Se célèbre ce 12 octobre la fête nationale de notre beau pays, l’Espagne. Aussi appelé le jour del Pilar, en référence avec la Vierge del Pilar, on commémore également la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
Comme l'homme, la dépouille du navigateur a parcouru le monde et en a fait pratiquement le tour. Bien entendu, on connaît le célèbre marin, le grand navigateur qui a donc découvert ce nouveau continent le 12 octobre 1492. Mais si sa vie fut passionnante et l’objet de nombreux récits, il peut être intéressant de s’intéresser à sa dépouille. Elle en a fait du voyage au cours de 4 siècles et du chemin aussi, par monts et par vaux. Suivez avec nous ce récit passionnant…
Les derniers jours du navigateur, riche et abandonné de tous.
C’est à Valladolid que décède le célèbre navigateur le 20 mai 1506. Il est âgé de 55 ans. Pratiquement aveugle et entouré de ses nombreuses richesses, il fermera définitivement les yeux sans connaître véritablement la portée de ses découvertes. Il restera convaincu d’avoir atteint l’Asie.
Deux années plus tôt, s’est terminé son quatrième et dernier grand voyage. La reine Isabelle la Catholique, puissant soutien du marin vient de décéder et cette disparition l’affecte profondément. Les relations entre le Roi Ferdinand et le navigateur n’ont jamais été bonnes. Il se retire à Séville et vit seul, abandonné de tous. Il se voit retirer une partie de ses privilèges mais reste en possession d’une importante fortune. D’ailleurs pendant près de deux générations, les héritiers de Colomb vivront dans l’opulence. L’année qui précède son décès, il décide de se rendre à Ségovie qu’il rejoint à dos d’âne. La raison de ce voyage est que le Roi lui accorde enfin une audience pour une question de titres promis et jamais obtenus mais ses revendications ne porteront pas leurs fruits.
Quelques jours avant son décès, il est transporté à Valladolid, souffrant d’arthrite et de crises de goutte. En présence de ses deux fils, il s’éteint en ayant pour ultimes paroles “In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum” (En tes mains Seigneur, je remets mon esprit).
Son corps sera inhumé par les Franciscains dans un couvent de Valladolid. Le Roi n’enverra aucune délégation pour rendre un ultime hommage au navigateur.
Une première tombe mise à jour récemment
Pendant près de trois années, la dépouille de Christophe Colomb reposera à Valladolid mais l’endroit exact était ignoré jusqu’il y a peu. En effet, ce n’est que depuis cette année 2022 que les informations récoltées semblent converger vers un seul et même lieu. Des archéologues ont localisé, avec précision, la première tombe de Christophe Colomb. Cette sépulture où le corps du navigateur a reposé plus de trois années avant de rejoindre Séville fut retrouvée dans une petite chapelle après une enquête archéologique véritablement historique.
Selon les plans générés par une photographie aérienne comparés à un plan datant du 19ème siècle, on peut situer cette petite chapelle dans la rue actuelle de la Constitution. Des recherches scientifiques sont menées par le département de Médecine Légale de l’Université de Grenade. Depuis 2005, une équipe retrace le parcours de la dépouille du navigateur. Ils disposent du profile ADN du marin établi au départ des ossements présents dans la sépulture de la Cathédrale de Séville. Grâce aux multiples fouilles et au recours d’un géo-radar, les chercheurs ont récréé en 3D la localisation exacte de ce petit temple, un endroit correspondant de nos jours à une zone commerciale près de la "Plaza Mayor".
Un retour sur les terres andalouses, un voyage vers Saint-Domingue puis à Cuba.
De Valladolid, les ossements ont été déplacés en 1509 et ont rejoint le Monastère de la Cartuja à Séville. Ce bâtiment construit sous l’Ordre des Chartreux au XVème siècle, avait d’ailleurs accueilli de son vivant le navigateur. Il y séjourna et y a préparé son deuxième voyage. Le monastère abandonné par la suite fut réhabilité en fabrique de faïence et de porcelaine dès 1839. A la fin des années 80, se prépare l’Exposition Universelle de Séville et les impressionnantes installations où jaillissent du sol d’immenses cheminées, deviennent un centre culturel qui abritera en 1997 le Centre Andalou d’Art Contemporain.
Revenons à notre navigateur. Plus tard, sa belle-fille fait déplacer les restes du navigateur et de ceux de son mari décédé dans la Cathédrale Primada de America à Saint-Domingue. Certains historiens parlent de l’année 1537, d’autres de 1544. C’est là, que le navigateur et ses marins avaient posé les pieds en 1492, ils avaient découvert les Amériques. Selon les écrits, Christophe Colomb voulait absolument être enterré sur ces terres du Nouveau-Monde. Il y reposa jusqu’à ce que l’Espagne décide de céder Hispaniola (cette région d’Amérique Centrale englobant la République Dominicaine et Haïti) à la France en 1795. Il est alors hors de question pour les Espagnols de laisser la dépouille du célèbre navigateur sur les terres nouvellement françaises. En 1877, des excavations dans la Cathédrale de Saint-Domingue mettent à jour l’existence d’une boîte métallique contenant des os sur laquelle est inscrit « Don Cristobal Colon, homme illustre et distingué ». Les ossements ont-ils ou non rejoint La Havane, toujours en possession des Espagnols.
Les Dominicains restent donc persuadés que les Espagnols auraient emmené « les mauvais ossements ». Près d’un siècle plus tard, sonne l’indépendance de Cuba lors de la guerre hispano-américaine en 1898.
C’est à l’aube du XXème siècle que la dépouille retourne donc à Séville et trouvera sa dernière destination, la Cathédrale de Séville.
Un impressionnant mausolée dressé à la gloire du voyageur
C’est en effet dans la capitale de la Communauté Autonome d’Andalousie, au sein de la Cathédrale Notre-Dame du Siège, que se trouve le tombeau du célèbre navigateur. En 1902, un impressionnant monument à la gloire de celui qui découvrit les Amériques fut érigé. Quatre hommes ou plutôt un quatuor de chevaliers portent sur leurs épaules le cercueil. Des bronzes polychromes géants au visage en albâtre symbolisent les quatre royaumes : Leon (il porte une lance plantée dans le fruit, la grenade, symbolisant la victoire de Dieu sur Allah), la Castille (une rame pour symboliser ses voyages), Navarre (des fleurs de lys et des chaînes) et Aragon (des chauves-souris rappelant la célèbre victoire de Jacques 1er le Conquérant près de Valence, des chauves-souris se seraient introduites dans sa tante et l’aurait réveillé ce qui aurait évité aux Catholiques une débâcle).
Toujours des zones d’ombre
La dépouille du navigateur ayant subi de nombreuses tribulations au travers des siècles, beaucoup d’incertitudes semblent persister sur les ossements présents dans la Cathédrale de Séville.
Depuis des décennies, la ville andalouse et celle de Saint Domingue revendiquent le site de sépulture de Christophe Colomb. Les restes du voyageur ont été déplacés au moins quatre fois en 4 siècles et sur de grandes distances. La République Dominicaine affirme que ses restes ou qu'une partie du squelette se trouve toujours sur son sol, au Phare de Colomb, une hypothèse toujours plausible. Les études de l’Université de Grenade concluent qu’il est certain que les os présents dans la tombe à Séville sont bien ceux de l’illustre navigateur, cela n’empêcherait pas que ceux de l’autre côté de l’Atlantique soient également les siens. Des nombreux déplacements, plusieurs manipulations expliqueraient la dispersion des ossements.
Depuis de nombreuses années, Martial Castro tente sans succès de séduire les autorités de la ville de Saint Domingue d’ouvrir le monument et de procéder aux mêmes analyses que celles effectuées à Grenade.