Tunas, cofradías, peñas, hermandades, chirigotas…
Mais que sont donc toutes ses associations qui fédèrent les andalous ?
En Andalousie, la vie sociale est très importante et les regroupements ou associations de tous types sont très courants, tant dans les villages que dans les grandes villes.
Les andalous aiment se rassembler et surtout avoir une activité commune pour laquelle ils se réunissent tout au long de l’année. Certaines de ces activités sont liées à la danse (flamenco, sevillana par exemple) à la musique, ou à des thèmes aussi différents que la religion ou le carnaval, par exemple.
On trouve donc, un peu partout, des « Tunas », des « cofradías », des « hermandades » et spécifiquement du côté de Cadix les « chirigotas ».
Toutes ces associations ou regroupements ne sont pas courants dans les pays du Nord de l’Europe, sauf peut-être les « Doudous du carnaval de Mons » en Belgique, qu’on pourrait comparer aux « chirigotas ».
Voyons un peu ce que sont ces étranges coutumes andalouses.
Les « TUNAS »
Une TUNA est, traditionnellement, un petit groupe d’étudiants habillés de costumes anciens, représentant leur université, qui se réunit pour jouer de la musique en ville, dans les restaurants, bars, établissements en terrasses, en passant de l’un à l’autre et en se faisant payer à la volonté par la présentation d’une petite assiette dans laquelle les consommateurs versent leur obole.
Les TUNOS, personnes qui constituent le groupe, ne sont pas forcément encore étudiants. Nombre de TUNAS continuent à se réunir une fois les études terminées et continuent à jouer, à se rencontrer et même à participer à des concours de TUNAS.
Lorsqu’ils prennent de l’âge, on les appelle les cuarentunos ou les cincuentunos, suivant leur caractéristique.
Ces grands enfants continuent à s’habiller en tenues traditionnelles distinctives et s’amusent à ces réunions très suivies d’un public fervent et habituel.
On les trouve très souvent lors des cérémonies religieuses de la Semana Santa, lors des processions, des manifestations officielles ou même dans les mariages, car ils sont des spécialistes des chansons classiques espagnoles et le nombre d’instruments représenté est souvent digne d’un bel orquestre symphonique.
Il existe des tunas masculines et féminines mais très rarement mixtes.
LES « COFRADIAS »
On pourrait traduire le mot COFRADIA par confrérie ou fraternité. Il s’agit d’une association de fidèles catholiques, publics ou privés, comme prévu par les canons du titre V du Code de droit canonique.
Les COFRADIAS rassemblent les croyants autour d'une invocation du Christ, de la Vierge ou d'un saint, d'un moment de la Passion ou d'une relique, à des fins pieuses, religieuses ou de bien-être.
Les membres des COFRADÍAS sont, contrairement aux membres des HERMANDADES, issus de la même profession.
On trouvera donc ainsi, la cofradia des pêcheurs, celle des charpentiers ou des cuisiniers, entre autres.
Il en existe de nombreux types et on peut donc les classer en confréries sacramentelles, christologiques, mariales, santales, animas, mixtes et passionnantes, etc.
- Leur caractère principal est déterminé par la loi et on en distingue de trois types :
- les Cofradias Penitentielles : leurs membres sont ceux qui font station de pénitence publique durant les processions et les messes de la Semaine Sainte.
- Les Cofradias Sacramentelles, dont l’objectif de base est la dévotion et l’adoration du Saint Sacrement.
- Les Codradias de pénitence, qui sortent uniquement durant la "Semana Santa".
LES « HERMANDADES »
La HERMANDAD, quant à elle, est une réunion de fidèles de différentes origines, statut social et profession, créée pour exercer une certaine oeuvre de Piété ou de Charité.
Les hermandades et las cofradias sont très organisées et relèvent d’une hiérarchie établie. Leur dirigeant est appelé « Hermano Mayor· (frère aîné) Elles sont dotées d’un chef de protocole et de toute une structure attribuant des rôles aux différents « frères » chacun ayant en charge une part des travaux de son groupe.
Cette hiérarchisation des rôles est particulièrement importante lors de l’organisation des processions religieuses qui se déroulent tout au long de l’année dans la ville de leur siège, notamment pour Semana Santa, sacro-sainte semaine de mise en lumière du travail occulte des cofradias et hermandades.
Un organe de centralisation et de réglementation des passages et des décisions d’ordre général de l’organisation de ces groupements est appelé « Agrupación de cofradias » ou de hermandades.
Elles sont chargées d'organiser les processions et de veiller à la bonne image que donnent les cofradias afin de projeter un maximum de somptuosité à travers les énormes trônes transportés à dos d’homme, lesdits trônes pouvant peser plusieurs tonnes puisque construits en argent massif, pierreries, or et autres matières nobles.
Les cofradias et las hermandades existent depuis le quatorzième siècle
LES « CHIRIGOTAS »
Quand on veut comprendre une chirigota, il est indispensable de parler parfaitement la langue espagnole, de préférence avec la part de dialecte andalou qui s’y greffe, et de connaître l’actualité politique nationale ou régionale.
Les chirigotas sont des groupes de carnavaliers de la région de Cadix.
Les chirigotas sont des coplilles monastiques et récitatives et ont des formes musicales très simples à partir du pasodoble, de la rumba, de la sevillana, du tanguillo, de la seguidilla, de la jota, etc.
Les paroles sont couplées à ces musiques et elles traitent une grande variété de sujets d’actualité, de la politique à la presse people, le tout de manière totalement satyrique et c’est bien ce qui en fait la drôlerie.
A Cadix, au théâtre le Falla, se déroulent chaque année des compétitions où les groupes concourent pour différents prix et en différentes catégories. Des juniors aux seniors, ils travaillent avec soin leur mise en scène, leurs costumes et la richesse en humour des textes chantés. L'objectif principal des chirigotas étant de faire rire aux éclats un public friand de cette distraction bon enfant et extrêmement travaillée.
Les andalous attendent impatiemment le déroulement du carnaval de Cadix, durant lequel des centaines de chirigotas chantent dans les rues comme dans les bars, les tavernes ou les programmes de la télévision locale pour le plus grand bonheur de ceux qui comprennent leurs chansons.
LES « PEÑAS »
Une peña désigne un groupe d’amis se constituant en société pour partager une ou plusieurs passions en commun, dans une ambiance informelle.
En Andalousie on trouve principalement des peñas taurinas (amateurs du monde de la tauromachie) et des peñas flamencas (où l’on danse et promotionne l’art du flamenco et de la sevillana).
Mais il y a tout type de peña car en réalité on peut y mettre ce que l’on veut, depuis la peña de football en passant par la peña des amateurs d’escargots ou des buveurs de bière. La liste serait longue. La peña est un peu comme chez nous « la bande de potes » !
Dans les ferias, les peñas ont leur propre « caseta » baraquement construit en bois de manière éphémère dans lequel il est de tradition de servir à boire, à manger, de chanter, de danser et de festoyer sous les rythmes régionaux. Les consommations sont vendues au bénéfice exclusif de la peña afin de subvenir à ses nécessités financières du reste de l’année.
Vous l’aurez compris, les associations de tous types sont légion en Espagne et reflètent parfaitement le caractère ouvert et enjoué des habitants.
Tous les prétextes sont bons pour se réunir, passer de bons moments tant à la messe qu’en dansant et chantant, qu’en mangeant ou en jouant au foot. Le prétexte est avant tout de se distraire en groupe et la finalité de passer de bons moments !
Article Original d’Evelyne Ramelet pour Esprit Sud Magazine