Les caméléons sur la Costa del Sol

Rédigé le 15/07/2022
Frederic André

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Aujourd’hui, Esprit Sud Magazine vous invite à faire la connaissance du caméléon. Il figure sur la liste andalouse des espèces protégées et fait l’objet d’une attention particulière dans le sud de l’Espagne. De Sotogrande aux jolies plages de Maro, à proximité du littoral, il vous sera possible de l’observer même si il vous faudra compter sur un important facteur chance. Dans les sierras autour de la capitale de la Costa del Sol et dans la superbe région de l’Axarquia, cet animal paraît le plus présent. Il y a encore quelques décennies, ils étaient extrêmement nombreux mais la modification de leur environnement par des constructions massives sur la Costa a conduit à la réduction du nombre d’espèces.

Ce reptile pouvant atteindre les trente centimètres peut en effet vous croiser lors de vos promenades. C’est toujours une rencontre exceptionnelle qui ravit petits et grands. Il affectionne particulièrement les champs d’amandiers et d’oliviers. Il aime se réfugier dans les maquis et les genêts. Les environnements très secs et chauds ont sa préférence. Vous aurez peu de chance de rencontrer ce personnage haut en couleurs dans les zones montagneuses andalouses car il s’éloigne rarement des zones côtières. Cet animal plutôt solitaire en dehors des périodes d’accouplement, entre juillet et septembre, passe une grande partie de l’année (l’hiver) à hiberner. Il se réfugie alors dans des creux d’arbre ou dans des trous. Il déteste partager son territoire sauf pendant les périodes de reproduction. Il peut grogner et même mordre et certains combats entre caméléons peuvent se terminer par la mort. Quand vient l’automne, les femelles préparent leur nid et creusent de véritables galeries dans le sol. Là, elles pondront une trentaine d’œufs qui n’écloront que l’été suivant. Les nouveau-nés disposent d’un instinct tel qu’ils rechercheront l’arbre le plus proche pour y grimper et y trouver refuge. Les Andalous sont particulièrement attentifs au bien-être de cette espèce si symbolique ici. Vous croiserez certainement sur les routes des panneaux indiquant aux automobilistes d’être prudents en traversant certaines zones boisées afin de ne pas écraser ces animaux protégés.

Bien entendu, tout le monde connaît sa particularité qui le rend unique. Grâce à un système complexe au niveau des structures cellulaires de la peau, il peut se fondre dans le décor qui l’entoure et passer pratiquement inaperçu. C’est en fait un réarrangement extrêmement complexe de nano cristaux de l’une des couches extérieures de la peau qui provoque cette variation. Ce sont des cellules particulières et uniques que l’on appelle iridophores, disposant d’un pigment réfléchissant la lumière. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas un art du camouflage mais plutôt un marqueur d’émotions. Cet art de changer de couleur est lié à son état général physiologique et ses humeurs. Il peut donc prendre une autre teinte pour exprimer qu’il est malade, fatigué ou qu’il est en phase de reproduction et cela grâce à un changement du maillage des cristaux. Partir à la « chasse aux belles photos » de ce spécimen animalier si particulier demande dès lors de s’armer de patience et d’ouvrir l’œil. Comme l’a écrit si bien Eric Van Lustbader, « dans la jungle, seul un caméléon peut repérer un autre caméléon ». Restons d’ailleurs dans ce chapitre « optique » et évoquons les yeux si particuliers de ce petit animal au sang froid. Ils sont exorbités et recouverts d’une paupière cônique. Il est drôle de l’observer tant les globes oculaires roulent dans toutes les directions et ce, indépendamment l’un de l’autre. C’est également un impressionnant chasseur. Il maîtrise à la perfection une langue qu’il déroule à grande vitesse pour capturer les insectes qui passent près de lui. Vu son déplacement lent et si particulier (on pourrait presqu’imaginer qu’il est pris d’ébriété, voire la vidéo annexée), il lui est difficile de prendre ses proies en filature. Sa langue élargie en son extrémité est enduite d’une substance collante qui ne laisse aucune chance aux insectes. Celle-ci peut mesurer deux fois la taille de l’animal et elle est repliée tel un accordéon autour d’un os. Il complète par des fruits son régime alimentaire composé essentiellement d’insectes. S’il est peu rapide, c’est par contre un excellent grimpeur, très agile dans les arbres. Il dispose de griffes qui s’accrochent telles de véritables pinces. Il s’aide également de sa queue comme d’une cinquième patte, ce qui lui confère une mobilité exceptionnelle dans les branches.

Alors partez à la découverte de ces animaux exceptionnels lors de vos belles promenades sur le littoral de la Costa del Sol.