, cela concerne les chiens ayant des caractéristiques physiques, musculaires, mais aussi une force de morsure et un tempérament qui peuvent représenter un risque pour la sécurité s'ils ne sont pas correctement contrôlés et socialisés. Parmi ces espèces, on recense notamment le Pitbull Terrier, le Rottweiler, le Dogo Argentino, l’American Staffordshire Terrier, ou encore l’Akita Inu. Le futur propriétaire doit acquérir auparavant une licence PPP (Perros Potencialmente Peligrosos). De plus, différentes conditions doivent être remplies ! Voyez plutôt :
- Une évaluation des aptitudes physiqueset mentales du futur propriétaire.
- Une absence de condamnations pénales (violence, trafic, ...).
- L’obligation d’utiliser une muselière et une laisse courte en public.
Comme pour une adoption classique, les démarches se réalisent en présentiel, à la mairie, mais cette fois au Servicio de Vigilancia Sanitaria Ambiental. Cette législation ferme concernant les chiens potentiellement dangereux a pour but premier d’assurer la sécurité collective, mais aussi celle des propriétaires, en s’assurant qu’ils possèdent la santé (tant mentale que physique) nécessaire pour gérer un tel type d’animal. Notez qu’en cas de manquement, de lourdes sanctions peuvent être attribuées allant jusqu’au retrait de l’animal et des poursuites pénales si un accident s’est produit.
Un animal assuré vaut un maître rassuré !
Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la protection des droits et du bien-être des animaux en 2023, tous les propriétaires de chiens en Espagne sont dans l’obligation de souscrire une assurance de responsabilité civile. Peu importe la race, la taille ou le fait que votre chien appartienne à la catégorie des PPP, cette mesure vise à couvrir les dommages que votre animal pourrait causer à des tiers (blessures, dégâts matériels, …). En cas de non-respect de cette obligation légale visant les chiens, vous risquez une amende allant de 500 euros à plusieurs milliers d’euros ! Renseignez-vous également auprès de votre compagnie d’assurance en lien avec d’autres services offerts en lien avec votre animal. Par exemple, MAPFRE, en plus d’une couverture pour responsabilité civile, propose des formules incluant une défense juridique en cas de litige ou de poursuites. Concernant les autres animaux de compagnie (chats, oiseaux, rongeurs, …), il n’existe pas d’obligation similaire, mais vous pouvez bien entendu aussi les assurer, notamment pour les frais vétérinaires. MAPFRE dispose également de contrats vous garantissant une assistance vétérinaire en cas d’accidents et de maladies. Les examens, les analyses, les interventions chirurgicales ou l’hospitalisation sont alors couverts par cette protection (en collaboration avec de nombreux hôpitaux et cliniques vétérinaires). Enfin, n’hésitez pas à vérifier votre contrat habitation qui peut dans certains cas couvrir vos animaux de compagnie.
L’Andalousie, plus pet-friendly que jamais...
Il est vrai que l’Andalousie, et notamment la province de Málaga, regorge de lieux accueillants pour les animaux. Durant la saison estivale, même si de nombreuses plages interdisent l’accès aux chiens, quelques-unes sont officiellement aménagées pour nos amis à quatre pattes. La Playa del Castillo Sohail à Fuengirola, celle de El Pinillo à Marbella ou encore la Playa Canina de Torrox sont de beaux exemples et vous attendent avec vos compagnons poilus. Vous pourrez y profiter du soleil sans craindre d’amende. Restez attentif tout de même à la qualité de l’eau, souvent critiquée par les mairies, notamment à cause des excréments et de l’urine rejetés par les chiens. Que vous raffoliez de musées, d’espaces verts ou d’activités sportives, vous trouverez toujours un moyen de profiter avec votre compagnon à quatre pattes. Esprit Sud a repéré quelques moments forts consolidant vos liens avec votre compagnon !
- Le Musée de l’Automobile et de la Mode accueille les chiens tous les jours de la semaine.
- Le Jardin Botanique de La Concepción permet l’accès aux animaux tenus en laisse et pucés.
- Le Lauro Golf, quant à lui, est le premier parcours de golf dog-friendly de la Costa del Sol (les chiens sont les bienvenus, du restaurant jusqu’au green, tant qu’ils sont éduqués).
Côté hébergements, plusieurs établissements acceptent volontiers les animaux. L’hôtel NH de Malaga accueille les animaux de moins de 25 kg à bras ouverts. Des services spécifiques leur sont même proposés, un couchage dans la chambre, une gamelle et même des jouets. Bien entendu, cela a un prix, à savoir 25 euros par nuit, mais quand on aime, on ne compte pas… N’hésitez pas lors de vos recherches de logements, notamment sur Booking ou Airbnb à mettre des filtres pet-friendly, ce qui vous évitera quelques mauvaises surprises à votre arrivée. Pour planifier vos voyages, inspirez-vous du site pipperontour. com. Cette page web retrace le tour d’Espagne d’un petit chien nommé Pipper. Cette mine d’or d’informations vous propose de nombreuses adresses et des conseils utiles pour voyager avec un animal, allant des endroits où dormir et où manger, jusqu’aux activités « pet-friendly ».
Vous voyagez avec un animal, quel est le mode d’emploi ?
Se déplacer avec un animal en Espagne est généralement assez simple, à condition de bien s’informer. Pour les personnes qui souhaitent privilégier le train, les animaux de moins de 10 kg sont autorisés à bord des trains RENFE. Le prix du billet mascota dépendra alors du type de train et du tarif de votre propre billet. En revanche, n’oubliez pas qu’il doit voyager dans une caisse de transport adaptée. Si vous décidez de prendre Cercanías pour vous déplacer, les mêmes conditions s’appliquent, mais ils ne payent pas de ticket ! Si vous optez pour le bus, sachez que la compagnie Avanza permet de voyager avec son animal gratuitement, à condition qu’il soit dans une caisse de transport adaptée, en soute et que l’on prévienne à l’avance. En avion, les compagnies Iberia, Vueling ou encore Air Europa acceptent les animaux en cabine (jusqu’à 8 kg, le sac compris). Ce qui n’est pas le cas de leur concurrent low-cost Ryanair (à l’exception des chiens guides).
Le tour de l’Europe du côté de la législation
En France, tout d’abord, l’adoption se fait majoritairement en passant par des associations ou refuges tels que la S.P.A., mais aussi beaucoup par des particuliers. Effectivement, il est facile de tomber sur des annonces Leboncoin de propriétaires cherchant à se séparer de leur animal. Les démarches administratives sont simplifiées en comparaison avec l’Espagne. Pour adopter à la S.P.A., il suffit de se créer un dossier en ligne, nul besoin de se rendre à la mairie comme ici. Les deux pays se rejoignent par contre sur l’interdiction de la vente des chiens et des chats en animalerie (depuis le premier janvier 2024 en France).
Du côté de la Belgique, les démarches administratives sont assez similaires à celles de l’Espagne. Depuis 2022, les futurs propriétaires doivent être en possession d’un permis de détention. Ce document atteste que le demandeur n’a jamais été condamné pour maltraitance envers les animaux, ce qui renforce sensiblement leur sécurité. La Belgique est aussi un pays précurseur en matière de protection des animaux, car il fut l’un des premiers à interdire la vente de chiens et de chats en animalerie (en 2009).
Quant à la Suisse, elle est victime comme bien d’autres pays européens du trafic d’animaux, surtout en ce qui concerne les chiens. En effet, beaucoup achètent des chiens par le biais de petites annonces en ligne. Et dans la plupart des cas, ces animaux sont issus de productions canines étrangères (par exemple dans les pays de l’est), ne respectant pas les règles suisses de la protection animale. C’est pourquoi, le pays s’est largement investi cette année dans la promotion de l’adoption, afin de sensibiliser les futurs propriétaires. Ne l’oublions pas, un chien n’est pas une marchandise, mais un être vivant !
Et si votre nouvelle vie au soleil commençait par la rencontre d’un fidèle compagnon ?
Adopter un animal en Andalousie se révèle être bien plus qu’un simple acte d’amour : c’est aussi s’immerger dans une culture profondément attachée à ses animaux, où les infrastructures, les lois et les mentalités s’alignent pour offrir aux mascotas et à leurs propriétaires une vie riche en moments de bonheur. Nous ne pouvons pas clôturer cet article sans rappeler l’importance de bien réfléchir avant de sauter le pas, pour ne pas, par la suite, regretter votre décision, ce qui pourrait conduire à l’abandon de l’animal.