Rencontre avec l’étoile montante du golf Savannah De Bock

Rédigé le 25/10/2022
Frederic André

La jeune adolescente écaussinnoise a déjà l’étoffe des plus grands. Déterminée, elle se donne les moyens de viser les sommets. Tout s'est accéléré en ce mois de juillet 2022. A Paris, Savannah a décroché la coupe de l’European Ladies Amateur Championship. Elle y a signé une fantastique victoire au Golf Saint-Germain-en-Laye, ce qui lui a permis de recevoir une précieuse « wild card » pour le British Open féminin (carte joker qui lui permet d’intégrer le tournoi AIG Women’s Open, en tant que suppléante, invitée-surprise). A l’heure où nous bouclons cet article, c’est l’effervescence dans le camp de la jeune joueuse du Royal Waterloo. Elle filera dans quelques jours au Touquet, terrain idéal de préparation pour la prestigieuse compétition qui se déroulera du 4 au 7 août 2022 sur le parcours écossais de Muirfield. La jeune prodige progresse à vitesse grand v et est déjà lauréate de 6 titres de championne de Belgique ; il ne fait aucun doute que c’est un brillant avenir sur le circuit féminin mondial qui attend l’Ecaussinnoise.

Du haut de ses 16 ans, c’est une sportive passionnée; la tête pleine de belles ambitions et de rêves incroyables que nous avons rencontrée. Ce qui marque d’emblée lors de nos premiers échanges, est sa maturité. Elle est au centre d’un projet familial qui s’est construit au fur et à mesure des beaux résultats obtenus. Une gestion parfaite des compétitions, une concentration optimale sur les objectifs fixés, une détermination implacable et une passion énorme pour le jeu connectés à un réel plaisir, voici ce qui caractérise le mieux la jeune championne wallonne. Investie, Savannah De Bock titille (déjà) les professionnelles et compte bien, à l’avenir, faire parler d’elle.



Savannah, à quel âge as-tu commencé à jouer au golf et quand as-tu découvert que c'était bien plus qu'un simple passe-temps ?

Je devais avoir 3 ou 4 ans lorsque j’ai touché mes premiers clubs. Mes parents, joueurs de golf, m’ont initiée. J’ai suivi différents cours « juniors ». Je ne peux pas dire que cela fut un coup de foudre immédiat pour ce sport. Mon investissement dans le golf viendra plus tard, en 2015, au moment où je reçus ma licence. Là, le déclic, j’allais au golf, les après-midis après les cours, les week-ends aussi. J’ai pris beaucoup de plaisir, c’était vraiment chouette, cela m’a lancé et j’ai aussi rapidement progressé.


Comment le rôle des femmes dans le monde du golf évolue-t-il ces dernières années selon toi. Quelle est ta vision du haut de tes 16 ans ?

Le sport féminin évolue bien et vite, ce qui est une très belle chose. Petit à petit, dans les compétitions, les montants des récompenses s’approchent de ceux des hommes. Les femmes font autant d’efforts que les hommes tant au niveau amateur que professionnel. Il en est de même côté résultats. Prenons le dernier championnat que j’ai remporté à Paris, la victoire* était à -19, un score semblable à ce que peuvent réaliser les garçons… voire meilleur. Cela a beaucoup évolué.

*Savannah s’est en effet imposée au bout du suspense lors d’un play-off qui l’opposait à Charlotte Heath. Les deux joueuses avaient terminé les quatre tours à 19 sous le par, un résultat véritablement incroyable! La Belge de 16 ans s’est imposée après un barrage sur quatre trous supplémentaires contre l’Anglaise de 4 ans sa cadette. Les joueuses avaient terminé leurs quatre parcours avec un total de 269 coups, un score excellent.



Les mentalités évoluent et le golf se féminise, c’est incontestable…

Le golf n’est plus perçu comme un sport de vieux garçons riches et snobinards mais il attire toujours plus de jeunes filles provenant de tous les horizons. De plus en plus de moyens sont également mis en place pour celles-ci. On est toujours davantage de jeunes sportives motivées, ce qui crée aussi une émulation et conduit à plus de visibilité.


Comment se passe la vie depuis ta dernière victoire à Paris? Tu dois être toujours sur ton petit nuage ?

Je dois répondre à beaucoup de choses depuis cette victoire, je suis très sollicitée mais en toute franchise, je suis très fière et c’est vraiment une période géniale. J’ai fait une petite pause là et je vais recommencer à m’entraîner pour le British. C’est vraiment chouette ce que je vis en ce moment.



Tu te prépares activement pour cette grande compétition qui t’attend en Ecosse. Comment envisages-tu cette préparation ?

De la même manière que tu te prépares que pour les autres tournois ? C’est vrai que c’est un tournoi extrêmement prestigieux mais je ne vais pas modifier ma préparation pour autant. Ce qui va être différent dans celle-ci est le fait que le parcours est un « links »** et donc je me prépare à des coups plus spécifiques. Je vais rejoindre des parcours plus adaptés, situés dans le Pas-de-Calais (Le Touquet) pour me préparer activement. On a du coup, modifié nos plans pour cet été.

** Un parcours « links » est situé généralement en bordure de mer, près des dunes. Ces parcours ont la particularité dès lors d’être plus ensablés et plus exposés aux vents. Cela confère bien entendu des difficultés supplémentaires. On dit généralement que les links sont l’essence même du golf. Ce sont des parcours qui généralement fascinent, nichés entre dunes et mers.


Déjà sextuple championne de Belgique, quels sont tes meilleurs souvenirs en tant que joueuse de golf?

Je dirais trois super-souvenirs. Premièrement, les deux semaines où j’ai eu la Solheim Cup Junior et où j’ai suivi la Solheim Cup Adult. En septembre 2021, j’ai remporté cette victoire exceptionnelle. C’était la première fois qu’une Belge remportait cette compétition ; ce qui permettait à l’Europe de supplanter les Américains. Elle se déroulait aux Etats-Unis, sur leurs terres, à Toledo. C'étaient les deux plus belles semaines de ma vie, avec une ambiance invraisemblable. Nous avions en plus comme capitaine, Annika Sorenstam, ce qui n’est pas rien. C’est la plus grande joueuse de golf de tous les temps, elle a un palmarès à en faire pâlir Tiger Woods. Elle était incroyable, à l’écoute, de bon conseil aussi. Nous nous sommes vraiment liées d’amitié. Une expérience que je n’oublierai pas. Le deuxième excellent souvenir est sans conteste le Mithra Ladies Open de Naxhelet, c’était ma première compétition du L.E.T. en Belgique. C’était en avril dernier et j’ai eu la chance de jouer avec deux championnes, véritables légendes du golf, Manon De Roey et Laura Davis. Le public était déchaîné, il y régnait une ambiance de feu. Et puis, mon troisième meilleur souvenir, c’est cette coupe remportée à Paris.


Adolescente, quelle partie de ton quotidien occupe le golf?

Pour moi le golf, c’est bien plus qu’une passion. Cela va être mon futur métier. C’est toute ma vie. Je continue une scolarité normale aussi, donc je consacre beaucoup de mon temps à me remettre en ordre, à étudier, à préparer mes cours. Mais après les cours, dès que j’ai la possibilité, je fonce m’entraîner et je passe le plus de temps possible sur les greens. Le golf c’est ce qui est le plus important pour moi, vraiment. Vital…

Tu as de belles ambitions et un rêve qui va se réaliser prochainement, en septembre 2023. Un rêve aux couleurs américaines... Tu nous expliques?

Je vais intégrer l’Université de Georgia aux États- Unis. Ce sera pour moi l’occasion de suivre une scolarité adaptée avec beaucoup d’entraînements (plus spécifiques) ce qui me permettra de progresser encore plus. Je pourrai aussi participer à de nombreuses compétitions aussi sur le sol américain. Cela va être super…

Revenons en Europe, connais-tu les parcours de golf sur la Costa del Sol ou en Andalousie?

Oui, j’ai eu la chance de m’exercer sur différents parcours en Andalousie, notamment à Séville. Ils sont exceptionnels et vu le climat, ils permettent de s’entraîner même en hiver. J’ai aussi participé là- bas à la Copa de Andalucia.



Je vais te laisser le mot de la fin, Savannah. Quel message désires-tu laisser aux jeunes comme toi qui aimeraient se lancer dans cette passion golfique ?

Le plus important est de prendre du plaisir et de s’amuser. Peu importe si on l’envisage de manière amateur ou professionnelle, il faut garder en tête que ce n’est qu’un jeu. C’est un sport passionnant vraiment mais il faut pour progresser selon moi, garder cette notion de plaisir. Et pour avancer, pour améliorer son jeu, la pensée positive est probablement la clé et nous fait avancer dans ce sport. Penser aux bons coups réalisés, au superbe drive que j’ai fait au milieu du parcours, aux performances réalisées…



La pensée positive, voilà un concept à retenir. En tous les cas, on souhaite une belle réussite à Savannah. La voir évoluer sur les parcours, c’est observer une jeune femme, heureuse d’être là, toujours souriante du premier au dernier trou et en communion parfaite avec le public…tel un poisson dans l’eau ! Elle peut aussi compter sur le soutien inconditionnel de ses parents, physiothérapeute et professeur de sport. Son fier papa, Laurent, certainement la personne qui connait le mieux la jeune championne, nous a donné, des étoiles plein les yeux, trois qualités qu’il reconnait à sa fille : elle est passionnée, déterminée et porteuse d’une réelle joie de vivre. Une belle histoire de famille qui ne fait que débuter…